Document 1
Vladimir Poutine, en marche vers un nouvel impérialisme russe ?
Pour la Russie, retrouver le statut qui fut celui de l’Union soviétique en poursuivant les ambitions impériales de l’Empire russe n’est pas une divine surprise, mais l’aboutissement d’un projet longuement mûri par son tsar actuel, Vladimir Poutine. Moscou a repris l’initiative, se donnant les moyens militaires pour le faire. Tant pis si les hôpitaux, et plus globalement le système de santé russe, montrent leurs failles et leurs limites, avec un bilan de près de 700 000 morts victimes du Covid-19 (six fois plus que la France pour une population qui n'est qu'un peu plus que deux fois la nôtre). La modernisation de ses armées permet à la Russie de retrouver la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre au sein d’un nouveau triangle reconstitué : Washington, Pékin, Moscou. Même si la Russie demeure l’élément le plus faible de ce triangle, et de très loin sur les plans économique et démographique, le chemin parcouru en un peu plus de vingt ans est considérable, spectaculaire même sur le plan militaire. De la Crimée à la Syrie en passant par le Kazakhstan, plus personne ne peut désormais mettre en doute l’efficacité des troupes et commandos d’élite russes.
Dominique Moisi - Institut Montaigne – 7 février 2022
Document 2
« Un géant empêtré »
Depuis des siècles, la Russie se pense comme une grande puissance. En 1991, elle est ruinée et elle a tout à reconstruire : elle aurait pu renoncer à ses ambitions. Ce n’est pas ce qu’elle a fait. La Russie poutinienne est dévorée par une ambition qui aurait logiquement dû la conduire à mettre le développement intérieur du pays au premier rang de ses priorités. Ce n’est pas la voie que Vladimir Poutine a choisie. Au lieu de chercher à doter son pays d’une puissance économique et technologique, de faire des investissements massifs dans les infrastructures, de relancer l’innovation, de développer un soft power en tirant partie du riche héritage culturel qu’elle détient, il mène une politique de puissance à l’international en s’appuyant, comme le faisait l’URSS, sur l’outil militaire et sur sa capacité de nuisance, il privilégie autrement dit « une puissance apparente sur le développement ».
A maints égards, la Russie est un des grands du monde. Du fait de son potentiel nucléaire et de son siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, elle conserve des attributs de puissance qui lui confèrent un statut qui la distingue de la plupart des autres Etats de la planète. Elle est une puissance militaire et elle possède une forte capacité de nuisance, on le voit aujourd’hui en Ukraine. Elle détient de formidables ressources en matières premières, elle est membre de nombreuses organisations internationales, elle est aujourd’hui soutenue par la Chine et par moult pays émergents, elle exerce dans certains pays et dans certains milieux une réelle attraction, elle détient un héritage culturel d’une extrême richesse.
Mais la puissance russe est ambivalente. Depuis 1991, la Russie a souvent été impuissante. Si on retient comme définition de la puissance la capacité d’un Etat d’imposer sa volonté aux autres, de faire prévaloir son point de vue et de contrôler le comportement des autres, elle a subi maints échecs et moult déceptions, ressentis comme des humiliations. Aux premiers rangs de ceux-ci figurent le revirement, après 1989, de ses anciens satellites est-européens qui lui ont tourné le dos dès qu’ils ont eu la possibilité de s’intégrer dans les structures euro-atlantiques, son incapacité à faire entendre son point de vue sur l’architecture européenne de sécurité, l’érosion de ses positions dans l’espace postsoviétique qu’elle continue à considérer comme la zone de ses intérêts fondamentaux, etc.
L’ambivalence, c’est aussi que la Russie reste ce que Georges Sokoloff a appelé une « puissance pauvre ». Elle n’a jamais été qu’un acteur économique de taille moyenne et, conséquence de la politique menée, elle demeure vulnérable et confrontée à de lourds problèmes que la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales ne peuvent qu’aggraver. Cette guerre, dont la Russie risque de sortir très affaiblie sur le plan économique et durablement coupée du monde occidental, impactera vraisemblablement à la fois sa puissance apparente et son développement. Son avenir est empli d’incertitudes.
Anne de Tinguy : Le géant empêtré et l’invasion de l’Ukraine – 25/10/20022 – Edition Science PO Recherche internationale.
Réponse argumentée :
Assiste-t-on aujourd’hui à un retour de l’impérialisme russe ?
Dans une première partie vous mettrez en évidence les arguments qui tentent de revendiquer de la part de la Russie une volonté d’impérialisme, dans une deuxième partie vous montrez que ces ambitions ne peuvent être que limitées.
Ce n’est pas une étude de documents. Vous n’avez pas à les présenter. Vous devez les utiliser pour trouver les arguments devant nourrir votre production.