Que veut dire "on" dans ces phrases :
- Derrière la porte, on entend des voix qui crient, des chiens qui aboient, le
bruit des gonds qu’on déverrouille. (l.2/3 )
- On nous pousse, on nous soulève de force, on nous fait signe de
descendre (l. 19/20)
Voila le texte :
Document A : Retour à Birkenau, Ginette Kolinka

16 avril 1944. Le train s’arrête enfin. J’ai l’impression d’avoir somnolé tout ce
temps. Derrière la porte, on entend des voix qui crient, des chiens qui aboient, le bruit
des gonds qu’on dévérouille : un air vif pénètre le wagon, comme c’est bon!
Après ces heures passées recroquevillés dans la pénombre et la puanteur.
Combien de jours, de nuits? On me dit trois jours et trois nuits. Il y a mon père, mon
petit frère, Gilbert et mon neveu. Je me vois refuser quelque chose à mon frère dans le
wagon. A manger peut-être? Peut-être nous ont-ils donné un peu de nourriture pour
les enfants à Drancy? (...)
La nuit tombe et je n’ai pas peur. Je pense que l’on va pouvoir travailler dans les
champs ou à l’usine. Mon petit neveu a 14 ans, mais il fait jeune homme, il est
costaud, débrouillard. Quant à mon père, il sait piquer à la machine, je le rassure : “on
te mettra à l’atelier!” Comment ai-je pu croire, jusqu’au bout, que j’allais travailler?
Comment ai-je pu me douter de rien? Dans l’obscurité, mes yeux s’habituent à voir : la
paille, au sol, un genre de seau, de tonneau dans un coin. S’asseoir est presque
impossible. Nous sommes si nombreux entassés là. Et une fois assis, comment placer
ses jambes? Et une fois ses jambes placées, comment se relever, faire ses besoins?
Je me le demande... Se lever sans marcher sur les autres est un drôle d’exercice : une
fois posée, je n’ai pas le souvenir d’avoir bougé.

Les phares nous aveuglent. Des soldats hurlent : Shnell ! On nous pousse, on
nous soulève de force, on nous fait signe de descendre. Des femmes s’accrochent à
leur maigre bagage, mais on les empêche, on leur tord le bras, les valises restent là. Il
y a des cris, des bousculades, des ordres en allemand. Sur le quai, les chiens aboient.
Je ne comprends rien. Quelqu’un me traduit : “On va vous emmener à pied au camp,
mais le camps est loin. Il y a des camions pour les plus fatigués”.
Cette phrase, soixante dix ans après, résonne en moi. “Il y a des camions pour les plus
fatigués.” Dans ma naïveté qui m’a peut-être sauvée et qui les a condamnés, je pense
à mon père, amaigri par ces dernières semaines, exténué par le voyage, je pense à
Gilbert, mon petit frère, qui n’a que 12 ans, à sa petite tête ébourifée. Et je m’entends
leur crier : “Papa, Gilbert, prenez le camion!”

C’est toujours ça qu’il n’auront pas à faire à pied.
Je ne les embrasse pas. Ils disparaissent.
Ils disparaissent.

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