En Chine, l’urbanisation est retardée jusqu’aux années 1990, puis s’accélère en périphérie des très grandes villes dès les années 2000. La ville de Shanghai, située en Chine de l’Est, connaît alors une croissance spectaculaire. Cette municipalité de rang provincial se rend capable de moderniser sa physionomie urbaine, de mobiliser l’ensemble de son territoire afin d’opérer un desserrement, puis un redéploiement polycentrique de ses activités et de sa population vers ses villes nouvelles.
Depuis 1978, la population résidante totale de Shanghai a plus que doublé. En 2013, la municipalité accueille, sur un territoire de 6 340 km² (la moitié de l’Île-de-France), plus de 24,2 millions d’habitants résidants, dont près de 9,9 millions ne sont pas enregistrés à ShanghaiTableau 1 : La population de la municipalité de Shanghai en 2013
Population à Shanghai en 2013 Nombre d’habitants (millions) Part (en %) Part (en %)
Population résidante totale 24,2 100
- dont population enregistrée shanghaienne 14,3 59 100
- dont hukou agricole 1,4 6 10
- dont hukou non agricole 12,9 53 90
- dont population résidante non shanghaienne 9,9 41 Entre 1979 et 2009, la surface urbanisée dans la municipalité passe ainsi de 255 km² à 2 970 km², soit une croissance moyenne de 90 km²/an (tableau 2).
Tableau 2 : L’évolution des surfaces urbanisées de la municipalité de Shanghai entre 1979 et 2009
Années Surface urbanisée (km²)
1979 254,92
1990 832,46
2000 1 529,43
2009 2 968,01
1979-2009 + 2 713, soit 90 km²/an
Source : Yin, Jie, et al., 2011, « Monitoring urban expansion and land use/ land cover changes of Shanghai metropolitan area during the transitional economy (1979-2009) in China », Environ Monit Assess, p. 613-615.
Les surfaces bâties construites à Shanghai restent relativement stables durant les années 1980 (80 km²), avant de connaître plusieurs pics de croissance comme en 1994 à la réouverture du marché de l’immobilier (155 km²), en 1998 à l’extrême de la bulle immobilière asiatique (191 km²) et à partir de 2002 avec une très forte hausse, lorsque la ville de Shanghai est officiellement retenue pour accueillir l’Exposition universelle de 2010. Les surfaces bâties sont alors multipliées par 2,5 entre 2002 et 2006, avec respectivement 259 et 650 km² construits (graphique 1).
L’ampleur de cette croissance urbaine et la singularité de ses rythmes mettent au défi l’intégration des nouvelles périphéries urbaines au système métropolitain (Henriot, 2013b). Ce corpus documentaire s’intéresse à la périphérisation de Shanghai et son aménagement polycentrique, et ce à plusieurs échelles. À l’échelle de la ville-centre, tout d’abord, la Municipalité reprend possession de son espace urbain dans les années 1990 et opère d’importantes modernisations de son tissu urbain. À l’échelle de la municipalité, plusieurs programmes d’aménagements de villes nouvelles articulés à la construction de grands équipements structurent un redéploiement polycentrique puis hiérarchisé du territoire municipal dans les années 2000. À l’échelle des villes nouvelles, de véritables pôles de desserrement multifonctionnels accueillant des populations aux origines très différentes s'organisent au tournant des années 2010.
Graphique 1 : Les surfaces construites à Shanghai entre 1978 et 2013
Source : Shanghai Statistical Yearbook 2014, tableau 14-1.Entre 1949 et la fin des années 1980, faute d’investissements, le centre-ville de Shanghai conserve le « paysage gelé » des concessions (Bergère, 2002 et 2005). Au contraire, à l’échelle du territoire municipal, et depuis l’annexion, en 1958, de districts ruraux détachés des provinces voisines, il existe une volonté politique de favoriser un réaménagement des périphéries avec le lancement d’un programme de villes-satellites pour soutenir le redéploiement de l’industrie dans l’ensemble du territoire municipal de Shanghai. La banlieue connaît une différenciation fonctionnelle suivant un gradient concentrique. À proximité immédiate de Shanghai, la proche banlieue (jinjiao) est dévolue aux cultures vivrières intensives et accueille les « nouveaux villages » (xincun) ; en périphérie plus éloignée (yuanjiao), les nouvelles banlieues industrielles et les villes-satellites (weixing cheng), peu équipées et mal intégrées au tissu urbain, voisinent avec une agriculture moins intensive, orientée vers la riziculture et la céréaliculture (Kirkby, 1987). Cette organisation spatiale demeure jusqu’à la fin des années 1980 : la ville de Shanghai connaît une forte industrialisation, mais un développement urbain limité, avec une exploitation maximale des équipements et infrastructures hérités.
