Réponse :
Élévation de Charles Baudelaire
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur
, Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
Andrée Chedid
Tous ces riens...
Ces choses du jour à jour
Ces choses frottées d'heures
Coffrées dans l'habitude
Ces cheveux en respect que l'on compte fil à fil
Ces boutons obstinés
Ce col avec son chiffre que l'on connaît par cœur
Ces revers ces ceintures
Ces plis que nos corps commandent qui gravent des ornières dans le champ du tissu
Ces fermetures éclair
qui encagent ou libèrent
Ces soutiens d'une gorge pleine
Ces canapés trop lisses
Ces coussins trop gras
Ces lits aux draps stricts aux édredons ventrus
Ce gant d'une main manquante
Ce soulier d'un pied disparu.
Tous les sommeils
qui nous font ressembler à l'inerte
Tous ces réveils
où la chair avec l'oeil
ne sont plus qu'un décor
Toutes ces traces de nous
Ces traces par nous
Pour nous...
Tout ce vide des objets dont nous sommes plénitude
Tout ce volume des choses dont nous sommes l'absence
Tout ce rire en sourdine
Tout ce triste
plaqué sur la surface des lieux
Tous ces riens
Tout ce tout
L'existence !
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Réponse :
Élévation de Charles Baudelaire
Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,
Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur
, Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !
Andrée Chedid
Tous ces riens...
Ces choses du jour à jour
Ces choses frottées d'heures
Coffrées dans l'habitude
Ces cheveux en respect que l'on compte fil à fil
Ces boutons obstinés
Ce col avec son chiffre que l'on connaît par cœur
Ces revers ces ceintures
Ces plis que nos corps commandent qui gravent des ornières dans le champ du tissu
Ces fermetures éclair
qui encagent ou libèrent
Ces soutiens d'une gorge pleine
Ces canapés trop lisses
Ces coussins trop gras
Ces lits aux draps stricts aux édredons ventrus
Ce gant d'une main manquante
Ce soulier d'un pied disparu.
Tous les sommeils
qui nous font ressembler à l'inerte
Tous ces réveils
où la chair avec l'oeil
ne sont plus qu'un décor
Toutes ces traces de nous
Ces traces par nous
Pour nous...
Tout ce vide des objets dont nous sommes plénitude
Tout ce volume des choses dont nous sommes l'absence
Tout ce rire en sourdine
Tout ce triste
plaqué sur la surface des lieux
Tous ces riens
Tout ce tout
L'existence !