Réponse :
Debout sur la berge, Anthony regardait droit devant lui.
À l’aplomb du soleil, les eaux du lac avaient des lourdeurs
de pétrole. Par instants, ce velours se froissait au passage d’une
carpe ou d’un brochet. Le garçon renifla. L’air était chargé de
cette même odeur de vase, de terre plombée de chaleur. Dans
son dos déjà large, juillet avait semé des taches de rousseur. Il
ne portait rien à part un vieux short de foot et une paire de
fausses Ray-Ban. Il faisait une chaleur à crever, mais ça n’expliquait pas tout.
Anthony venait d’avoir quatorze ans. Au goûter, il s’enfilait
toute une baguette avec des Vache qui Rit. La nuit, il lui arrivait parfois d’écrire des chansons, ses écouteurs sur les oreilles.
Ses parents étaient des cons. À la rentrée, ce serait la troisième.
Le cousin, lui, ne s’en faisait pas. Étendu sur sa serviette, la
belle achetée au marché de Calvi, l’année où ils étaient partis en
colo, il somnolait à demi. Même allongé, il faisait grand. Tout
le monde lui donnait facile vingt-deux ou vingt-trois ans. Le
cousin jouait d’ailleurs de cette présomption pour aller dans des
endroits où il n’aurait pas dû se trouver. Des bars, des boîtes,
des filles.
Anthony tira une clope du paquet glissé dans son short et
demanda son avis au cousin, si des fois lui aussi ne trouvait pas
qu’on s’emmerdait comme pas permis.
Le cousin ne broncha pas. Sous sa peau, on pouvait suivre
le dessin précis des muscles. Par instants, une mouche venait
se poser au pli que faisait son aisselle. Sa peau frémissait alors
comme celle d’un cheval incommodé par un taon. Anthony
Explications :
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Réponse :
Debout sur la berge, Anthony regardait droit devant lui.
À l’aplomb du soleil, les eaux du lac avaient des lourdeurs
de pétrole. Par instants, ce velours se froissait au passage d’une
carpe ou d’un brochet. Le garçon renifla. L’air était chargé de
cette même odeur de vase, de terre plombée de chaleur. Dans
son dos déjà large, juillet avait semé des taches de rousseur. Il
ne portait rien à part un vieux short de foot et une paire de
fausses Ray-Ban. Il faisait une chaleur à crever, mais ça n’expliquait pas tout.
Anthony venait d’avoir quatorze ans. Au goûter, il s’enfilait
toute une baguette avec des Vache qui Rit. La nuit, il lui arrivait parfois d’écrire des chansons, ses écouteurs sur les oreilles.
Ses parents étaient des cons. À la rentrée, ce serait la troisième.
Le cousin, lui, ne s’en faisait pas. Étendu sur sa serviette, la
belle achetée au marché de Calvi, l’année où ils étaient partis en
colo, il somnolait à demi. Même allongé, il faisait grand. Tout
le monde lui donnait facile vingt-deux ou vingt-trois ans. Le
cousin jouait d’ailleurs de cette présomption pour aller dans des
endroits où il n’aurait pas dû se trouver. Des bars, des boîtes,
des filles.
Anthony tira une clope du paquet glissé dans son short et
demanda son avis au cousin, si des fois lui aussi ne trouvait pas
qu’on s’emmerdait comme pas permis.
Le cousin ne broncha pas. Sous sa peau, on pouvait suivre
le dessin précis des muscles. Par instants, une mouche venait
se poser au pli que faisait son aisselle. Sa peau frémissait alors
comme celle d’un cheval incommodé par un taon. Anthony
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