Léonard de Vinci reprend une innovation apparue au milieu du Quattrocento, chez Andrea del Castagno pour Santa Apollonia, ou Domenico Ghirlandaio pour le couvent Ognissanti de Florence, voire contemporaine chez Le Pérugin pour le cenacolo de Fuligno : la perspective de la fresque prolonge la salle réelle du réfectoire par le trompe-l’œil du plafond à caissons, d'ouvertures au fond de la salle, et des murs latéraux recouverts de tapisseries et percés de portes.
Une série d’incisions encore visibles a servi à Léonard de Vinci pour tracer les lignes de fuite de la perspective. Un trou au niveau de la tempe droite du Christ correspond au point de fuite principal. Ainsi, le Christ occupe-t-il une position centrale à la fois par rapport aux apôtres, mais aussi par rapport au mur du fond de la fresque, comme un second tableau dans le premier. Un effet renforcé par le placement de Judas de l'autre côté de la table parmi les autres apôtres, et non à part, contrairement à la tradition.
Tous les apôtres sont donc eux-mêmes répartis symétriquement par rapport au Christ, en quatre groupes de trois, mais les groupes sont dissymétriques entre eux, donnant ainsi de l'animation à la scène et faisant paraître plus naturelle une composition pourtant très géométrique et réfléchie.
En effet, cette répartition est soulignée encore par le décor, puisque les apôtres se trouvent placés devant une série de quatre tentures et de trois portes sur chaque mur latéral, et devant trois ouvertures pour le mur du fond, tandis que le plafond est composé de deux séries de trois rangées de caissons placées de part et d'autre d'un double axe central.
Une construction qui reprend enfin l'architecture dans laquelle la peinture a été réalisée : la Cène se trouve sous trois lunettes qui prolongent la salle du réfectoire, dans lesquelles Léonard a placé les armoiries de la famille Sforza, répartissant ainsi les apôtres en deux groupes à l'extérieur sous les plus petits arcs et deux groupes avec le Christ ensemble sous l'arc central.
Léonard exploite donc jusqu'à ses limites le principe de la perspective centrale. Une perspective très géométrique et régulière qu'il abandonne ensuite comme principe de construction de ses tableaux : la table et les apôtres semblent être peints en avant du plan du début de la perspective, au point que le cadre et la bordure peinte sont dépassés par un des apôtres, sur la droite, et donc par l'ensemble de la table et des convives.
D'une part, les lignes de la composition toute entière (cf. dans le schéma : lignes rouges) passent par un point de fuite unique (A), sur la ligne d'horizon (cf. dans le schéma : ligne orange), situé sur la temple droite du Christ (Léonard avait, à cet effet, accroché des fils à un clou planté dans la temple du Christ, dont le trou est encore visible aujourd'hui, les restaurateurs n'ayant pas souhaité le cacher) ; d'autre part, les lignes de la seule table (cf. dans le schéma : lignes turquoise) convergent dans un point de fuite secondaire (B), situé légèrement au-dessus de l'horizon (cf. dans le schéma : ligne verte).
Les lignes de la composition tout entière (rouge) passent par un point de fuite unique (A), sur la ligne d'horizon (orange), situé sur la tempe droite du Christ. En revanche, les lignes de la seule table (turquoise) convergent dans un point de fuite secondaire (B), situé légèrement au-dessus de l'horizon (vert).
Par ailleurs, Léonard a adopté une perspective en partie délibérément faussée (voir schéma ci-contre). Les points de fuite sont en effet au nombre de deux : d'une part, les lignes de la composition tout entière (cf. dans le schéma : lignes rouges) passent par un point de fuite unique (A), sur la ligne d'horizon (cf. dans le schéma : ligne orange), situé sur la tempe droite du Christ (Léonard avait, à cet effet, accroché des fils à un clou planté dans la tempe du Christ, dont le trou est encore visible aujourd'hui, les restaurateurs n'ayant pas souhaité le cacher) ; d'autre part, les lignes de la seule table (cf. dans le schéma : lignes turquoise) convergent dans un point de fuite secondaire (B), situé dans la chevelure du Christ, légèrement au-dessus de l'horizon (cf. dans le schéma : ligne verte). La fonction de ce deuxième point de fuite (B) est de permettre au spectateur de voir les objets posés sur la table ; en effet, si celle-ci avait été dessinée en respectant rigoureusement les lignes de fuite de la composition tout entière (cf. schéma : lignes rouges, convergeant dans le point A), la perspective du plan supérieur de la table à manger aurait été tellement en raccourci qu'il aurait été impossible d'en montrer aisément le contenu (vaisselle, plats, pains, etc.).
