Si l’on soumet le mensonge au principe d’impératif catégorique, il est évident que ce dernier est mis en échec car bien même il aurait comme but l’intérêt collectif, il resterait un mal en ce qu’il serait irrationnel. Le mensonge dépend uniquement de la contingence et par conséquent il ne peut être rationnel car conditionné. Le mensonge "nuit en effet toujours à autrui ; même s’il ne nuit pas toujours à un autre homme, il nuit à l’humanité en général en ce qu’il rend impossible la source du droit". La morale de Kant, ayant comme fondement la raison, s’oppose donc au droit humain. En effet, il dénonce toute forme de tromperie verbale alors que le droit ne tient compte de ces faussetés uniquement quand elles lèsent autrui, dans le cas de répercussion. Rousseau rejoint dans une certaine mesure Kant car le mensonge est à ces yeux un "bien commun à tous", "l’œil de la raison" (J.-J. Rousseau Les Rêveries du promeneur solitaire, Quatrième promenade). La vérité est un devoir de justice envers la collectivité. C’est la vérité qui apprend à l’homme à se comporter comme "il doit être". La vérité découle donc la morale et sert de fondement autant à l’individu qu’à la société. Or, Rousseau nuance son propos en relevant le cas de la vérité inutile. En effet, une vérité ne servant l’intérêt de nul ne peut être un du et par conséquent celui qui l’omet ou la transforme, ne ment point. Rousseau soulève un autre problème dans l’examen de la légitimité du mensonge ; le mensonge innocent, qui n’a pas de volonté malveillante ou profitable. Il relève une opposition entre la prise de position littéraire à ce sujet et ce que la société applique quotidiennement. Les moralistes qui écrivent ne se gênent pas de condamner sévèrement le mensonge innocent à même titre qu’un mensonge égoïste. Cynique Rousseau note que "la plus austère morale ne coûte rien à l’auteur". Au contraire dans la société, "la morale des livres passe pour un bavardage impossible à appliquer".
Cette impossibilité d’appliquer les théories est facilement remarquable. Nous avons tous déjà menti consciemment malgré la morale et le droit et il y a donc conflit entre nos inclinations, nos passions et notre raison. Si l’on adopte un point de vue psychologique, on remarque que l’individu se sert du mensonge comme mécanisme de défense. Face à une situation où l’estime de soi est dévalorisé, le mensonge est un des moyens de se sortir de situations indésirables. L’individu ment car il pense ne pas pouvoir être compris dans ses actes. Il a l’impression que les autres ne peuvent cerner la vérité, alors, il vaut mieux mentir pour être admis. L’invention paraît plus facile que la vérité. En psychologie, on distingue le mensonge à autrui du mensonge à soi-même. La notion d’inconscient freudien permet la compréhension de ce dernier phénomène. C’est notre ça, nos pulsions qui expliquent le déni. En effet, afin de lutter contre un sentiment de culpabilité, par exemple, l’élément dérangeant va être refoulé par le psychisme et se loger dans l’inconscient. Il peut réapparaître sous forme de symptômes névrotiques. Le concept d’inconscient nous confronte à une nouvelle question ; notre accessibilité à la vérité. Nous ne pouvons pas réellement atteindre la vérité car les barrières de l’inconscient nous empêchent de savoir qui on est vraiment. De plus, la vérité externe à soi, celle que l’on croit percevoir peut être déformé, victimes de nos oublis, nos lacunes, nos ignorances… Tous ces mécanismes que nous ne contrôlons pas. Le mensonge implique un jeu avec la notion de réel qui paradoxalement permet de s’y investir de façon plus immédiate et intense. La littérature, le cinéma et à l’art en général procèdent à la base d’une imitation du réel et constituent le lieu par excellence de cette dialectique. En effet, le visionnement d’un film permet une fuite dans la fiction qui enrichi la réalité. De même, se persuader et persuader les autres d’un mensonge, permet d’en faire une réalité, utile à notre bonheur. (Exemple : la superstition, le déni de grossesse) Les théories austères de morale rigoriste ne prennent pas en compte le bonheur mais uniquement la morale. Or le droit humain ne doit-il pas inclure l’accès au plaisir ? En effet, une législation uniquement basée sur la raison et donc parfaitement normative, négligerait ce qui excite l’agir humain, c’est-à-dire le bonheur car sans bonheur possible, pas de volonté de vivre. Le concept de bonheur lui-même ne serait-il pas un concept imaginé et donc un mensonge permettant à l’humanité de tendre vers un but qui la garde en vie ?
