Bonjour j’ai une dissertation en philosophie: Peut on juger moralement autrui ? Je n’arrive pas à débuter, quelqu’un pourrait m’aidez svp ? Merci d’avance
Si la morale est fondée sur la nature humaine, cela signifie qu’une partie de notre conscience morale, par laquelle nous jugeons qu’une chose est bonne ou mauvaise, est donnée à l’homme naturellement, et qu’elle comporte une dimension innée. C’est la thèse de Rousseau dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Chez l’homme à l’état de nature, selon Rousseau, la moralité humaine existe originellement sous la forme de sentiments naturels que tout homme peut percevoir. L’homme ne devient moral dans la société que parce qu’il existe en lui au départ cette tendance naturelle. Ainsi la morale n’est-elle pas seulement une affaire de culture, mais elle a un fondement unique qui est naturel car l’homme possède dès sa naissance un principe inné de morale à partir de laquelle nous jugeons nos actions et celles d’autrui. Or, si comme le dit Sartre dans l’Existentialisme est un humanisme, "l’existence précède l’essence", c’est qu’il n’y a pas selon lui de nature humaine au sens où l’existence de l’homme n’est pas prédéfinie, mais l’homme est d’abord une liberté qui surgit dans le monde et il ne sera rien d’autre que ce qu’il fait de lui, selon ses propres choix.
C’est donc seulement par ses actes que l’homme devient quelque chose. Sartre énonce alors l’idée d’une solitude morale de l’homme : il n’y a pas de bien et de mal avant que l’homme ne décide lui-même ce que seront ses valeurs. Alors l’homme doit choisir seul ses valeurs, la morale découle de sa volonté. L’individu choisit donc lui-même sa morale et s’autodétermine librement. Mais si la morale ne préexiste pas au choix des hommes, d’où vient exactement notre rationalité morale ? N’est-elle pas tout simplement un produit culturel et historique, résultat des mœurs, et d’un conditionnement social ? Il s'agit de démontrer la relativité des jugements moraux et de mettre en question l’universalisme en morale pour le dériver de nos pratiques sociales. C’est la question déjà posée par Montaigne dans ses Essais à propos du cannibalisme : "Il n’y a rien, écrit Montaigne, de barbare et de sauvage dans cette nation sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage". On peut donc imaginer que l’homme n’est pas d’emblée moral, mais qu’il le devient seulement sous l’effet de sa socialisation, par son introduction au sein d’une culture et d’une société.
Hegel disait "Chaque homme est ce qu'est son monde" : celui pour qui la particularité compte plus que tout, ne voit plus partout que du particulier. Or l'individu particulier n'est finalement que l'exemplaire d'un concept. Un homme est une version possible de l'humanité, parmi tant d'autres, sans qu'aucune ne vaille plus qu'une autre. Mais ce que prescrit la morale, celle du commandement qui m'oblige, c'est justement de nier le particulier en moi. En faisant mon devoir moral qui s'impose à tous, qui donc vaut universellement (respecter l'humanité en autrui comme en moi-même) , alors je suis amené à dépasser ma subjectivité particulière, pour la hisser à la hauteur de l'universel. En revanche, nul ne peut faire mon devoir à ma place, justement parce que si le devoir s'impose à tous de façon égale, c'est à chacun de faire le sien. Ce n'est donc pas à chacun sa morale, c'est à chacun d'agir moralement, ce qui est bien différent. Celui qui se conforme à l'impératif moral devient celui qu'il est véritablement, il touche là son identité véritable, il devient un être singulier.
Au lieu de sans cesse juger autrui, mieux vaudrait faire preuve de tolérance et admettre qu'en matière de mœurs et de morale, le relativisme règne en maître. Il n'y a pas de commandement moral s'imposant à tous, il n'y a que des règles propres à chacun. L'essentiel est de nous entendre : à chacun de faire ce qu'il lui plaît, tant du moins qu'il ne fait pas violence aux autres.
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Bonjour
Si la morale est fondée sur la nature humaine, cela signifie qu’une partie de notre conscience morale, par laquelle nous jugeons qu’une chose est bonne ou mauvaise, est donnée à l’homme naturellement, et qu’elle comporte une dimension innée. C’est la thèse de Rousseau dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Chez l’homme à l’état de nature, selon Rousseau, la moralité humaine existe originellement sous la forme de sentiments naturels que tout homme peut percevoir. L’homme ne devient moral dans la société que parce qu’il existe en lui au départ cette tendance naturelle. Ainsi la morale n’est-elle pas seulement une affaire de culture, mais elle a un fondement unique qui est naturel car l’homme possède dès sa naissance un principe inné de morale à partir de laquelle nous jugeons nos actions et celles d’autrui. Or, si comme le dit Sartre dans l’Existentialisme est un humanisme, "l’existence précède l’essence", c’est qu’il n’y a pas selon lui de nature humaine au sens où l’existence de l’homme n’est pas prédéfinie, mais l’homme est d’abord une liberté qui surgit dans le monde et il ne sera rien d’autre que ce qu’il fait de lui, selon ses propres choix.
C’est donc seulement par ses actes que l’homme devient quelque chose. Sartre énonce alors l’idée d’une solitude morale de l’homme : il n’y a pas de bien et de mal avant que l’homme ne décide lui-même ce que seront ses valeurs. Alors l’homme doit choisir seul ses valeurs, la morale découle de sa volonté. L’individu choisit donc lui-même sa morale et s’autodétermine librement. Mais si la morale ne préexiste pas au choix des hommes, d’où vient exactement notre rationalité morale ? N’est-elle pas tout simplement un produit culturel et historique, résultat des mœurs, et d’un conditionnement social ? Il s'agit de démontrer la relativité des jugements moraux et de mettre en question l’universalisme en morale pour le dériver de nos pratiques sociales. C’est la question déjà posée par Montaigne dans ses Essais à propos du cannibalisme : "Il n’y a rien, écrit Montaigne, de barbare et de sauvage dans cette nation sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage". On peut donc imaginer que l’homme n’est pas d’emblée moral, mais qu’il le devient seulement sous l’effet de sa socialisation, par son introduction au sein d’une culture et d’une société.
Hegel disait "Chaque homme est ce qu'est son monde" : celui pour qui la particularité compte plus que tout, ne voit plus partout que du particulier. Or l'individu particulier n'est finalement que l'exemplaire d'un concept. Un homme est une version possible de l'humanité, parmi tant d'autres, sans qu'aucune ne vaille plus qu'une autre. Mais ce que prescrit la morale, celle du commandement qui m'oblige, c'est justement de nier le particulier en moi. En faisant mon devoir moral qui s'impose à tous, qui donc vaut universellement (respecter l'humanité en autrui comme en moi-même) , alors je suis amené à dépasser ma subjectivité particulière, pour la hisser à la hauteur de l'universel. En revanche, nul ne peut faire mon devoir à ma place, justement parce que si le devoir s'impose à tous de façon égale, c'est à chacun de faire le sien. Ce n'est donc pas à chacun sa morale, c'est à chacun d'agir moralement, ce qui est bien différent. Celui qui se conforme à l'impératif moral devient celui qu'il est véritablement, il touche là son identité véritable, il devient un être singulier.
Au lieu de sans cesse juger autrui, mieux vaudrait faire preuve de tolérance et admettre qu'en matière de mœurs et de morale, le relativisme règne en maître. Il n'y a pas de commandement moral s'imposant à tous, il n'y a que des règles propres à chacun. L'essentiel est de nous entendre : à chacun de faire ce qu'il lui plaît, tant du moins qu'il ne fait pas violence aux autres.