Bonjour, quelqu'un pourrait m'expliquer ce texte de Montaigne en philosophie svp?
Qu'on loge un philosophe dans une cage de menus filets de fer clairsemnés, qui soit suspendue 202
haut des tours Notre Dame de Paris, il verra par raison évidente qu'il est impossible qu'il en torbe,
et si* ne se saurait garder (s'il n'a ** accoutumé le métier des recouvreurs***) que la vue de cette
hauteur extrême ne l'épouvante et ne le transisse. Car nous avons assez à faire de nous assurer aux
galeries qui sont en nos clochers, si elles sont façonnées à jour, encore qu'elles soient de pierre. Il y
en a qui n'en peuvent pas seulement supporter la pensée. Qu'on jette une poutre entre ces deux
tours, d'une grosseur telle qu'il nous la faut à nous promener dessus, il n'y a sagesse philosophique
de si grande fermeté, qui puisse nous donner courage d'y marcher, comme nous ferions si elle était
à terre. J'ai souvent essayé cela en nos montagnes de deçà (et si**** suis de ceux qui ne s'effraient
que médiocrement de telles choses) que je ne pouvais souffrir la vue de cette profondeur infinie
sans horreur et tremblement de jarrets et de cuisses, encore qu'il s'en fallût bien ma longueur que je
ne fusse du tout au bord, et n'eusse su choir si je ne me fusse porté à escient au danger.
Montaigne, Essais, II. XIL
* « et si..»: et pourtant...
** « s'il n'a... »: A moins qu'il n'ait...
*** « recouvreurs » : ceux dont le métier consiste à poser des toitures.
**** « et si... »: et pourtant...
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