(3) D'une part, pour ce qui est de l'expression <<l'homme est un animal politique par nature>>, phrase phare du texte, souvent reprise en <<l'homme est un animal politique>>, c'est aussi bien ce que le texte va tâcher d'expliquer que la nature de l'homme ; il est un animal mais le seul à vivre en cité. En effet, je rappelle que, pour Aristote, définir un mot, c'est donner son espèce, puis une caractéristique qui lui est absolument propre, excluant les autres membres de son espèce (animal + politique). De plus, <<par nature>> qu'on pourrait écrire <<par essence>> ou <<l'oussia première de>> signifie que l'homme est, dans sa nature même d'homme, un animal qui vit en société, pis que ça ! il ne peut pas vivre sans société ; et cela ajoute aussi au fait que la cité est naturelle : l'homme animal politique, c'est un homme naturellement enclin à vivre en société.
(4) Et cela est particulièrement clair quand Aristote explique que quiconque qui vit hors de la cité est ou <<un être dégradé soit un être supérieur>>. En clair, Aristote dit que pour vivre en dehors de la société il faut être bête ou dieu, animal (être dégradé) ou dieu (être supérieur). Ainsi, d'une part, l'homme n'est pas totalement homme s'il vit en dehors d'une société, d'une cité ; et quiconque vivant en dehors de la société ne peut pas être un homme - il faut ou bien être dépourvu du langage comme la bête ou bien être un dieu. Ajoutons au fait que celui qui vit hors de la cité à cause d'une raison non-naturelle peut tout à fait être homme (l'ermite ou l'exilé par exemple).
(10) Plus loin, Aristote distingue la voix qui sert à faire entendre ce qui plait et ce qui ne plait pas, du langage qui sert à parler de choses métaphysiques. Si l'homme est le seul à en être capable, c'est d'une part parce que l'homme vit en société (s'il ne vivait pas en société, il n'aurait pas ce langage/logos et s'il n'avait pas ce langage/logos, il ne vivrait pas en société ; <<la nature ne fait rien en vain>>). D'autre part, c'est parce que comme le dit Aristote l'homme est le seul à pouvoir percevoir le bien et le mal, le juste et l'injuste, les éléments fondamentaux de la politique. En vérité, ici pour entendre pleinement ce passage, il faudrait avoir recours aux textes biologiques aristotéliciens (Parties des Animaux et De l'âme en particulier) où Aristote explique que l'homme possède l'âme intellective que l'animal ne possède pas, l'animal ne regarde pas le ciel en se demandant pourquoi il est bleu ; et qui explique également que la capacité intellective de l'homme est liée au fait qu'il ait une main. Je passe les détails, mais, la nature étant une nature finaliste, rien n'est laissé au hasard, de sorte que le fait que seul l'homme possède une main, puis le langage, est déjà un plan de la nature pour le faire considérer ce qui est bien ou mal.
(11) Ainsi, considérer le bien et le mal, c'est la condition sine qua non pour qu'une cité puisse exister. Aristote montre que sans ces considérations, on ne peut pas former une société ; en effet, si l'on ne peut pas dire ce que l'on estime bien ou mal, juste ou injuste, alors aucun dialogue, aucune cité ne peut naître. En fait, c'est parce que l'espace politique est par essence le lieu du dialogue et de la discussion, des échanges oraux, où d'aucuns peuvent exprimer sa conception du bien, du mal, de l'utile, du vain, etc. et partant organiser la vie public.
(12)Et finalement, on peut entendre la cité comme étant la réalisation objective de l'être humain qui ne peut être pleinement humain, la cité a pour but, certes, de permettre aux hommes de vivre ensemble - un peu à la manière d'un théoricien du contrat - mais également de réaliser l'homme dans son être, de le rendre lui-même, de faire de l'homme un homme pleinement réalisé, un homme sera en acte dans la société. Plus encore, la cité aura la charge de rendre l'homme heureux -et il le sera par nécessité, puisqu'en vivant dans la cité, il se réalise -, de se charger de la sécurité de l'homme, etc.
Bref, j'espère avoir pu vous donner quelques éléments pour comprendre le texte et répondre aux questions. Evidemment, ne prenez pas mes propos tels quels, ils ne répondent pas absolument à ce qui est posé.
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BlueUnicorn
En substance, la société animale n'est pas une société qui est politisée (l'animal n'a pas le langage). L'argument finaliste c'est que la nature ne fait rien en vain. La voix = jugement du goût ; la parole = jugement moral
BlueUnicorn
Mais, en vérité, ces ajouts étaient déjà en substance dans ce que j'ai déjà écrit
BlueUnicorn
Enfin, le finalisme, c'est dire que la nature a un plan, que la nature ne fait rien en vain. Et il identifie quatre causes : 1. matérielle (la matière qui constitue une chose), 2. formelle (l'essence de cette chose), 3. motrice (le principe de changement) et 4. finale (ce « en vue de quoi » la chose est faite = le finalisme aristotélicien). Cette 4e cause se comprend bien dans le texte du Partie des Animaux dont j'ai parlé.
lilaahh
Par contre pour la question 2 vous arriver à voir un plan ?
