faire le comentaire du texte suivant : Émile Zola, Nana (1880) Actrice sans talent, mais dont les formes généreuses plaisent au public, Nana connaît un succès croissant et devient une «cocotte», une prostituée mondaine très en vue. Cependant, elle quitte tout pour emménager avec un homme, Fontan, qui la bat et lui soutire l'argent qu'elle gagne en se prostituant désormais dans les bas-fonds. Forcée d'arpenter les boulevards en quête de clients, elle craint de se faire arrêter par la police. Nana écoutait ces choses, prise de frayeurs croissantes. Elle avait toujours tremblé devant la loi, cette puissance inconnue, cette vengeance des hommes qui pouvaient la supprimer, sans que personne au monde la défendit. Saint- Lazareª lui apparaissait comme une fosse, un trou noir où l'on enterrait les s femmes vivantes, après leur avoir coupé les cheveux. Elle se disait bien qu'il lui aurait suffi de lâcher Fontan pour trouver des protections; Satin avait beau lui parler de certaines listes de femmes, accompagnées de photographies, que les agents devaient consulter, avec défense de jamais toucher à celles-là: elle n'en gardait pas moins un tremblement, elle se voyait toujours bousculée, traînée, 10 jetée le lendemain à la visite; et ce fauteuil de la visite l'emplissait d'angoisse et de honte, elle qui avait lancé vingt fois sa chemise par-dessus les moulins. Justement, vers la fin de septembre, un soir qu'elle se promenait avec Satin sur le boulevard Poissonnière, celle-ci tout d'un coup se mit à galoper. Et, comme elle l'interrogeait: «Les agents, souffla-t-elle. Hue donc! hue donc!>> Ce fut, au milieu de la cohue, une course folle. Des jupes fuyaient, se déchi- raient. Il y eut des coups et des cris. Une femme tomba. La foule regardait avec des rires la brutale agression des agents, qui, rapidement, resserraient leur cercle. Cependant, Nana avait perdu Satin. Les jambes mortes, elle allait sûre- 20 ment être arrêtée, lorsqu'un homme, l'ayant prise à son bras, l'emmena devant les agents furieux. C'était Prullières qui venait de la reconnaître. Sans parler, il tourna avec elle dans la rue Rougemont, alors déserte, où elle put souffler, si défaillante, qu'il dut la soutenir. Elle ne le remerciait seulement pas. «Voyons, dit-il enfin, il faut te remettre... Monte chez moi >> 25 Il logeait à côté, rue Bergère. Mais elle se redressa aussitôt. «Non, je ne veux pas.>> 15 Alors, il devint grossier, reprenant: «Puisque tout le monde y passe.... Hein? Pourquoi ne veux-tu pas? - Parce que.»> Cela disait tout, dans son idée. Elle aimait trop Fontan pour le trahir avec un ami. Les autres ne comptaient pas, du moment qu'il n'y avait pas de plaisir et que c'était par nécessité. Devant cet entêtement stupide, Prullière commit une lâcheté de joli homme vexé dans son amour-propre. «Eh bien! à ton aise, déclara-t-il. Seulement, je ne vais pas de ton côté, ma 35 chère... Tire-toi d'affaire toute seule. >> Et il l'abandonna. Son épouvante la reprit, elle fit un détour énorme pour rentrer à Montmartre, filant raide le long des boutiques, pâlissant dès qu'un homme s'approchait d'elle.
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Le texte décrit la peur et l'angoisse de Nana face à la police et à la perspective d'être arrêtée et emprisonnée. On voit également sa loyauté envers son amant Fontan, qui est plus important pour elle que les avantages offerts par Prullières. Le texte montre également la brutalité de la police et la violence de la société parisienne du XIXe siècle, où les femmes sont souvent exploitées et opprimées.
Le style d'écriture de Zola est réaliste et dépeint sans fard la vie des classes populaires de Paris. Il utilise une langue simple et directe pour décrire les émotions de Nana et la violence de la scène de la rue Poissonnière. Le roman "Nana" est considéré comme l'une des œuvres majeures de la littérature française du XIXe siècle et un exemple important du mouvement naturaliste.