June 2021 1 11 Report

Bonjour est ce que quelqu'un peut m'aider c'est pour demain merci beaucoup

Agé de cinq ou six ans, je fus victime d'une agression. Je veux dire que je subis dans la

gorge une opération qui consista à m'enlever des végétations ; l'intervention eut lieu d'une

manière très brutale, sans que je fusse anesthésié. Mes parents avaient d'abord commis

la faute de m'emmener chez le chirurgien sans me dire où ils me conduisaient. Si mes

souvenirs sont justes, je m'imaginais que nous allions au cirque ; j'étais donc très loin de

prévoir le tour sinistre que me réservait le vieux médecin de la famille, qui assistait le

chirurgien, et ce dernier lui-même. Cela se déroula, point pour point, ainsi qu'un coup

monté et j'eus le sentiment qu'on m'avait attiré dans un abominable guet-apens. Voici

comment les choses se passèrent : laissant mes parents dans le salon d'attente, le vieux

médecin m'amena jusqu'au chirurgien, qui se tenait dans une autre pièce en grande barbe

noire et blouse blanche (telle est, du moins, l'image d'ogre que j'en ai gardée) ; j'aperçus

des instruments tranchants et, sans doute, j'eus l'air effrayé car, me prenant sur ses

genoux, le vieux médecin dit pour me rassurer : « Viens, mon petit coco ! On va jouer à

faire la cuisine. » A partir de ce moment je ne me souviens de rien, sinon de l'attaque

soudaine du chirurgien qui plongea un outil dans ma gorge, de la douleur que je ressentis

et du cri de bête qu'on éventre que je poussai. Ma mère, qui m'entendit d'à côté, fut

effarée. […]

Ce souvenir est, je crois, le plus pénible de mes souvenirs d'enfance. Non seulement

je ne comprenais pas que l'on m'eût fait si mal, mais j'avais la notion d'une duperie, d'un

piège, d'une perfidie atroce de la part des adultes, qui ne m'avaient amadoué que pour se

livrer sur ma personne à la plus sauvage agression. Toute ma représentation de la vie en

est restée marquée : le monde, plein de chausse-trapes, n'est qu'une vaste prison ou salle

de chirurgie ; je ne suis sur terre que pour devenir chair à médecin, chair à canons, chair à

cercueil ; comme la promesse fallacieuse de m'emmener au cirque ou de jouer à faire la

cuisine, tout ce qui peut m'arriver d'agréable en attendant n'est qu'un leurre, une façon de

me dorer la pilule pour me conduire plus sûrement à l'abattoir où, tôt ou tard, je dois être

mené.

Michel Leiris, L'âge d'homme, 1939.

Grammaire et compétences linguistiques


1) Quels sont les temps verbaux et leurs modes majoritairement utilisés dans le

premier paragraphe ?

2) Donnez la valeur du présent des verbes dans les lignes 20 et 24 dans la phrase «

le monde, plein de chausse-trapes, n'est qu'une vaste prison ou salle de chirurgie »
3) Dans le deuxième paragraphe, relevez trois termes modalisateurs. Quel(les) idée(s)

expriment ces termes ?

4) « Mes parents avaient d'abord commis la faute de m'emmener chez le chirurgien

sans me dire où ils me conduisaient. Si mes souvenirs sont justes, je m'imaginais

que nous allions au cirque ; j'étais donc très loin de prévoir le tour sinistre que me

réservait le vieux médecin de la famille, qui assistait le chirurgien, et ce dernier lui-

même. Cela se déroula, point pour point, ainsi qu'un coup monté et j'eus le

sentiment qu'on m'avait attiré dans un abominable guet-apens. »

Réécrivez ce passage en remplaçant « je » par « nous ». Faites toutes les modifications

nécessaires​
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