Dossier sur l’autobiographie :

Texte 2

Primo Levi est déporté à Auschwitz en décembre 1943. Le deuxième chapitre de son récit autobiographique raconte tout d'abord les humiliations que subissent les nouveaux arrivants : confiscation des affaires personnelles et des vêtements, tonte des cheveux, tatouage d'un numéro sur le bras. Son livre autobiographique est publié dès 1947. C’est un des premiers témoignages sur le système concentrationnaire.
Cette opération terminée, chacun est resté dans son coin, sans oser lever les yeux sur les autres. Il n'y a pas de miroir, mais notre image est devant nous, reflétée par cent visages livides, cent pantins misérables et sordides. Nous voici transformés en ces mêmes fantômes entrevus hier au soir.

Alors, pour la première fois, nous nous apercevons que notre langue manque de mots pour exprimer cette insulte : la démolition d'un homme. En un instant, dans une intuition quasi prophétique, la réalité nous apparaît : nous avons touché le fond. Il est impossible d'aller plus bas : il n'existe pas, il n'est pas possible de concevoir condition humaine plus misérable que la nôtre. Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, et même nos cheveux ; si nous parlons, ils ne nous écouteront pas, et même s'ils nous écoutaient, ils ne nous comprendraient pas. Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que, derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions, subsiste.

Nous savons, en disant cela, que nous serons difficilement compris, et il est bon qu'il en soit ainsi. Mais que chacun considère en soi même toute la valeur, toute la signification qui s'attache à la plus anodine de nos habitudes quotidiennes, aux mille petites choses qui nous appartiennent et que même le plus humble des mendiants possède : un mouchoir, une vieille lettre, la photographie d'un être cher. Ces choses là font partie de nous presque autant que les membres de notre corps, et il n'est pas concevable en ce monde d'en être privé, qu'aussitôt nous ne trouvions à les remplacer par d'autres objets, d'autres parties de nous mêmes qui veillent sur nos souvenirs et les font revivre.

Qu'on imagine maintenant un homme non seulement privé des êtres qu'il aime, mais de sa maison, de ses habitudes, de ses vêtements, de tout enfin, littéralement de tout ce qu'il possède : ce sera un homme vide, réduit à la souffrance et au besoin, dénué de tout discernement, oublieux de toute dignité : car il n'est pas rare, quand on a tout perdu, de se perdre soi même ; ce sera un homme dont on pourra décider de la vie ou de la mort le cœur léger, sans aucune considération d'ordre humain, si ce n'est, tout au plus, le critère d'utilité. On comprendra alors le double sens du terme « camp d'extermination » et ce que nous entendons par l'expression « toucher le fond ».
Chapitre 2, traduit de l'italien par Martine Schruoffeneger © Juillard, 1987.

pour les questions il faut s'appuie sur des citations du texte

1°) Montre que ces textes autobiographiques mêlent histoire personnelle et Histoire historique.

2°) Pourquoi ces écrivains ont-ils écrits ces textes ?

3°) pourquoi ce texte vous a-t-il marqué(e) ? Expliquez votre choix en rédigeant un paragraphe assorti de citations. du texte

4°) Quelle portée/résonnance/influence le témoignage de ses écrivains peut-il avoir dans notre monde contemporain ? Que peut apporter la lecture de ces œuvres ?

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