Après l’étau imposé par l’ambition absolutiste de Louis XIV, les premiers temps de la Régence (1715-1722) apparaissent comme un moment de décompression. Les élites aristocratiques et parlementaires, écartées de l’exercice direct du pouvoir depuis la Fronde, tentent de reconquérir les positions perdues. Leur échec en 1718 ne résout pas pour autant la crise politique lancinante. Le long ministère du cardinal Fleury, de 1726 à 1743, consolide sans doute la position royale, mais bien des problèmes minent de l’intérieur l’édifice monarchique.
La querelle janséniste prend une dimension fortement politique, et marque fortement le règne de Louis XV (1715-1774). Le second jansénisme en effet se distingue de l’élitisme théologique et moral de l’époque de Pascal et d’Arnaud. D’une part, il se teinte de richérisme, un courant ecclésiologique antihiérarchique, opposé à tout « absolutisme » pontifical et partisan d’une certaine démocratie à l’intérieur de l’Église. D’autre part, sa conjugaison avec le gallicanisme* des parlementaires augmente considérablement son influence. En somme, le mouvement fédère les protestations qui s’élèvent contre une autorité royale que son souci de l’ordre a conduit à relayer l’autorité pontificale. Or, ce jansénisme nouvelle manière comporte une charge subversive d’autant plus forte qu’il pénètre non seulement les milieux du clergé et de la robe, mais aussi de larges couches de la bourgeoisie urbaine : nombreux sont ceux à qui il offre une manière d’apprentissage de la vie politique, à travers l’expression publique et les prémices d’une « opinion publique » en voie de formation
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Après l’étau imposé par l’ambition absolutiste de Louis XIV, les premiers temps de la Régence (1715-1722) apparaissent comme un moment de décompression. Les élites aristocratiques et parlementaires, écartées de l’exercice direct du pouvoir depuis la Fronde, tentent de reconquérir les positions perdues. Leur échec en 1718 ne résout pas pour autant la crise politique lancinante. Le long ministère du cardinal Fleury, de 1726 à 1743, consolide sans doute la position royale, mais bien des problèmes minent de l’intérieur l’édifice monarchique.
La querelle janséniste prend une dimension fortement politique, et marque fortement le règne de Louis XV (1715-1774). Le second jansénisme en effet se distingue de l’élitisme théologique et moral de l’époque de Pascal et d’Arnaud. D’une part, il se teinte de richérisme, un courant ecclésiologique antihiérarchique, opposé à tout « absolutisme » pontifical et partisan d’une certaine démocratie à l’intérieur de l’Église. D’autre part, sa conjugaison avec le gallicanisme* des parlementaires augmente considérablement son influence. En somme, le mouvement fédère les protestations qui s’élèvent contre une autorité royale que son souci de l’ordre a conduit à relayer l’autorité pontificale. Or, ce jansénisme nouvelle manière comporte une charge subversive d’autant plus forte qu’il pénètre non seulement les milieux du clergé et de la robe, mais aussi de larges couches de la bourgeoisie urbaine : nombreux sont ceux à qui il offre une manière d’apprentissage de la vie politique, à travers l’expression publique et les prémices d’une « opinion publique » en voie de formation