Aux origines, et dans le cours de toutes les littératures humaines, on trouve des contes dont les animaux sont les héros. L'Inde, l’Asie Mineure, la Finlande et les pays occidentaux sont remplis de ces histoires. Ces légendes ont pris naissance avec l’humanité elle-même. Elles remontent aux lointaines époques de vie pastorale, rurale ou silvestre, où l’homme et les animaux vivaient côte à côte dans une société de tous les instants. Dans ces âges où les êtres se multipliaient sans entraves à la surface de la terre, les hommes pouvaient voir un museau aux aguets dans chaque fourré, une queue touffue disparaître au détour de chaque sentier, une paire d’yeux brillants dans chaque pan d’ombre. Aussi connaissaient-ils parfaitement les coutumes et les ruses de ce gibier qui les attaquait ou qu’ils traquaient à leur tour, et, le soir, accroupis autour du feu du clan, ils faisaient de leurs aventures des récits sans prétention, pour le seul plaisir de revivre en imagination les fortes émotions de la journée.
À une époque beaucoup plus récente, les sages et les savants, qui voulaient faire servir les faits d’expérience courante à la perfection morale des individus, s’emparèrent de ces humbles contes et les modifièrent à leur façon. Ainsi se formèrent les apologues édifiants, ancêtres de la fable, qui, née dans l’Inde, illustrée par des Grecs comme Ésope et Babrius, par des Latins comme Phèdre, trouva sur notre terroir, grâce au génie de La Fontaine, son complet épanouissement.
Le Roman de Renart dérive de ces deux sources. Ses origines sont à la fois populaires et savantes. On ne s’étonnera guère que nous ne sachions presque rien des traditions populaires. Elles semblent avoir été très répandues dans notre moyen âge, et spécialement dans la France du Nord-Ouest, du Nord, et du Nord-Est. Les versions savantes nous sont mieux connues. Si, d’Ésope à La Fontaine, la fable n’eut pas toujours la chance de se voir traitée par de puissants génies, du moins une foule d’esprits estimables et même quelques écrivains de talent ne laissèrent pas que de s’y adonner. De bonne heure, nos clercs en firent des recueils en latin qu’on s’empressa de traduire en français. Cependant, s’il est incontestable que la littérature savante eut sa part d’influence dans la formation du Roman de Renart.
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Aux origines, et dans le cours de toutes les littératures humaines, on trouve des contes dont les animaux sont les héros. L'Inde, l’Asie Mineure, la Finlande et les pays occidentaux sont remplis de ces histoires. Ces légendes ont pris naissance avec l’humanité elle-même. Elles remontent aux lointaines époques de vie pastorale, rurale ou silvestre, où l’homme et les animaux vivaient côte à côte dans une société de tous les instants. Dans ces âges où les êtres se multipliaient sans entraves à la surface de la terre, les hommes pouvaient voir un museau aux aguets dans chaque fourré, une queue touffue disparaître au détour de chaque sentier, une paire d’yeux brillants dans chaque pan d’ombre. Aussi connaissaient-ils parfaitement les coutumes et les ruses de ce gibier qui les attaquait ou qu’ils traquaient à leur tour, et, le soir, accroupis autour du feu du clan, ils faisaient de leurs aventures des récits sans prétention, pour le seul plaisir de revivre en imagination les fortes émotions de la journée.
À une époque beaucoup plus récente, les sages et les savants, qui voulaient faire servir les faits d’expérience courante à la perfection morale des individus, s’emparèrent de ces humbles contes et les modifièrent à leur façon. Ainsi se formèrent les apologues édifiants, ancêtres de la fable, qui, née dans l’Inde, illustrée par des Grecs comme Ésope et Babrius, par des Latins comme Phèdre, trouva sur notre terroir, grâce au génie de La Fontaine, son complet épanouissement.
Le Roman de Renart dérive de ces deux sources. Ses origines sont à la fois populaires et savantes. On ne s’étonnera guère que nous ne sachions presque rien des traditions populaires. Elles semblent avoir été très répandues dans notre moyen âge, et spécialement dans la France du Nord-Ouest, du Nord, et du Nord-Est. Les versions savantes nous sont mieux connues. Si, d’Ésope à La Fontaine, la fable n’eut pas toujours la chance de se voir traitée par de puissants génies, du moins une foule d’esprits estimables et même quelques écrivains de talent ne laissèrent pas que de s’y adonner. De bonne heure, nos clercs en firent des recueils en latin qu’on s’empressa de traduire en français. Cependant, s’il est incontestable que la littérature savante eut sa part d’influence dans la formation du Roman de Renart.
lit et fait un résumer de ca