Réponse :
Explications :
Emilie du Chatelet est célèbre mais a souvent été présentée sous un jour qui n’échappe pas aux stéréotypes
de genre : traductrice de Newton, passeuse, vulgarisatrice, frivole maîtresse de Voltaire. Or, il faut insister
sur sa carrière propre et indépendante de scientifique. Après une jeunesse à la cour, et dans le monde, elle
s’émancipe de Voltaire et se spécialise dans le perfectionnement des thèses de Newton. Elle fait la synthèse
avec les intuitions de Leibnitz, qu’elle démontre, participe à des polémiques entre savants, réfute le
secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences dans la « querelle des forces vives ». Pour prendre un
exemple connu des élèves, l’énergie cinétique étudiée en troisième en physique, c’est la marquise du
Chatelet qui prouve par l’expérience que l’énergie cinétique est proportionnelle à la masse multipliée par le
carré de la vitesse. Leibnitz l’avait formulé théoriquement. Newton croyait l’énergie cinétique proportionnelle
à la vitesse. C’est une passionnée : enceinte à 42 deux ans, redoutant l’accouchement qui lui sera fatal, elle
se consacre sans épargner sa santé à achever son œuvre sur Newton.
Emilie du Châtelet et Marie Anne Lavoisier illustrent aussi les limites de la place laissée aux femmes. Elles
sont exceptionnelles. Madame du Chatelet vit dans une élite sociale restreinte et une époque où la maternité
et le mariage peuvent la laisser libre. Mais sa carrière scientifique est courte, entre une jeunesse mondaine
et un décès prématuré. Le couple Lavoisier n’a pas d’enfant. Marie Anne n’est cependant qu’une
collaboratrice de son mari, brillante mais subordonnée. Cas classique, c’est dans son veuvage qu’elle
acquiert liberté et autonomie, continue à fréquenter les physiciens, se remarie, divorce. Mais elle se
consacre surtout à faire valoir la mémoire de son premier mari.
Enfin, ces deux femmes ne sont pas féministes. Emilie du Châtelet s’intègre dans un cercle masculin, mais
dédie ses « Institutions de physique » à son fils et fait donner à ses filles une éducation tout à fait conforme
aux usages du temps.
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Réponse :
Explications :
Emilie du Chatelet est célèbre mais a souvent été présentée sous un jour qui n’échappe pas aux stéréotypes
de genre : traductrice de Newton, passeuse, vulgarisatrice, frivole maîtresse de Voltaire. Or, il faut insister
sur sa carrière propre et indépendante de scientifique. Après une jeunesse à la cour, et dans le monde, elle
s’émancipe de Voltaire et se spécialise dans le perfectionnement des thèses de Newton. Elle fait la synthèse
avec les intuitions de Leibnitz, qu’elle démontre, participe à des polémiques entre savants, réfute le
secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences dans la « querelle des forces vives ». Pour prendre un
exemple connu des élèves, l’énergie cinétique étudiée en troisième en physique, c’est la marquise du
Chatelet qui prouve par l’expérience que l’énergie cinétique est proportionnelle à la masse multipliée par le
carré de la vitesse. Leibnitz l’avait formulé théoriquement. Newton croyait l’énergie cinétique proportionnelle
à la vitesse. C’est une passionnée : enceinte à 42 deux ans, redoutant l’accouchement qui lui sera fatal, elle
se consacre sans épargner sa santé à achever son œuvre sur Newton.
Emilie du Châtelet et Marie Anne Lavoisier illustrent aussi les limites de la place laissée aux femmes. Elles
sont exceptionnelles. Madame du Chatelet vit dans une élite sociale restreinte et une époque où la maternité
et le mariage peuvent la laisser libre. Mais sa carrière scientifique est courte, entre une jeunesse mondaine
et un décès prématuré. Le couple Lavoisier n’a pas d’enfant. Marie Anne n’est cependant qu’une
collaboratrice de son mari, brillante mais subordonnée. Cas classique, c’est dans son veuvage qu’elle
acquiert liberté et autonomie, continue à fréquenter les physiciens, se remarie, divorce. Mais elle se
consacre surtout à faire valoir la mémoire de son premier mari.
Enfin, ces deux femmes ne sont pas féministes. Emilie du Châtelet s’intègre dans un cercle masculin, mais
dédie ses « Institutions de physique » à son fils et fait donner à ses filles une éducation tout à fait conforme
aux usages du temps.