Si le bonheur ne dépend pas de la liberté, existe-t-il un intérêt à être libre ? d’autant qu’on peut souffrir de sa liberté, les héros des tragédies le prouvent : ils sont libres de choisir mais quel choix ! ils ne peuvent s’y résoudre mais y sont, en quelque sorte, forcés par le destin, d’où un certain paradoxe, ce qui démontre bien le véritable caractère de la liberté ; en effet, pour les stoïciens, être libre, c’est accepter l’inéluctable déterminisme : toute action humaine dépend des événements qui la précèdent, la notion de libre arbitre est donc réfutée. Le bonheur repose, lui, sur une sagesse, c’est-à-dire une résignation… il faut subir et accepter ce que l’on ne peut éviter, et dès lors, nous serons heureux. Ainsi les moralistes condamnent-ils le désir car ils placent l’homme hors de son bonheur naturel pour des choses superflues ou vaines. Cela explique bien qu’un prisonnier, par exemple, peut être heureux en prison tandis que le gardien de cette dernière, forcé à aller travailler tous les jours, ne connaît pas le bonheur, non par manque de libertés, mais parce qu’il n’accepte pas ce qui lui arrive. "Vivons heureux en attendant la mort !" disait Pierre Desproges ; car oui, nous savons ce qui nous attend ; et il vaut mieux penser à autre chose plutôt que de se morfondre sur son destin : celui qui craint d’aller travailler parce qu’il n’aime pas son métier sera malheureux tandis que s’il évite d’y penser ou s’il l’accepte, il pourra se consacrer au bon-heur. Celui du prisonnier dépend de son environnement, soit de l’état de la prison et de ses conditions de vie ; cela dit, s’il est en prison, il ne doit cette peine qu’à son forfait, et il est plus ou moins facile de l’accepter puisqu’il n’est en prison que par sa faute. De toute évidence, chaque homme est libre d’être heureux et de trouver le bonheur, quels que soient son environnement et les situations auxquelles il doit faire face puisqu’il est censé, pour être heureux, les accepter.
C’est la seule liberté dont il dispose et son bonheur ne peut être que par elle ! Or, chaque individu jouit de cette liberté mais aucun n’est totalement heureux. Le bonheur existe-il alors ? Cette unique liberté nuit-elle au bonheur ?
Le malheur, pour l’homme, consiste à désirer ce qui n’est pas à sa portée. Pour être à peu près heureux, il doit se contenter de ce qu’il a ; en effet, c’est par le caractère vain du désir que l’homme s’égare. Ainsi pourra-t-il disposer d’une liberté à sa mesure et celle-ci lui permettra de disposer d’un certain bonheur… Mais la liberté n’est pas essentielle au bonheur : l’homme, pour combler son ennui, doit se divertir ; toutefois, elle peut constituer un avantage, bien qu’un individu sans libertés soit lui aussi à même d’éprouver le bonheur ; il suffit d’accepter ce qui nous arrive, cela n’étant pas le fruit de notre volonté. Or, pour Sartre, l’homme dispose d’une liberté infinie et n’a donc aucune excuse quant aux événements qu’il doit subir. Il pourrait donc faire en sorte d’éprouver le bonheur mais comme il ignore les conséquences de ses choix, il erre dans sa vie à l’aveuglette et soit ne touche jamais le bonheur, soit il le détruit avant d’en profiter, simplement parce qu’il ignore l’avoir atteint.
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Si le bonheur ne dépend pas de la liberté, existe-t-il un intérêt à être libre ? d’autant qu’on peut souffrir de sa liberté, les héros des tragédies le prouvent : ils sont libres de choisir mais quel choix ! ils ne peuvent s’y résoudre mais y sont, en quelque sorte, forcés par le destin, d’où un certain paradoxe, ce qui démontre bien le véritable caractère de la liberté ; en effet, pour les stoïciens, être libre, c’est accepter l’inéluctable déterminisme : toute action humaine dépend des événements qui la précèdent, la notion de libre arbitre est donc réfutée. Le bonheur repose, lui, sur une sagesse, c’est-à-dire une résignation… il faut subir et accepter ce que l’on ne peut éviter, et dès lors, nous serons heureux. Ainsi les moralistes condamnent-ils le désir car ils placent l’homme hors de son bonheur naturel pour des choses superflues ou vaines. Cela explique bien qu’un prisonnier, par exemple, peut être heureux en prison tandis que le gardien de cette dernière, forcé à aller travailler tous les jours, ne connaît pas le bonheur, non par manque de libertés, mais parce qu’il n’accepte pas ce qui lui arrive. "Vivons heureux en attendant la mort !" disait Pierre Desproges ; car oui, nous savons ce qui nous attend ; et il vaut mieux penser à autre chose plutôt que de se morfondre sur son destin : celui qui craint d’aller travailler parce qu’il n’aime pas son métier sera malheureux tandis que s’il évite d’y penser ou s’il l’accepte, il pourra se consacrer au bon-heur. Celui du prisonnier dépend de son environnement, soit de l’état de la prison et de ses conditions de vie ; cela dit, s’il est en prison, il ne doit cette peine qu’à son forfait, et il est plus ou moins facile de l’accepter puisqu’il n’est en prison que par sa faute. De toute évidence, chaque homme est libre d’être heureux et de trouver le bonheur, quels que soient son environnement et les situations auxquelles il doit faire face puisqu’il est censé, pour être heureux, les accepter.
C’est la seule liberté dont il dispose et son bonheur ne peut être que par elle ! Or, chaque individu jouit de cette liberté mais aucun n’est totalement heureux. Le bonheur existe-il alors ? Cette unique liberté nuit-elle au bonheur ?
Le malheur, pour l’homme, consiste à désirer ce qui n’est pas à sa portée. Pour être à peu près heureux, il doit se contenter de ce qu’il a ; en effet, c’est par le caractère vain du désir que l’homme s’égare. Ainsi pourra-t-il disposer d’une liberté à sa mesure et celle-ci lui permettra de disposer d’un certain bonheur… Mais la liberté n’est pas essentielle au bonheur : l’homme, pour combler son ennui, doit se divertir ; toutefois, elle peut constituer un avantage, bien qu’un individu sans libertés soit lui aussi à même d’éprouver le bonheur ; il suffit d’accepter ce qui nous arrive, cela n’étant pas le fruit de notre volonté. Or, pour Sartre, l’homme dispose d’une liberté infinie et n’a donc aucune excuse quant aux événements qu’il doit subir. Il pourrait donc faire en sorte d’éprouver le bonheur mais comme il ignore les conséquences de ses choix, il erre dans sa vie à l’aveuglette et soit ne touche jamais le bonheur, soit il le détruit avant d’en profiter, simplement parce qu’il ignore l’avoir atteint.