Bonjour, pour demain je dois décrire l'Affiche de N. HOLT pour Enfance de N. SARRAUTE, Théâtre de l'Atalante 2012 et donner le sens.
Et le liens entre le texte et l'image.
Voici le texte :
Mes soirées, quand j’étais dans mon lit, étaient consacrées à maman, à pleurer en sortant de sous mon oreiller sa photo, où elle était assise auprès de Kolia, à l’embrasser et à lui dire que je n’en pouvais plus d’être loin d’elle, qu’elle vienne me chercher…
Il avait été entendu entre maman et moi que si j’étais heureuse je lui écrirais : « Ici je suis très heureuse », en soulignant « très ». Et seulement « Je suis heureuse », si je ne l’étais pas. C’est ce qu’un jour je m’étais décidée à lui écrire à la fin d’une lettre… je n’avais plus la force d’attendre encore plusieurs mois, jusqu’en septembre, qu’elle vienne me reprendre. Je lui ai donc écrit : « Je suis heureuse ici. »
Quelque temps après, mon père m’appelle. Je le voyais très peu. Il partait le matin vers sept heures, quand je dormais, et rentrait le soir très fatigué, préoccupé, le repas s’écoulait souvent en silence. Véra parlait très peu. Les mots qu’elle proférait étaient toujours brefs, les voyelles comme écrasées entre les consonnes, comme pour que chaque mot prenne moins de place. Même mon nom, elle le prononçait en supprimant presque les a. Ce qui devenait un son – ou plutôt un bruit étrange – N’t’che…
Après le diner, mon père, je le sentais, était content que j’aille me coucher… et moi-même je préférais aller dans ma chambre.
- Tu ne faisais pas qu’y pleurer…
- Non, je devais lire, comme toujours… je me souviens d’un livre de Mayne Reid, que mon père m’avait donné. Il l’avait aimé quand il était petit… moi il ne im’amusait pas beaucoup… peut-être étais-je trop jeune… huit ans et demi… je m’évadais des longues descriptions de prairies vers les tirets libérateurs, ouvrant sur les dialogues.
Donc quelques jours après mon envoi de cette lettre à maman, mon père me retient après le diner et m’amène dans son bureau qu’une porte vitrée sépare de la salle à manger… Il me dit : Tu as écrit à ta mère que tu étais malheureuse ici. Je suis stupéfaite : Comment le sais-tu ? – Eh bien j’ai reçu une lettre de ta mère. Elle me fait des reproches, elle me dit qu’on ne s’occupe pas bien de toi, que tu te plains…
Je suis atterrée, accablée sous le coup d’une pareille trahison. Je n’ai donc plus personne au monde à qui me plaindre. Maman ne songe même pas à venir me délivrer, ce qu’elle veut c’est que je reste ici, en me sentant moins malheureuse. Jamais plus je pourrai me confier à elle. Jamais plus je ne pourrai me confier à personne.