Quand on fait soi-même la signification d’une oeuvre d'art, on se réfère à ses propres connaissances, à son expérience, on se base ce sur quoi elle fait écho en soi, ce qu’elle évoque pour soi. De ce fait, chacun à une vision personnelle d’une œuvre (s’il n’a pas été influencé par autrui), c’est pourquoi quelqu’un pourra considérer une création comme magnifique et impressionnante tandis qu’autrui la jugera minable et inintéressante. C’est ce que démontre Woody Allen dans son film "Hollywood Ending" où il interprète le rôle du personnage principal, un réalisateur un peu dépassé qui a possibilité de faire son "come-back" si la grosse production qu’il tourne remporte du succès. Cependant, il perd malencontreusement la vue à la veille du tournage et il ne peut avouer son handicap inattendu sous peine de perdre son travail. Ainsi, il réalise la totalité de son film "à l’aveuglette", et lorsqu’il recouvre enfin la vue au moment du montage du film, il découvre avec horreur l’œuvre produite. Il doit malgré tout distribuer le film aux cinémas américains, et sa création reçoit des critiques épouvantables de la part du public. Par contre, son film est aussi visionné à Paris où les spectateurs français acclament le génie qu'il est. Par ce film, l’artiste a voulu illustrer le fait que l’explication d’une œuvre peut varier par exemple selon les cultures, en fonction de l’interprétation que l’on en fait, et que la réception est différente chez chacun de nous, ce qui explique pourquoi toute œuvre n’est pas forcément appréciée de tous.
Néanmoins, le jugement d’une œuvre par son spectateur peut évoluer avec le temps, avec l’expérience qu’il aura pris et qui aura provoqué la progression de son interprétation. On peut renouveler par exemple notre raisonnement par des expositions, où l’on découvre qu’il y a toujours une autre façon de voir un artiste et ses œuvres. De même que parfois, on réalise que l’on a uniquement établi un jugement partiel de l’ouvrage puisqu’il manquait à notre interprétation certains détails que l’on n’avait pas remarqués et qui changent complètement la signification du travail réalisé.
Par exemple, le tableau de Léonard de Vinci représentant La Cène, le dernier repas du Christ avec ses apôtres, semble à première vue fidèle au style des œuvres bibliques classiques. Mais si l’on examine la fresque de plus près, on peut constater qu’une main qui n’est rattachée à aucun corps menace le personnage situé à la droite de Jésus, et du fait des ses traits fins, certains pensent qu’il s’agirait en réalité de Marie-Madeleine et non du disciple Jean. En prenant connaissance de ses "nouvelles" informations, l’explication que l’on se faisait jusqu’alors de l’œuvre peut se déformer favorablement ou négativement, en fonction de la nouvelle impression que l’ouvrage nous laisse. Mais,l’interprétation "finale" demeure basée sur notre libre-arbitre car nous sommes libres de choisir ce que l’on croit, d’interpréter et d’expliquer une œuvre selon notre propre opinion.
Certes, une œuvre peut prendre un sens significatif pour soi, du fait de l’explication qu’on s’en sera faite, qui est basée sur notre propre interprétation. Toutefois, il y a-t-il vraiment quelque chose digne d’être interprété dans une création ? Pour Kant, une œuvre d’art est dépourvue de signification, il la considère comme une "finalité sans fin". De même que Nietzsche voit en elle un moyen de surmonter le nihilisme : elle se fait le témoin de la lucidité dont l’homme est capable, qui se traduit par le désir de réaffirmer la vie par-delà l’absurdité et la douleur du monde. Pour ces deux philosophes, le but d’une création est donc d’être appréciée, de plaire par la beauté qu’elle dégage, par son côté esthétique. Mais cet ouvrage ne se fait pas porteur d’un message "caché", codé par l’artiste et destiné à être décelé par le spectateur, elle se doit uniquement d’être plaisante et non une quête de la vérité. Elle permet alors de donner un accès meilleur au monde car elle se veut sincère et mène à renoncer à la présomption d’améliorer l’humanité, de la sauver.
