Bonsoir quelqu’un peut m’aider à répondre à cette question merci d’avance 1)Repérez la structure argumentation du texte et reformulez la thèse et les arguments de Voltaire. Tous les hommes qu’on a découverts dans les pays les plus incultes et les plus affreux vivent en société comme les castors, les fourmis, les abeilles, et plusieurs autres espèces d’animaux. On n’a jamais vu de pays où il vécussent séparés, où le mâle ne se joignît à la femelle que par hasard, et l’abandonnât le moment d’après par dégoût ; où la mère méconnut ses enfants après les avoir élevés, où l’on vécût sans famille et sans aucune société. Quelques mauvais plaisants ont abusé de leur esprit jusqu’au point de hasarder le paradoxe étonnant que l’homme est originairement fait pour vivre seul comme un loup-crevier, et que c’est la société qui a dépravé la nature. Autant vaudrait-il dire que, dans la mer, les harengs son originairement faits pour nager isolés, et que c’est par un excès de corruption qu’ils passent en troupes de la mer glaciale sur nos côtes ; qu’anciennement les grues volaient en l’air chacune à part, et que par une violation du droit naturel elles ont pris le parti de voyager de compagnie. Chaque animal a son instinct ; et l’instinct de l’homme, fortifié par la raison, le porte à la société comme au manger et au boire. Loin que le besoin de la société ait dégradé l’homme, c’est l’éloignement de la société qui le dégrade. Quiconque vivrait absolument seul, perdrait bientôt la faculté de penser et de s’exprimer ; il serait à charge à lui-même ; il ne parviendrait qu’à se métamorphoser en bête. [...] On a franchi les bornes de la folie ordinaire jusqu’à dire qu’il n’est pas naturel qu’un homme s’attache à une femme pendant les neuf mois de sa grossesse ; l’appétit satisfait, dit l’auteur de ces paradoxes, l’homme n’a plus besoin de telle femme, ni la femme de tel homme ; celui-ci n’a pas le moindre souci, ni peut être le moindre idée des suites de son action. [...] Notre nature est bien différente de l’affreux roman que cet énergumène a fait d’elle. Excepté quelques âmes barbares entièrement abruties, ou peut être un philosophe plus abruti encore, les hommes les plus durs aiment, par un instinct dominant, l’enfant qui n’est pas encore né, le ventre qui le porte, et la mère qui redouble d’amour pour celui dont elle a reçu dans son sein le germe d’un être semblable à elle. L’instinct des charbonniers de la Forêt-Noire leur parle aussi haut, les anime aussi fortement en faveur de leurs enfants, que l’instinct des pigeons et des rossignols les force à nourrir leurs petits. On a donc bien perdu son temps à écrire ces falaises abominables. Le grand défaut de tous ces livres à paradoxes n’est-il pas de supposer toujours la nature autrement qu’elle n’est ? Si les satires de l’homme et de la femme, écrites par Boileau, n’étaient pas des plaisanteries, elles pêcheraient par cette faute essentielle de supposer tous les hommes fous et toutes les femmes impertinentes. Le même auteur, ennemi de la société, semblable au renard sans queue, qui voulait que tous ses confrères se coupassent la queue, s’exprime ainsi d’un ton magistral : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, slavisa de dire Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres que de misères et d’horreurs n’eut point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eut crié à ses semblables : « Gardez-vous sont à tous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne. » Ainsi, selon ce beau philosophe, un voleur, un destructeur aurait été le bienfaiteur du genre humain ; et il aurait fallu punir un honnête homme qui aurait dit à ses enfants : « Imitons notre voisin ; il a enclos son champ, les bêtes ne viendront plus le ravager, son terrain deviendra plus fertile ; travaillons le nôtre comme il a travaillé le sien, il nous aidera et nous l’aiderons chaque famille cultivant son enclos, nous serons mieux nourris, plus sains, plus paisibles, moins malheureux. Nous tâcherons d’établir une justice distributive qui consolera notre pauvre espèce, et nous vaudrons mieux que les renards et les fouines, à qui cet extravagant veut nous faire ressembler. » Ce discours ne serait-il pas plus sensé et plus honnête que celui du fou sauvage qui voulait détruire le verger du bonhomme ?
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