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Explications :
Léonard de Vinci reprend une innovation apparue au milieu du Quattrocento, chez Andrea del Castagno pour Santa Apollonia, ou Domenico Ghirlandaio pour le couvent Ognissanti de Florence, voire contemporaine chez Le Pérugin pour le cenacolo de Fuligno : la perspective de la fresque prolonge la salle réelle du réfectoire par le trompe-l’œil du plafond à caissons, d'ouvertures au fond de la salle, et des murs latéraux recouverts de tapisseries et percés de portes.
Une série d’incisions encore visibles a servi à Léonard de Vinci pour tracer les lignes de fuite de la perspective. Un trou au niveau de la tempe droite du Christ correspond au point de fuite principal. Ainsi, le Christ occupe-t-il une position centrale à la fois par rapport aux apôtres, mais aussi par rapport au mur du fond de la fresque, comme un second tableau dans le premier. Un effet renforcé par le placement de Judas de l'autre côté de la table parmi les autres apôtres, et non à part, contrairement à la tradition.
Tous les apôtres sont donc eux-mêmes répartis symétriquement par rapport au Christ, en quatre groupes de trois, mais les groupes sont dissymétriques entre eux, donnant ainsi de l'animation à la scène et faisant paraître plus naturelle une composition pourtant très géométrique et réfléchie.
En effet, cette répartition est soulignée encore par le décor, puisque les apôtres se trouvent placés devant une série de quatre tentures et de trois portes sur chaque mur latéral, et devant trois ouvertures pour le mur du fond, tandis que le plafond est composé de deux séries de trois rangées de caissons placées de part et d'autre d'un double axe central.
Une construction qui reprend enfin l'architecture dans laquelle la peinture a été réalisée : la Cène se trouve sous trois lunettes qui prolongent la salle du réfectoire, dans lesquelles Léonard a placé les armoiries de la famille Sforza, répartissant ainsi les apôtres en deux groupes à l'extérieur sous les plus petits arcs et deux groupes avec le Christ ensemble sous l'arc central.
Léonard exploite donc jusqu'à ses limites le principe de la perspective centrale. Une perspective très géométrique et régulière qu'il abandonne ensuite comme principe de construction de ses tableaux : la table et les apôtres semblent être peints en avant du plan du début de la perspective, au point que le cadre et la bordure peinte sont dépassés par un des apôtres, sur la droite, et donc par l'ensemble de la table et des convives.
D'une part, les lignes de la composition toute entière (cf. dans le schéma : lignes rouges) passent par un point de fuite unique (A), sur la ligne d'horizon (cf. dans le schéma : ligne orange), situé sur la temple droite du Christ (Léonard avait, à cet effet, accroché des fils à un clou planté dans la temple du Christ, dont le trou est encore visible aujourd'hui, les restaurateurs n'ayant pas souhaité le cacher) ; d'autre part, les lignes de la seule table (cf. dans le schéma : lignes turquoise) convergent dans un point de fuite secondaire (B), situé légèrement au-dessus de l'horizon (cf. dans le schéma : ligne verte).
Les lignes de la composition tout entière (rouge) passent par un point de fuite unique (A), sur la ligne d'horizon (orange), situé sur la tempe droite du Christ. En revanche, les lignes de la seule table (turquoise) convergent dans un point de fuite secondaire (B), situé légèrement au-dessus de l'horizon (vert).
Par ailleurs, Léonard a adopté une perspective en partie délibérément faussée (voir schéma ci-contre). Les points de fuite sont en effet au nombre de deux : d'une part, les lignes de la composition tout entière (cf. dans le schéma : lignes rouges) passent par un point de fuite unique (A), sur la ligne d'horizon (cf. dans le schéma : ligne orange), situé sur la tempe droite du Christ (Léonard avait, à cet effet, accroché des fils à un clou planté dans la tempe du Christ, dont le trou est encore visible aujourd'hui, les restaurateurs n'ayant pas souhaité le cacher) ; d'autre part, les lignes de la seule table (cf. dans le schéma : lignes turquoise) convergent dans un point de fuite secondaire (B), situé dans la chevelure du Christ, légèrement au-dessus de l'horizon (cf. dans le schéma : ligne verte). La fonction de ce deuxième point de fuite (B) est de permettre au spectateur de voir les objets posés sur la table ; en effet, si celle-ci avait été dessinée en respectant rigoureusement les lignes de fuite de la composition tout entière (cf. schéma : lignes rouges, convergeant dans le point A), la perspective du plan supérieur de la table à manger aurait été tellement en raccourci qu'il aurait été impossible d'en montrer aisément le contenu (vaisselle, plats, pains, etc.).