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hilol
mais est ce que vous avez argumentez comme si la reponse etait oui
hilol
car il faut que je justifie etant la reponse oui
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Si l’on soumet le mensonge au principe d’impératif catégorique, il est évident que ce dernier est mis en échec car bien même il aurait comme but l’intérêt collectif, il resterait un mal en ce qu’il serait irrationnel. Le mensonge dépend uniquement de la contingence et par conséquent il ne peut être rationnel car conditionné. Le mensonge "nuit en effet toujours à autrui ; même s’il ne nuit pas toujours à un autre homme, il nuit à l’humanité en général en ce qu’il rend impossible la source du droit". La morale de Kant, ayant comme fondement la raison, s’oppose donc au droit humain. En effet, il dénonce toute forme de tromperie verbale alors que le droit ne tient compte de ces faussetés uniquement quand elles lèsent autrui, dans le cas de répercussion. Rousseau rejoint dans une certaine mesure Kant car le mensonge est à ces yeux un "bien commun à tous", "l’œil de la raison" (J.-J. Rousseau Les Rêveries du promeneur solitaire, Quatrième promenade). La vérité est un devoir de justice envers la collectivité. C’est la vérité qui apprend à l’homme à se comporter comme "il doit être". La vérité découle donc la morale et sert de fondement autant à l’individu qu’à la société. Or, Rousseau nuance son propos en relevant le cas de la vérité inutile. En effet, une vérité ne servant l’intérêt de nul ne peut être un du et par conséquent celui qui l’omet ou la transforme, ne ment point.Rousseau soulève un autre problème dans l’examen de la légitimité du mensonge ; le mensonge innocent, qui n’a pas de volonté malveillante ou profitable. Il relève une opposition entre la prise de position littéraire à ce sujet et ce que la société applique quotidiennement. Les moralistes qui écrivent ne se gênent pas de condamner sévèrement le mensonge innocent à même titre qu’un mensonge égoïste. Cynique Rousseau note que "la plus austère morale ne coûte rien à l’auteur". Au contraire dans la société, "la morale des livres passe pour un bavardage impossible à appliquer".
Cette impossibilité d’appliquer les théories est facilement remarquable. Nous avons tous déjà menti consciemment malgré la morale et le droit et il y a donc conflit entre nos inclinations, nos passions et notre raison.
Si l’on adopte un point de vue psychologique, on remarque que l’individu se sert du mensonge comme mécanisme de défense. Face à une situation où l’estime de soi est dévalorisé, le mensonge est un des moyens de se sortir de situations indésirables. L’individu ment car il pense ne pas pouvoir être compris dans ses actes. Il a l’impression que les autres ne peuvent cerner la vérité, alors, il vaut mieux mentir pour être admis. L’invention paraît plus facile que la vérité. En psychologie, on distingue le mensonge à autrui du mensonge à soi-même. La notion d’inconscient freudien permet la compréhension de ce dernier phénomène. C’est notre ça, nos pulsions qui expliquent le déni. En effet, afin de lutter contre un sentiment de culpabilité, par exemple, l’élément dérangeant va être refoulé par le psychisme et se loger dans l’inconscient. Il peut réapparaître sous forme de symptômes névrotiques.
Le concept d’inconscient nous confronte à une nouvelle question ; notre accessibilité à la vérité. Nous ne pouvons pas réellement atteindre la vérité car les barrières de l’inconscient nous empêchent de savoir qui on est vraiment. De plus, la vérité externe à soi, celle que l’on croit percevoir peut être déformé, victimes de nos oublis, nos lacunes, nos ignorances… Tous ces mécanismes que nous ne contrôlons pas.
Le mensonge implique un jeu avec la notion de réel qui paradoxalement permet de s’y investir de façon plus immédiate et intense. La littérature, le cinéma et à l’art en général procèdent à la base d’une imitation du réel et constituent le lieu par excellence de cette dialectique. En effet, le visionnement d’un film permet une fuite dans la fiction qui enrichi la réalité. De même, se persuader et persuader les autres d’un mensonge, permet d’en faire une réalité, utile à notre bonheur. (Exemple : la superstition, le déni de grossesse) Les théories austères de morale rigoriste ne prennent pas en compte le bonheur mais uniquement la morale. Or le droit humain ne doit-il pas inclure l’accès au plaisir ? En effet, une législation uniquement basée sur la raison et donc parfaitement normative, négligerait ce qui excite l’agir humain, c’est-à-dire le bonheur car sans bonheur possible, pas de volonté de vivre. Le concept de bonheur lui-même ne serait-il pas un concept imaginé et donc un mensonge permettant à l’humanité de tendre vers un but qui la garde en vie ?