February 2021 0 46 Report
Bonjour, j'aurai besoin d'aide pour mon devoir, la question étant la suivante: Quelles sont les stratégies argumentatives employées?
Je n'ai pas compris la question. Est ce que je dois relever des termes du texte?

Une perdrix nommée Guillemette la Charnue, blessée par la balle d’un chasseur, a demandé
devant un tribunal réparation « à l’encontre du genre humain ».
Plaidoyer fait au Parlement des oiseaux,
les Chambres assemblées,
contre un animal accusé d’être homme.
« (…) Examinons donc, messieurs, les difficultés de ce procès avec toute la contention1 de laquelle
nos divins esprits sont capables.
Le noeud de l’affaire consiste à savoir si cet animal est homme et puis en cas que nous avérions2 qu’il
le soit, si pour cela il mérite la mort.
Pour moi, je ne fais point de difficultés qu’il ne le soit, premièrement, par un sentiment d’horreur
dont nous nous sommes tous sentis saisis à sa vue sans en pouvoir dire la cause ; secondement, en
ce qu’il rit comme un fou ; troisièmement, en ce qu’il pleure comme un sot ; quatrièmement, en ce qu’il se mouche comme un vilain3 ; cinquièmement, en ce qu’il est plumé comme un galeux ; sixièmement,
en ce qu’il a toujours une quantité de petits grès carrés dans la bouche qu’il n’a pas l’esprit
de cracher ni d’avaler ; septièmement, et pour conclusion, en ce qu’il lève en haut tous les matins
ses yeux, son nez et son large bec, colle ses mains ouvertes la pointe au ciel plat contre plat, et n’en
fait qu’une attachée, comme s’il s’ennuyait d’en avoir deux libres ; se casse les deux jambes par la
moitié, en sorte qu’il tombe sur ses gigots ; puis avec des paroles magiques qu’il bourdonne, j’ai pris
garde que ses jambes rompues se rattachent, et qu’il se relève après aussi gai qu’auparavant. Or,
vous savez, Messieurs, que de tous les animaux, il n’y a que l’homme seul dont l’âme soit assez noire
pour s’adonner à la magie, et par conséquent celui-ci est homme. Il faut maintenant examiner si, pour
être homme, il mérite la mort.
Je pense, Messieurs, qu’on n’a jamais révoqué en doute que toutes les créatures sont produites par
notre commune mère, pour vivre en société. Or, si je prouve que l’homme semble n’être né que pour
la rompre, ne prouverai-je pas qu’en allant contre la fin de sa création, il mérite que la nature se
repente de son ouvrage ? « La première et la plus fondamentale loi pour la manutention4 d’une république,
c’est l’égalité ; mais l’homme ne la saurait endurer éternellement : il se rue sur nous pour
nous manger ; il se fait accroire que nous n’avons été faits que pour lui ; il prend, pour argument
de sa supériorité prétendue, la barbarie avec laquelle il nous massacre, et le peu de résistance qu’il
trouve à forcer notre faiblesse, et ne veut pas cependant avouer à ses maîtres, les aigles, les condors,
et les griffons, par qui les plus robustes d’entre eux sont surmontés. Mais pourquoi cette grandeur et
disposition de membres marquerait-elle diversité d’espèce, puisqu’entre eux-mêmes il se rencontre
des nains et des géants ?
Encore est-ce un droit imaginaire que cet empire dont ils se flattent ; ils sont au contraire si enclins à
la servitude, que de peur de manquer à servir, ils se vendent les uns aux autres leur liberté. C’est ainsi
que les jeunes sont esclaves des vieux, les pauvres des riches, les paysans des gentilshommes, les
princes des monarques, et les monarques mêmes des lois qu’ils ont établies. Mais avec tout cela ces
pauvres serfs ont si peur de manquer de maîtres, que comme s’ils appréhendaient que la liberté ne
leur vînt de quelque endroit non attendu, ils se forgent des dieux de toutes parts, dans l’eau, dans
l’air, dans le feu, sous la terre. »
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