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En Chine, l’urbanisation est retardée jusqu’aux années 1990, puis s’accélère en périphérie des très grandes villes dès les années 2000. La ville de Shanghai, située en Chine de l’Est, connaît alors une croissance spectaculaire. Cette municipalité de rang provincial se rend capable de moderniser sa physionomie urbaine, de mobiliser l’ensemble de son territoire afin d’opérer un desserrement, puis un redéploiement polycentrique de ses activités et de sa population vers ses villes nouvelles.
Depuis 1978, la population résidante totale de Shanghai a plus que doublé. En 2013, la municipalité accueille, sur un territoire de 6 340 km² (la moitié de l’Île-de-France), plus de 24,2 millions d’habitants résidants, dont près de 9,9 millions ne sont pas enregistrés à ShanghaiTableau 1 : La population de la municipalité de Shanghai en 2013
Population à Shanghai en 2013 Nombre d’habitants (millions) Part (en %) Part (en %)
Population résidante totale 24,2 100
- dont population enregistrée shanghaienne 14,3 59 100
- dont hukou agricole 1,4 6 10
- dont hukou non agricole 12,9 53 90
- dont population résidante non shanghaienne 9,9 41 Entre 1979 et 2009, la surface urbanisée dans la municipalité passe ainsi de 255 km² à 2 970 km², soit une croissance moyenne de 90 km²/an (tableau 2).
Tableau 2 : L’évolution des surfaces urbanisées de la municipalité de Shanghai entre 1979 et 2009
Années Surface urbanisée (km²)
1979 254,92
1990 832,46
2000 1 529,43
2009 2 968,01
1979-2009 + 2 713, soit 90 km²/an
Source : Yin, Jie, et al., 2011, « Monitoring urban expansion and land use/ land cover changes of Shanghai metropolitan area during the transitional economy (1979-2009) in China », Environ Monit Assess, p. 613-615.
Les surfaces bâties construites à Shanghai restent relativement stables durant les années 1980 (80 km²), avant de connaître plusieurs pics de croissance comme en 1994 à la réouverture du marché de l’immobilier (155 km²), en 1998 à l’extrême de la bulle immobilière asiatique (191 km²) et à partir de 2002 avec une très forte hausse, lorsque la ville de Shanghai est officiellement retenue pour accueillir l’Exposition universelle de 2010. Les surfaces bâties sont alors multipliées par 2,5 entre 2002 et 2006, avec respectivement 259 et 650 km² construits (graphique 1).
L’ampleur de cette croissance urbaine et la singularité de ses rythmes mettent au défi l’intégration des nouvelles périphéries urbaines au système métropolitain (Henriot, 2013b). Ce corpus documentaire s’intéresse à la périphérisation de Shanghai et son aménagement polycentrique, et ce à plusieurs échelles. À l’échelle de la ville-centre, tout d’abord, la Municipalité reprend possession de son espace urbain dans les années 1990 et opère d’importantes modernisations de son tissu urbain. À l’échelle de la municipalité, plusieurs programmes d’aménagements de villes nouvelles articulés à la construction de grands équipements structurent un redéploiement polycentrique puis hiérarchisé du territoire municipal dans les années 2000. À l’échelle des villes nouvelles, de véritables pôles de desserrement multifonctionnels accueillant des populations aux origines très différentes s'organisent au tournant des années 2010.
Graphique 1 : Les surfaces construites à Shanghai entre 1978 et 2013
Source : Shanghai Statistical Yearbook 2014, tableau 14-1.Entre 1949 et la fin des années 1980, faute d’investissements, le centre-ville de Shanghai conserve le « paysage gelé » des concessions (Bergère, 2002 et 2005). Au contraire, à l’échelle du territoire municipal, et depuis l’annexion, en 1958, de districts ruraux détachés des provinces voisines, il existe une volonté politique de favoriser un réaménagement des périphéries avec le lancement d’un programme de villes-satellites pour soutenir le redéploiement de l’industrie dans l’ensemble du territoire municipal de Shanghai. La banlieue connaît une différenciation fonctionnelle suivant un gradient concentrique. À proximité immédiate de Shanghai, la proche banlieue (jinjiao) est dévolue aux cultures vivrières intensives et accueille les « nouveaux villages » (xincun) ; en périphérie plus éloignée (yuanjiao), les nouvelles banlieues industrielles et les villes-satellites (weixing cheng), peu équipées et mal intégrées au tissu urbain, voisinent avec une agriculture moins intensive, orientée vers la riziculture et la céréaliculture (Kirkby, 1987). Cette organisation spatiale demeure jusqu’à la fin des années 1980 : la ville de Shanghai connaît une forte industrialisation, mais un développement urbain limité, avec une exploitation maximale des équipements et infrastructures hérités.