Bonjour à vous ! Pour lundi, en philo, je dois traiter la question suivante: "qui parle quand je dis "je" ?". Le problème c'est que je ne trouve pas de plan :/ pourriez-vous m'aidez s'il vous plait ! Merci d'avance !
Quand on parle de "soi", est-ce vraiment de soi dont on parle quand on dit "je"? Le "je" que j'utilise comme pronom personnel , que je considère comme source de mes actes et paroles ,est-il autre chose qu'une nécessité verbale ?
Nous utilisons le "je" comme structure pour parler de nous, mais la structure d'une langue n'implique pas forcément l'existence d'une relation réelle, la preuve en est des langues qui ne disposent pas de pronom personnel ou qui les utilisent très peu, comme le Latin. Le "je" ne serait ainsi qu'un élément de la phrase comme les autres. Nous utilisons "je" en pensant que, dès lors que nous l'utilisons, nous sommes l'auteur de nos paroles et de nos actes. En effet nous nous voyons maître de nos discours, comme un "moi" réel et libre, et nous avons oublié que le "je" était une simple fonction linguistique, pour croire qu'il s'agissait de la réalité. Spinoza , dans sa Lettre à Schuller prend ainsi l'exemple d'une pierre qui reçoit une "certaine quantité de mouvement" et qui continue à se mouvoir après que la cause de ce mouvement se soit arrêtée. Si la pierre était dotée de pensée, elle croirait que ce mouvement est l'expression de sa liberté, elle bouge car elle le veut, alors que la cause est extérieure. La liberté que la pierre croit posséder pourra alors être comparer à l'illusion grammaticale qui nous trompe.
Il est aussi important de se demander si notre "moi", en supposant qu'il ne soit pas qu'une chimère liée à notre grammaire, est en fait réellement l'expression d'une unité, ou bien y-a-t-il différentes voix contradictoires dans le "je" ? Nous ne sommes pas un mais plusieurs, les dilemmes que nous pouvons subir, les "cas de conscience" auxquels nous devons faire face sont les manifestations de cette pluralité intérieure. Platon , dans la République présente l'individu comme plusieurs figures différentes et opposées qui se cacherait sous une apparence d'unicité : une hydre représentant le désir, un lion représentant le courage et l'homme représentant la raison s'y dissimuleraient, et ces différents personnages seraient en conflit constant. On ne peut pas définir notre "moi", plus on avance dans nos recherches, plus l'on trouve de contradictions, empêchant de donner une définition précise de notre "moi". Montaigne, dans ses Essais, s'étonne que nous puissions nous reconnaître nous même, étant donné que nous pouvons être extrêmement différents d'un jour à l'autre, et que nous nous contredisons constamment : "Nous ne pensons ce que nous voulons, qu'à l'instant que nous le voulons, et changeons comme cet animal qui prend la couleur du lieu où on le couche" ; " ...ce n'est que branle et inconstance". ; "Nous n'allons pas , on nous emporte". Le "je" ne serait alors pas la voix d'un seul mais de plusieurs "moi", changeant fréquemment d'identité et obligeant notre conscience à l'errance. Nous pensons que notre conscience est unique afin de nous consoler.
Peut-on donc encore savoir qui parle quand je dis "je" , étant donné que notre conscience de soi n'est peut-être qu'illusion ? Le fait que je pense n'implique donc pas nécessairement que je sois à l'origine de ces pensées. L'exemple de cette absence de contrôle sur nos paroles peut être le lapsus, où Freud voit une émergence de désirs inconscients. Peut-on être sûr que j'ai choisi de penser à ce que je pense et que j'ai choisi de dire ce que je dis, ou doit on dire comme Nietzsche le soutien dans Par delà le bien et le mal, "ça pense" au lieu de "je pense".
En évitant de répondre hâtivement à la question : Qui parle quand je dis " je", en donnant une réponse qui peut sembler évidente, c'est "moi" qui parle quand je dis "je", car nous avons conscience de nous même, et que c'est notre identité qui s'exprime à travers ce "je", on s'aperçoit que la réponse n'est pas si évidente. Ainsi, on a souligné que le "je" pouvait être considéré comme une simple nécessitée verbale, et que derrière l'apparente unité de ce "je" se cachait une pluralité de voix en contradiction, qui nous amenait à douter de l'idée même de conscience de soi. Mais renoncer à l'existence de ce "moi" impliquerait une absence de responsabilité et de liberté , nous ne pourrions plus décider de rien. Il faut donc nuancer notre rôle dans nos choix. Nous n'avons pas de maîtrise absolue sur soi, sans pour autant être complètement extérieur à ce "moi". Car si je n'avais pas conscience de ce que je suis, comment pourrais-je parler de moi en cet instant même ? Notre "je" est en faite= une partie de tout : la nature , la société....c'est un croisement de déterminations, ce n'est pas une entité à part, mais un "être-avec", qui se définit par rapport à ce qui l'entoure, influencé par exemple, comme l'a dit Freud, par le "surmoi" et le "ça". On peut se demander dans quelle mesure ces deux principes agissent-ils sur notre "moi", et en quoi sont-ils en opposition ?
