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Sujet guidé 3
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Le roi Créon a condamné Antigone à mort
parce qu'elle n'a pas respecté ses ordres. Son fils,
Hémon, est le fiancé d'Antigone.
ÉMON entre en criant. - Père !
Oublie-la, Hémon; oublie-la, mon petit.
HEMON. - Tu es fou, père. Lâche-moi.
CRÉON le tient plus fort. - J'ai tout es-
sayé pour la sauver, Hémon. J'ai tout es-
sayé, je te le jure. Elle ne t'aime pas. Elle
aurait pu vivre. Elle a préféré sa folie et la
mort.
HÉMON crie, tentant de s'arracher à son
étreinte. - Mais, père, tu vois bien qu'ils
l'emmènent ! Père, ne laisse pas ces hommes i
l'emmener !
CRÉON-Elle a parlé maintenant. Tout
15 Thèbes sait ce qu'elle a fait. Je suis obligé de la faire mourir.
HÉMON s'arrache de ses bras. - Lâche-moi
Un silence. Ils sont l'un en face de l'autre. Ils se regardent.
LE CHCEUR, s'approche. - Est-ce qu'on ne peut pas imaginer quelque
chose, dire qu'elle est folle, l'enfermer?
CRÉON. Ils diront que ce n'est pas vrai. Que je la sauve parce qu'elle
allait être la femme de mon fils. Je ne peux pas..
LE CHCEUR. Est-ce qu'on ne peut pas gagner du temps, la faire
fuir demain?
CRÉON.- La foule sait déjà, elle hurle autour du palais. Je ne peux
25 pas.
HEMON. Père, la foule n'est rien. Tu es le maître.
CRÉON. - Je suis le maître avant la loi. Plus après.
HÉMON. - Père, je suis ton fils, tu ne peux pas me la laisser prendre.
CRÉON. - Si, Hémon. Si, mon petit. Du courage. Antigone ne peut
30 plus vivre. Antigone nous a déjà quittés tous.
HEMON. Crois-tu que je pourrai vivre, moi, sans elle? Crois-tu que
je l'accepterai, votre vie ? Et tous les jours, depuis le matin jusqu'au soir,
sans elle. Et votre agitation, votre bavardage, votre vide, sans elle.
CREON. Il faudra bien que tu acceptes, Hémon. Chacun de nous a
35 un jour, plus ou moins triste, plus ou moins lointain, où il doit enfin ac-
d'être un homme. Pour toi, c'est aujourd'hui... Et te voilà devant
moi avec ces larmes au bord de tes yeux et ton cœur qui te fait mal-mon
petit garçon, pour la dernière fois... Quand tu te seras détourné, quand
cepter
tu auras franchi ce seuil tout à l'heure, ce sera fini.
Jean Anouilh, Antigone