Ce fut ma nièce qui alla ouvrir quand on frappa. Elle venait de
me servir mon café, comme chaque soir (le café me fait dormir).
J’étais assis au fond de la pièce, relativement dans l’ombre. La porte
donne sur le jardin, de plain-pied. Tout le long de la maison court
un trottoir de carreaux rouges très commode quand il pleut. Nous
entendîmes marcher, le bruit des talons sur le carreau. Ma nièce me
regarda et posa sa tasse. Je gardai la mienne dans mes mains.
Il faisait nuit, pas très froid : ce novembre-là ne fut pas très froid.
Je vis l’immense silhouette, la casquette plate, l’imperméable jeté
sur les épaules comme une cape.
Ma nièce avait ouvert la porte et restait silencieuse. Elle avait
rabattu la porte sur le mur, elle se tenait elle-même contre le mur,
sans rien regarder. Moi je buvais mon café, à petits coups.
L’officier, à la porte, dit : « S’il vous plaît. » Sa tête fit un petit
salut. Il sembla mesurer le silence. Puis il entra.
La cape glissa sur son avant-bras, il salua militairement et se
découvrit. Il se tourna vers ma nièce, sourit discrètement en
inclinant très légèrement le buste. Puis il me fit face et m’adressa
une révérence plus grave. Il dit : « Je me nomme Werner von
Ebrennac. » J’eus le temps de penser, très vite : « Le nom n’est pas
allemand. Descendant d’émigré protestant ? » Il ajouta : « Je suis
désolé. »
Le dernier mot, prononcé en traînant, tomba dans le silence. Ma
nièce avait fermé la porte et restait adossée au mur, regardant droit
devant elle. Je ne m’étais pas levé. Je déposai lentement ma tasse
vide sur l’harmonium et croisai mes mains et attendis.
L’officier reprit : « Cela était naturellement nécessaire. J’eusse
évité si cela était possible. Je pense mon ordonnance fera tout pour
votre tranquillité. » Il était debout au milieu de la pièce. Il était
immense et très mince. En levant le bras il eût touché les solives.
Sa tête était légèrement penchée en avant, comme si le cou n’eût
pas été planté sur les épaules, mais à la naissance de la poitrine. Il
n’était pas voûté, mais cela faisait comme s’il l’était. Ses hanches et
ses épaules étroites étaient impressionnantes. Le visage était beau.
Viril et marqué de deux grandes dépressions le long des joues. On
ne voyait pas les yeux, que cachait l’ombre portée de l’arcade. Ils me
parurent clairs. Les cheveux étaient blonds et souples, jetés en
arrière, brillant soyeusement sous la lumière du lustre.
Le silence se prolongeait. Il devenait de plus en plus épais,
comme le brouillard du matin. Epais et immobile. L’immobilité de
ma nièce, la mienne aussi sans doute, alourdissaient ce silence, le
rendaient de plomb. L’officier lui-même, désorienté, restait
immobile, jusqu’à ce qu’enfin je visse naître un sourire sur ses
lèvres. Son sourire était grave et sans nulle trace d’ironie. Il ébaucha
un geste de la main, dont la signification m’échappa. Ses yeux se
posèrent sur ma nièce, toujours raide et droite, et je pus regarder
moi-même à loisir le profil puissant, le nez proéminent et mince. Je
voyais, entre les lèvres mi-jointes, briller une dent d’or. Il détourna
enfin les yeux et regarda le feu dans la cheminée et dit : « J’éprouve
un grand estime pour les personnes qui aiment leur patrie », et il
leva brusquement la tête et fixa l’ange sculpté au-dessus de la
fenêtre. « Je pourrais maintenant monter à ma chambre, dit-il. Mais
je ne connais pas le chemin. » Ma nièce ouvrit la porte qui donne
sur le petit escalier et commença de gravir les marches, sans un
regard pour l’officier, comme si elle eût été seule. L’officier la suivit.
Je vis alors qu’il avait une jambe raide.

a partire de ce texte je dois ecrit un dialogue entre le narateur et sa niece sur la conduite a tenir avec l'oficier la niece est resolu a l'ignorer alors que le narateru lui hesite ecrit un dialogue ou chqu'un defend son point de vue et essai de convaicre l'autre
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