Je crie, je demande grâce, et j'appelle mon père : je vois, avec ma terreur
d'enfant, sa main qui pend toute hachée ; c'est moi qui en suis cause ! Pourquoi
ne me laisse-t-on pas entrer pour savoir ? On me battra après si l'on veut. Je
crie, on ne me répond pas. J'entends qu’on remue des carafes, qu’on ouvre un
20 tiroir; on met des compresses.
«Ce n'est rien », vient me dire ma cousine, en pliant une bande de linge
Je sanglote, j'étouffe : ma mère reparaît et me pousse dans le cabinet où je
couche, où j'ai peur tous les soirs.
,25 Je puis avoir cinq ans et me crois un parricide.
Ce n'est pas ma faute, pourtant!
Est-ce que j'ai forcé mon père à faire ce chariot? Est-ce que je n'aurais pas
mieux aimé saigner, moi, et qu'il n'eût point mal?
Oui – et je m'égratigne les mains pour avoir mal aussi.
C'est que maman aime tant mon père ! Voilà pourquoi elle s'est emportée.
On me fait apprendre à lire dans un livre où il y a écrit
, en grosses lettres,
qu'il faut obéir à ses pères et mères : ma mère a bien fait de me battre.
Jules VALLÈS, L'Enfant, 1879.

Bonjour pouvez vous m’aidez s’il vous plaît
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