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Bonsoir,
Quand on fait soi-même la signification d’une oeuvre d'art, on se réfère à ses propres connaissances, à son expérience, on se base ce sur quoi elle fait écho en soi, ce qu’elle évoque pour soi. De ce fait, chacun à une vision personnelle d’une œuvre (s’il n’a pas été influencé par autrui), c’est pourquoi quelqu’un pourra considérer une création comme magnifique et impressionnante tandis qu’autrui la jugera minable et inintéressante. C’est ce que démontre Woody Allen dans son film "Hollywood Ending" où il interprète le rôle du personnage principal, un réalisateur un peu dépassé qui a possibilité de faire son "come-back" si la grosse production qu’il tourne remporte du succès. Cependant, il perd malencontreusement la vue à la veille du tournage et il ne peut avouer son handicap inattendu sous peine de perdre son travail. Ainsi, il réalise la totalité de son film "à l’aveuglette", et lorsqu’il recouvre enfin la vue au moment du montage du film, il découvre avec horreur l’œuvre produite. Il doit malgré tout distribuer le film aux cinémas américains, et sa création reçoit des critiques épouvantables de la part du public. Par contre, son film est aussi visionné à Paris où les spectateurs français acclament le génie qu'il est. Par ce film, l’artiste a voulu illustrer le fait que l’explication d’une œuvre peut varier par exemple selon les cultures, en fonction de l’interprétation que l’on en fait, et que la réception est différente chez chacun de nous, ce qui explique pourquoi toute œuvre n’est pas forcément appréciée de tous.
Néanmoins, le jugement d’une œuvre par son spectateur peut évoluer avec le temps, avec l’expérience qu’il aura pris et qui aura provoqué la progression de son interprétation. On peut renouveler par exemple notre raisonnement par des expositions, où l’on découvre qu’il y a toujours une autre façon de voir un artiste et ses œuvres. De même que parfois, on réalise que l’on a uniquement établi un jugement partiel de l’ouvrage puisqu’il manquait à notre interprétation certains détails que l’on n’avait pas remarqués et qui changent complètement la signification du travail réalisé.
Par exemple, le tableau de Léonard de Vinci représentant La Cène, le dernier repas du Christ avec ses apôtres, semble à première vue fidèle au style des œuvres bibliques classiques. Mais si l’on examine la fresque de plus près, on peut constater qu’une main qui n’est rattachée à aucun corps menace le personnage situé à la droite de Jésus, et du fait des ses traits fins, certains pensent qu’il s’agirait en réalité de Marie-Madeleine et non du disciple Jean. En prenant connaissance de ses "nouvelles" informations, l’explication que l’on se faisait jusqu’alors de l’œuvre peut se déformer favorablement ou négativement, en fonction de la nouvelle impression que l’ouvrage nous laisse. Mais,l’interprétation "finale" demeure basée sur notre libre-arbitre car nous sommes libres de choisir ce que l’on croit, d’interpréter et d’expliquer une œuvre selon notre propre opinion.
Certes, une œuvre peut prendre un sens significatif pour soi, du fait de l’explication qu’on s’en sera faite, qui est basée sur notre propre interprétation. Toutefois, il y a-t-il vraiment quelque chose digne d’être interprété dans une création ? Pour Kant, une œuvre d’art est dépourvue de signification, il la considère comme une "finalité sans fin". De même que Nietzsche voit en elle un moyen de surmonter le nihilisme : elle se fait le témoin de la lucidité dont l’homme est capable, qui se traduit par le désir de réaffirmer la vie par-delà l’absurdité et la douleur du monde. Pour ces deux philosophes, le but d’une création est donc d’être appréciée, de plaire par la beauté qu’elle dégage, par son côté esthétique. Mais cet ouvrage ne se fait pas porteur d’un message "caché", codé par l’artiste et destiné à être décelé par le spectateur, elle se doit uniquement d’être plaisante et non une quête de la vérité. Elle permet alors de donner un accès meilleur au monde car elle se veut sincère et mène à renoncer à la présomption d’améliorer l’humanité, de la sauver.
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