L’affirmation de Kant selon laquelle "l’insociable sociabilité" humaine permettrait le développement des capacités et du coup, les dispositions d’un individu en société paraîtrait, à première vue, discutable. En quoi en effet un antagonisme favoriserait-il une quelconque progression ? N’est-ce pas par la coopération avec autrui que justement un individu développerait ses capacités ? En effet, pour maîtriser une méthode ou une technique, l’Homme a besoin d'une autre personne qui lui transmettrait son savoir. Or si, comme le soutient Kant, l’Homme, par son insociabilité, veut "tout diriger en son sens" et travaille uniquement à son propre bien, celui qui enseigne à l’autre serait au contraire enclin à garder pour lui son savoir. Egalement, cette "insociabilité" humaine en société s’opposerait au développement des dispositions naturelles davantage que de le stimuler.
Cependant, Kant dit qu'en société, l’Homme est "plus qu’homme", ce qui semble injustifié dans la mesure où l’auteur lui-même explique que l’inclination partielle à s’associer aux autres est partie intégrante de la nature humaine.
S’il est vrai que l’Homme peut atteindre, en société, un état supérieur à son état naturel, il n’en demeure pas moins que notre problématique de départ n’est toujours pas résolue, et s’en voit même renforcée. En effet, bien que la société modélise et améliore l’Homme dans ses capacités, elle n’en n’’est pas moins construite uniquement sur des rapports de force et de rivalité, ce qui la rend non seulement injuste mais également dénuée de toute notion de coopération et donc susceptible de se désagréger à tout moment. Comment la vie sociale humaine est-elle alors possible dans ces conditions ?
En effet d’après Kant lui-même l’insociable sociabilité de l’Homme menacerait constamment de "désagréger cette société". Aussi, si chacun oppose une résistance aux autres, il n’est pas de morale commune possible : l’Homme agit dans son propre intérêt. Cependant, la société, en tant que groupe d’êtres humains supposés vivre ensemble, se définit et se fonde sur cette morale commune car elle permet l’égalité : elle pousse l’Homme à agir en accord avec elle, et en cela parfois contre lui-même.
Par conséquent, si l’Homme est en effet caractérisé par une "insociable sociabilité", la morale commune – et donc la clef de voûte de la société – est impossible. Pourtant, Kant affirme que, bien au contraire, c’est l’insociabilité de l’Homme qui permet de "former la société en un tout moral". Afin de soutenir cette thèse, l’auteur explique que c’est notre connaissance de "l’opposition" des autres et de leur propre insociabilité qui nous pousse à désirer la formation d’une morale commune. En effet, si nous agissons dans notre propre intérêt, nous aurons également tendance à vouloir "bloquer" celui d’un autre individu qui irait à l’encontre du nôtre.
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L’affirmation de Kant selon laquelle "l’insociable sociabilité" humaine permettrait le développement des capacités et du coup, les dispositions d’un individu en société paraîtrait, à première vue, discutable. En quoi en effet un antagonisme favoriserait-il une quelconque progression ? N’est-ce pas par la coopération avec autrui que justement un individu développerait ses capacités ? En effet, pour maîtriser une méthode ou une technique, l’Homme a besoin d'une autre personne qui lui transmettrait son savoir. Or si, comme le soutient Kant, l’Homme, par son insociabilité, veut "tout diriger en son sens" et travaille uniquement à son propre bien, celui qui enseigne à l’autre serait au contraire enclin à garder pour lui son savoir. Egalement, cette "insociabilité" humaine en société s’opposerait au développement des dispositions naturelles davantage que de le stimuler.
Cependant, Kant dit qu'en société, l’Homme est "plus qu’homme", ce qui semble injustifié dans la mesure où l’auteur lui-même explique que l’inclination partielle à s’associer aux autres est partie intégrante de la nature humaine.
S’il est vrai que l’Homme peut atteindre, en société, un état supérieur à son état naturel, il n’en demeure pas moins que notre problématique de départ n’est toujours pas résolue, et s’en voit même renforcée. En effet, bien que la société modélise et améliore l’Homme dans ses capacités, elle n’en n’’est pas moins construite uniquement sur des rapports de force et de rivalité, ce qui la rend non seulement injuste mais également dénuée de toute notion de coopération et donc susceptible de se désagréger à tout moment. Comment la vie sociale humaine est-elle alors possible dans ces conditions ?
En effet d’après Kant lui-même l’insociable sociabilité de l’Homme menacerait constamment de "désagréger cette société". Aussi, si chacun oppose une résistance aux autres, il n’est pas de morale commune possible : l’Homme agit dans son propre intérêt. Cependant, la société, en tant que groupe d’êtres humains supposés vivre ensemble, se définit et se fonde sur cette morale commune car elle permet l’égalité : elle pousse l’Homme à agir en accord avec elle, et en cela parfois contre lui-même.
Par conséquent, si l’Homme est en effet caractérisé par une "insociable sociabilité", la morale commune – et donc la clef de voûte de la société – est impossible. Pourtant, Kant affirme que, bien au contraire, c’est l’insociabilité de l’Homme qui permet de "former la société en un tout moral". Afin de soutenir cette thèse, l’auteur explique que c’est notre connaissance de "l’opposition" des autres et de leur propre insociabilité qui nous pousse à désirer la formation d’une morale commune. En effet, si nous agissons dans notre propre intérêt, nous aurons également tendance à vouloir "bloquer" celui d’un autre individu qui irait à l’encontre du nôtre.