Réponse :

Comme une religieuse, elle se cloître dans sa vérité : elle a raison parce qu’elle défend son frère, un homme, non un chien, à qui Créon veut voler sa mort. Elle nous fascine parce qu’elle est jeune, qu’elle accepte de mourir sans tarder. Attirée par la mort, elle ne dit jamais oui à la vie. Antigone refuse la naissance, son nom même indique qu’elle est « contre la génération », « Antigone ». Elle préfère son frère mort à sa sœur vivante. Elle « exécute » Ismène, elle l’exclut, elle l’écarte définitivement. On ne parle plus d’Ismène dans le reste de la pièce après leurs deux scènes communes. C’est très étonnant. Résistance, oui. Valeur fondamentale d’Antigone, oui, mais en même temps restriction et repliement sur une résistance au point de perdre des repères de vie. On est ému par le courage, la force de résistance de cette jeune femme qui fait basculer Créon du côté de la tyrannie alors qu’il aurait tant voulu au contraire fonder un État juste. Mais lui aussi a préféré la mort à la vie, en voulant régler des comptes avec un cadavre !

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