BlueUnicorn
Excusez-moi, je l'ai oublié tout à l'heure. Je découperai grossièrement le texte en trois parties : De L'homme est par nature un animal politique à l'homme a un langage ; puis de Certes la voix est le signe du douloureux à par suite aussi le Juste et l'injuste ; enfin le restant du texte.
BlueUnicorn
Si le propos du texte c'est d'expliquer que l'homme est naturellement politisé et que la cité est tout à fait naturelle, parce que l'homme possède le langage. Alors, la première partie consiste à annoncer la thèse en distinguant société humaine et société animale.
BlueUnicorn
Ensuite, Aristote fait une analyse de la voix en l'opposant au langage. Et dans une ultime partie, en en conclusion des éléments précédents, il propose d'expliciter ce qui fait qu'une cité est possible.
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(3) D'une part, pour ce qui est de l'expression <<l'homme est un animal politique par nature>>, phrase phare du texte, souvent reprise en <<l'homme est un animal politique>>, c'est aussi bien ce que le texte va tâcher d'expliquer que la nature de l'homme ; il est un animal mais le seul à vivre en cité. En effet, je rappelle que, pour Aristote, définir un mot, c'est donner son espèce, puis une caractéristique qui lui est absolument propre, excluant les autres membres de son espèce (animal + politique). De plus, <<par nature>> qu'on pourrait écrire <<par essence>> ou <<l'oussia première de>> signifie que l'homme est, dans sa nature même d'homme, un animal qui vit en société, pis que ça ! il ne peut pas vivre sans société ; et cela ajoute aussi au fait que la cité est naturelle : l'homme animal politique, c'est un homme naturellement enclin à vivre en société.
(4) Et cela est particulièrement clair quand Aristote explique que quiconque qui vit hors de la cité est ou <<un être dégradé soit un être supérieur>>. En clair, Aristote dit que pour vivre en dehors de la société il faut être bête ou dieu, animal (être dégradé) ou dieu (être supérieur). Ainsi, d'une part, l'homme n'est pas totalement homme s'il vit en dehors d'une société, d'une cité ; et quiconque vivant en dehors de la société ne peut pas être un homme - il faut ou bien être dépourvu du langage comme la bête ou bien être un dieu. Ajoutons au fait que celui qui vit hors de la cité à cause d'une raison non-naturelle peut tout à fait être homme (l'ermite ou l'exilé par exemple).
(10) Plus loin, Aristote distingue la voix qui sert à faire entendre ce qui plait et ce qui ne plait pas, du langage qui sert à parler de choses métaphysiques. Si l'homme est le seul à en être capable, c'est d'une part parce que l'homme vit en société (s'il ne vivait pas en société, il n'aurait pas ce langage/logos et s'il n'avait pas ce langage/logos, il ne vivrait pas en société ; <<la nature ne fait rien en vain>>). D'autre part, c'est parce que comme le dit Aristote l'homme est le seul à pouvoir percevoir le bien et le mal, le juste et l'injuste, les éléments fondamentaux de la politique. En vérité, ici pour entendre pleinement ce passage, il faudrait avoir recours aux textes biologiques aristotéliciens (Parties des Animaux et De l'âme en particulier) où Aristote explique que l'homme possède l'âme intellective que l'animal ne possède pas, l'animal ne regarde pas le ciel en se demandant pourquoi il est bleu ; et qui explique également que la capacité intellective de l'homme est liée au fait qu'il ait une main. Je passe les détails, mais, la nature étant une nature finaliste, rien n'est laissé au hasard, de sorte que le fait que seul l'homme possède une main, puis le langage, est déjà un plan de la nature pour le faire considérer ce qui est bien ou mal.
(11) Ainsi, considérer le bien et le mal, c'est la condition sine qua non pour qu'une cité puisse exister. Aristote montre que sans ces considérations, on ne peut pas former une société ; en effet, si l'on ne peut pas dire ce que l'on estime bien ou mal, juste ou injuste, alors aucun dialogue, aucune cité ne peut naître. En fait, c'est parce que l'espace politique est par essence le lieu du dialogue et de la discussion, des échanges oraux, où d'aucuns peuvent exprimer sa conception du bien, du mal, de l'utile, du vain, etc. et partant organiser la vie public.
(12)Et finalement, on peut entendre la cité comme étant la réalisation objective de l'être humain qui ne peut être pleinement humain, la cité a pour but, certes, de permettre aux hommes de vivre ensemble - un peu à la manière d'un théoricien du contrat - mais également de réaliser l'homme dans son être, de le rendre lui-même, de faire de l'homme un homme pleinement réalisé, un homme sera en acte dans la société. Plus encore, la cité aura la charge de rendre l'homme heureux -et il le sera par nécessité, puisqu'en vivant dans la cité, il se réalise -, de se charger de la sécurité de l'homme, etc.
Bref, j'espère avoir pu vous donner quelques éléments pour comprendre le texte et répondre aux questions. Evidemment, ne prenez pas mes propos tels quels, ils ne répondent pas absolument à ce qui est posé.