Bonsoir à tous, pouvez-vous me proposer une problématique et un plan détaillé de l'extrait ci-dessous, s'il vous plaît ? Je stagne sur ce travail ...
Il s'agit d'un extrait de Contes et Entretiens de Diderot :
" MOI. Je les connais, C'est l'histoire du calzolaio de Messine.
MON FRÈRE. Précisément.
LE PRIEUR. Et ce calzolaio, que faisait-il ?
MON FRÈRE. L'historien raconte que, né vertueux, ami de l'ordre et de la justice, il avait beaucoup à souffrir dans un pays où les lois n'étaient pas seule¬ment sans vigueur, mais sans exercice. Chaque jour était marqué par quelque crime. Des assassins connus marchaient tête levée, et bravaient l'indi¬gnation publique. Des parents se désolaient sur leurs filles séduites et jetées du déshonneur dans la misère, par la cruauté des ravisseurs. Le monopole enle¬vait à l'homme laborieux sa subsistance et celle de ses enfants ; des concus¬sions de toute espèce arrachaient des larmes amères aux citoyens opprimés. Les coupables échappaient au châtiment, ou par leur crédit, ou par leur argent, ou par le subterfuge des formes. Le calzolaio voyait tout cela ; il en avait le cœur percé ; et il rêvait sans cesse sur sa selle aux moyens d'arrêter ces désor¬dres.
LE PRIEUR. Que pouvait un pauvre diable comme lui ?
MON FRÈRE. Vous allez le savoir. Un jour, il établit une cour de justice dans sa boutique.
LE PRIEUR. Comment cela ?
MOI. Le prieur voudrait qu'on lui expédiât un récit, comme il expédie ses matines.
LE PRIEUR. Pourquoi non ? L'art oratoire veut que le récit soit bref, et l’Évangile que la prière soit courte.
MON FRÈRE. Au bruit de quelque délit atroce, il en informait ; il en poursuivait chez lui une instruction rigoureuse et secrète. Sa double fonction de rapporteur et de juge remplie, le procès criminel parachevé, et la sentence prononcée, il sortait avec une arquebuse sous son manteau ; et, le jour, s'il rencontrait les malfaiteurs dans quelques lieux écartés, ou la nuit, dans leurs tournées, il vous leur déchargeait équitablement cinq ou six balles à travers le corps.
LE PRIEUR. Je crains bien que ce brave homme-là n'ait été rompu vif. J'en suis fâché.
MON FRÈRE. Après l'exécution, il laissait le cadavre sur la place sans en approcher, et regagnait sa demeure, content comme quelqu'un qui aurait tué un chien enragé.
LE PRIEUR. En tua-t-il beaucoup de ces chiens-là ?
MON FRÈRE. On en comptait plus de cinquante, et tous de haute condi¬tion ; lorsque le vice-roi proposa deux mille écus de récompense au délateur ; et jura, en face des autels, de pardonner au coupable s'il se déférait lui-même.
LE PRIEUR. Quelque sot !
MON FRÈRE. Dans la crainte que le soupçon et le châtiment ne tombas¬sent sur un innocent...
LE PRIEUR. Il se présenta au vice-roi !
MON FRÈRE. Il lui tint ce discours : “ J'ai fait votre devoir. C'est moi qui ai condamné et mis à mort les scélérats que vous deviez punir. Voilà les procès-verbaux qui constatent leurs forfaits. Vous y verrez la marche de la procédure judiciaire que j'ai suivie. J'ai été tenté de commencer par vous ; mais j'ai respecté dans votre personne le maître auguste que vous représentez. Ma vie est entre vos mains, et vous en pouvez disposer ”.
LE PRIEUR. Ce qui fut fait.
MON FRÈRE. Je l'ignore ; mais je sais qu'avec tout ce beau zèle pour la justice, cet homme n'était qu'un meurtrier."
Merci d'avance pour votre aide.