Lois Lowry propose là un roman contre-utopique sur le thème, entre autres, de la tolérance et l’amour à la facilité de lecture déconcertante, mais qui fait froid dans le dos. Derrière les dérives de cette société tout sauf parfaite se cachent sans doute les dangers de notre propre évolution. Tout comme dans Le Meilleur des Mondes, de Huxley, Le passeur insiste en ce sens, ce n’est pas un hasard (Godard le soulignait en son temps dans Alphaville) sur le langage en tant qu’enjeu essentiel du fonctionnement de la communauté aseptisée où tout est réglé et programmé dans laquelle vit le jeune Jonas. La redoutable question est posée sans ambages, et cela ne déplairait point au Cratyleplatonicien mettant aux prises sur ce sujet Hermogène et Cratyle : supprimer des mots équivaut-il à supprimer les choses mêmes auxquelles renvoient ces mots ? La fin ouverte du texte ne fait que rajouter une louche de perplexité et de rêve à l’ensemble, et l’on comprend que l’ouvrage de Lowry soit allé jusqu’à être décortiqué tel un essai par Karine Risselin (Le Passeur, mémoire et totalitarisme, éditions CRDP de l’académie de Grenoble, 120 p. - 8,00 euros), qui dégage de ce roman dépassant le cadre de la seule littérature de jeunesse, les principales thématiques de la société totalitaire et de son organisation, au travers du rôle idéologique du langage, de l’évolution des personnages et du passage de la soumission à la rébellion. Une approche pédagogique et didactique conduite grâce à une articulation rigoureuse des différentes activités : lecture (compréhension des thèmes), production d’écrits (fiction et argumentation), langue (lexique), oral (le débat interprétatif), analyse filmique qui a pour finalité d’ouvrir les élèves à la lecture d’œuvres qui font référence (par exemple Le meilleur des mondes, 1984) et de les amener à comprendre que le genre de la science-fiction est porteur d’un regard critique sur nos sociétés et sur la place qu’elles laissent à l’individu.
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Lois Lowry propose là un roman contre-utopique sur le thème, entre autres, de la tolérance et l’amour à la facilité de lecture déconcertante, mais qui fait froid dans le dos. Derrière les dérives de cette société tout sauf parfaite se cachent sans doute les dangers de notre propre évolution. Tout comme dans Le Meilleur des Mondes, de Huxley, Le passeur insiste en ce sens, ce n’est pas un hasard (Godard le soulignait en son temps dans Alphaville) sur le langage en tant qu’enjeu essentiel du fonctionnement de la communauté aseptisée où tout est réglé et programmé dans laquelle vit le jeune Jonas. La redoutable question est posée sans ambages, et cela ne déplairait point au Cratyleplatonicien mettant aux prises sur ce sujet Hermogène et Cratyle : supprimer des mots équivaut-il à supprimer les choses mêmes auxquelles renvoient ces mots ?
La fin ouverte du texte ne fait que rajouter une louche de perplexité et de rêve à l’ensemble, et l’on comprend que l’ouvrage de Lowry soit allé jusqu’à être décortiqué tel un essai par Karine Risselin (Le Passeur, mémoire et totalitarisme, éditions CRDP de l’académie de Grenoble, 120 p. - 8,00 euros), qui dégage de ce roman dépassant le cadre de la seule littérature de jeunesse, les principales thématiques de la société totalitaire et de son organisation, au travers du rôle idéologique du langage, de l’évolution des personnages et du passage de la soumission à la rébellion. Une approche pédagogique et didactique conduite grâce à une articulation rigoureuse des différentes activités : lecture (compréhension des thèmes), production d’écrits (fiction et argumentation), langue (lexique), oral (le débat interprétatif), analyse filmique qui a pour finalité d’ouvrir les élèves à la lecture d’œuvres qui font référence (par exemple Le meilleur des mondes, 1984) et de les amener à comprendre que le genre de la science-fiction est porteur d’un regard critique sur nos sociétés et sur la place qu’elles laissent à l’individu.