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Bonjour,Quand on parle de "soi", est-ce vraiment de soi dont on parle quand on dit "je"?
Le "je" que j'utilise comme pronom personnel , que je considère comme source de mes actes et paroles ,est-il autre chose qu'une nécessité verbale ?
Nous utilisons le "je" comme structure pour parler de nous, mais la structure d'une langue n'implique pas forcément l'existence d'une relation réelle, la preuve en est des langues qui ne disposent pas de pronom personnel ou qui les utilisent très peu, comme le Latin. Le "je" ne serait ainsi qu'un élément de la phrase comme les autres. Nous utilisons "je" en pensant que, dès lors que nous l'utilisons, nous sommes l'auteur de nos paroles et de nos actes.
En effet nous nous voyons maître de nos discours, comme un "moi" réel et libre, et nous avons oublié que le "je" était une simple fonction linguistique, pour croire qu'il s'agissait de la réalité. Spinoza , dans sa Lettre à Schuller prend ainsi l'exemple d'une pierre qui reçoit une "certaine quantité de mouvement" et qui continue à se mouvoir après que la cause de ce mouvement se soit arrêtée. Si la pierre était dotée de pensée, elle croirait que ce mouvement est l'expression de sa liberté, elle bouge car elle le veut, alors que la cause est extérieure. La liberté que la pierre croit posséder pourra alors être comparer à l'illusion grammaticale qui nous trompe.
Il est aussi important de se demander si notre "moi", en supposant qu'il ne soit pas qu'une chimère liée à notre grammaire, est en fait réellement l'expression d'une unité, ou bien y-a-t-il différentes voix contradictoires dans le "je" ?
Nous ne sommes pas un mais plusieurs, les dilemmes que nous pouvons subir, les "cas de conscience" auxquels nous devons faire face sont les manifestations de cette pluralité intérieure. Platon , dans la République présente l'individu comme plusieurs figures différentes et opposées qui se cacherait sous une apparence d'unicité : une hydre représentant le désir, un lion représentant le courage et l'homme représentant la raison s'y dissimuleraient, et ces différents personnages seraient en conflit constant. On ne peut pas définir notre "moi", plus on avance dans nos recherches, plus l'on trouve de contradictions, empêchant de donner une définition précise de notre "moi". Montaigne, dans ses Essais, s'étonne que nous puissions nous reconnaître nous même, étant donné que nous pouvons être extrêmement différents d'un jour à l'autre, et que nous nous contredisons constamment : "Nous ne pensons ce que nous voulons, qu'à l'instant que nous le voulons, et changeons comme cet animal qui prend la couleur du lieu où on le couche" ; " ...ce n'est que branle et inconstance". ; "Nous n'allons pas , on nous emporte". Le "je" ne serait alors pas la voix d'un seul mais de plusieurs "moi", changeant fréquemment d'identité et obligeant notre conscience à l'errance. Nous pensons que notre conscience est unique afin de nous consoler.
Peut-on donc encore savoir qui parle quand je dis "je" , étant donné que notre conscience de soi n'est peut-être qu'illusion ?
Le fait que je pense n'implique donc pas nécessairement que je sois à l'origine de ces pensées. L'exemple de cette absence de contrôle sur nos paroles peut être le lapsus, où Freud voit une émergence de désirs inconscients. Peut-on être sûr que j'ai choisi de penser à ce que je pense et que j'ai choisi de dire ce que je dis, ou doit on dire comme Nietzsche le soutien dans Par delà le bien et le mal, "ça pense" au lieu de "je pense".
En évitant de répondre hâtivement à la question : Qui parle quand je dis " je", en donnant une réponse qui peut sembler évidente, c'est "moi" qui parle quand je dis "je", car nous avons conscience de nous même, et que c'est notre identité qui s'exprime à travers ce "je", on s'aperçoit que la réponse n'est pas si évidente. Ainsi, on a souligné que le "je" pouvait être considéré comme une simple nécessitée verbale, et que derrière l'apparente unité de ce "je" se cachait une pluralité de voix en contradiction, qui nous amenait à douter de l'idée même de conscience de soi. Mais renoncer à l'existence de ce "moi" impliquerait une absence de responsabilité et de liberté , nous ne pourrions plus décider de rien. Il faut donc nuancer notre rôle dans nos choix.
Nous n'avons pas de maîtrise absolue sur soi, sans pour autant être complètement extérieur à ce "moi". Car si je n'avais pas conscience de ce que je suis, comment pourrais-je parler de moi en cet instant même ? Notre "je" est en faite= une partie de tout : la nature , la société....c'est un croisement de déterminations, ce n'est pas une entité à part, mais un "être-avec", qui se définit par rapport à ce qui l'entoure, influencé par exemple, comme l'a dit Freud, par le "surmoi" et le "ça".
On peut se demander dans quelle mesure ces deux principes agissent-ils sur notre "moi", et en quoi sont-ils en opposition ?