Réponse :

Une salle de classe, des élèves à leur table, une estrade, le professeur debout.

Le professeur : vous le savez, aujourd'hui est le jour le plus important du trimestre? Nous allons commencer le concours d'éloquence. Le sujet était libre et vous avez eu quinze jours pour vous préparer.

Le délégué : pardon, professeur, vous avez bien précisé que le sujet est libre ?

Le professeur : tout à fait et chacun dispose de 8 minutes pour exposer le thème de son choix.

Le délégué : Pouvez-vous rappeler les critères d'évaluation ?

Le professeur (visiblement agacé) : je l'ai déjà dit : de la conviction, de la concision, de la correction. Qui commence ?

Silence religieux dans la salle et têtes baissées. Un doigt se lève.

Le premier de la classe (air prétentieux)  : je vais vous parler de l'intérêt d'être toujours premier.

Des sifflets dans la classe, des hou de réprobation, le chahut

Le professeur : nous t'entendrons là-dessus une autre fois. Lionel, sur l'estrade !

Lionel, un élève timide s'avance.

Lionel ( la voix hésitante d'abord et puis  se redressant, une voix assurée qu'on ne lui connaissait pas ): Il était une fois, un garçon de la classe, timide, insignifiant, oui, je répète insignifiant, pas brillant en sport, moyen en français, pas à l'aise avec l'ironie, souvent moqué. Je ne dirai pas son nom. On rit de ses baskets bon marché, on plaisante sur son vieux vélo, on le taquine sur l'auto de ses parents, on l'attend à la sortie pour l'appeler par un surnom ridicule sous prétexte qu'il a des origines italiennes. On ne peut même pas supposer qu'il ait des goûts personnels. D'ailleurs, on ne sait rien de son intérêt pour la botanique, de ses rêves.  Cette indifférence fait mal, elle va parfois jusqu'au harcèlement. Je ne vous ai pas dit son nom ? Vous le connaissez,  il s'appelle Lionel.

Silence dans la classe. Le professeur aussi est muet, même ému.

Explications :