La Reconquistaa (mot espagnol et portugais, en français : « la Reconquête ») est le nom donné à la période du Moyen Âge ibérique comprise entre la conquête omeyyade de l'Hispanie wisigothe, et la chute du royaume nazari de Grenade. La conquête de Grenade par la Castille marque la fin de la période.
L'historiographie traditionnelle utilise le terme de « Reconquista » à partir du xixe siècle qui remplace la « restauration » des royaumes chrétiens wisigoths, compris comme la conquête de nouveaux territoires par de nouvelles monarchies qui prétendent rétablir un ordre politique et religieux préexistant.
L'année 722 marque le début traditionnel de la Reconquista. Cela correspond à la première victoire des forces chrétiennes contre les troupes musulmanes arabo-berbères lors de la victoire asturienne de Covadonga. Il s'agit d'une petite victoire d'un petit groupe contre une patrouille musulmane dans la cordillère Cantabrique qui permet l'établissement du royaume des Asturies. Le 2 janvier 1492 marque la fin traditionnelle de la Reconquista dans l'actuelle Espagne, lorsque les « Rois catholiques » prennent le dernier bastion musulman à Grenade.
Malgré un nom unique englobant l'essentiel du Moyen Âge Ibérique, la Reconquista se déroule sur huit siècles et n'est pas un processus politiquement uniforme, ni continu temporellement ou géographiquement. L'avancée chrétienne subit de nombreuses interruptions atteignant jusqu'à cent dix ans et des épisodes de pertes territoriales. Les monarchies espagnoles et portugaises ne différencient pas les reconquêtes des terres ibériques des conquêtes de l'Afrique du Nord commencées en 1415 de ce qui devient le Maroc portugais.
La notion de Reconquista soulève de nombreux débats portant sur la pertinence du terme, sur les dates de début et de fin, sur l'historiographie et sur la capacité du concept à traduire au xxie siècle les réalités médiévales.
Dénomination
La conquête d'Antequera le 16 septembre 1410.
Si la volonté de « reconquête » apparaît dès 722 chez les chrétiens ibériques en réaction à la conquête musulmane, l'apparition du terme date du xixe siècle, en tant que concept pour les historiens afin de désigner cette période1 et se fait dans un contexte nationaliste2 pour ce qui était auparavant connu sous le nom de « restauration » des royaumes chrétiens wisigoths, entendue comme la conquête de nouvelles terres par de nouvelles monarchies qui cherchaient à rétablir un ordre politique et religieux préexistant 3,4.
Quoiqu'il soit compliqué de différencier la reconquête de la conquête sur une période si longue, la Reconquista ne représente pas une période unie et cohérente car les combats ne sont pas continus. Faute de meilleur terme, celui-ci reste utilisé par les historiens malgré leur désaccord sur ce qu'il sous-entend. Les historiens de langue arabe utilisent le terme istirdad qui traduit exactement Reconquista5.
Par ailleurs, plusieurs dates de départ sont traditionnellement admises, notamment 722 (conquête musulmane) et 1031 (chute du califat de Cordoue). Bien que diverse et s'étendant sur près de huit siècles, la Reconquista est souvent montrée comme un mouvement continu, volontaire et inéluctable dès 722, un exemple de construction historiographique téléologique d'un roman national6.
En 2010, Eduardo Manzano Moreno expliquait que les chroniques de l'époque d'Alphonse III des Asturies furent écrites entre la deuxième partie du ixe et le début du xe siècle, époque où Al-Andalus était secoué par une profonde crise, décrite comme une guerre civile opposant le pouvoir arabes aux convertis, les mozarabes. La profondeur de cette crise fit penser aux chroniqueurs que la fin de la présence musulmane dans la péninsule était proche. Mais « lorsque ces hypothèses échouèrent, on réajusta le programme d'après les nouvelles conditions que les siècles postérieurs apportèrent, même si l'idée de « perte » et de « récupération » de ce qui était perdu resta présent au fil des siècles». Mais les mentions postérieures « atténuèrent considérablement la composante religieuse. Ainsi, en plein xive siècle, don Juan Manuel affirmait qu'« il y a une guerre entre chrétiens et maures, et elle continuera tant jusqu'à ce que les chrétiens aient pris les terres que les maures ont capturées », mais il niait que le conflit ait un fondement religieux parce que « ni par la loi, ni par la secte qu'ils ont [les maures] il n'y aurait de guerre entre ces deux »7.
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Explications :
La Reconquistaa (mot espagnol et portugais, en français : « la Reconquête ») est le nom donné à la période du Moyen Âge ibérique comprise entre la conquête omeyyade de l'Hispanie wisigothe, et la chute du royaume nazari de Grenade. La conquête de Grenade par la Castille marque la fin de la période.
L'historiographie traditionnelle utilise le terme de « Reconquista » à partir du xixe siècle qui remplace la « restauration » des royaumes chrétiens wisigoths, compris comme la conquête de nouveaux territoires par de nouvelles monarchies qui prétendent rétablir un ordre politique et religieux préexistant.
L'année 722 marque le début traditionnel de la Reconquista. Cela correspond à la première victoire des forces chrétiennes contre les troupes musulmanes arabo-berbères lors de la victoire asturienne de Covadonga. Il s'agit d'une petite victoire d'un petit groupe contre une patrouille musulmane dans la cordillère Cantabrique qui permet l'établissement du royaume des Asturies. Le 2 janvier 1492 marque la fin traditionnelle de la Reconquista dans l'actuelle Espagne, lorsque les « Rois catholiques » prennent le dernier bastion musulman à Grenade.
Malgré un nom unique englobant l'essentiel du Moyen Âge Ibérique, la Reconquista se déroule sur huit siècles et n'est pas un processus politiquement uniforme, ni continu temporellement ou géographiquement. L'avancée chrétienne subit de nombreuses interruptions atteignant jusqu'à cent dix ans et des épisodes de pertes territoriales. Les monarchies espagnoles et portugaises ne différencient pas les reconquêtes des terres ibériques des conquêtes de l'Afrique du Nord commencées en 1415 de ce qui devient le Maroc portugais.
La notion de Reconquista soulève de nombreux débats portant sur la pertinence du terme, sur les dates de début et de fin, sur l'historiographie et sur la capacité du concept à traduire au xxie siècle les réalités médiévales.
Dénomination
La conquête d'Antequera le 16 septembre 1410.
Si la volonté de « reconquête » apparaît dès 722 chez les chrétiens ibériques en réaction à la conquête musulmane, l'apparition du terme date du xixe siècle, en tant que concept pour les historiens afin de désigner cette période1 et se fait dans un contexte nationaliste2 pour ce qui était auparavant connu sous le nom de « restauration » des royaumes chrétiens wisigoths, entendue comme la conquête de nouvelles terres par de nouvelles monarchies qui cherchaient à rétablir un ordre politique et religieux préexistant 3,4.
Quoiqu'il soit compliqué de différencier la reconquête de la conquête sur une période si longue, la Reconquista ne représente pas une période unie et cohérente car les combats ne sont pas continus. Faute de meilleur terme, celui-ci reste utilisé par les historiens malgré leur désaccord sur ce qu'il sous-entend. Les historiens de langue arabe utilisent le terme istirdad qui traduit exactement Reconquista5.
Par ailleurs, plusieurs dates de départ sont traditionnellement admises, notamment 722 (conquête musulmane) et 1031 (chute du califat de Cordoue). Bien que diverse et s'étendant sur près de huit siècles, la Reconquista est souvent montrée comme un mouvement continu, volontaire et inéluctable dès 722, un exemple de construction historiographique téléologique d'un roman national6.
En 2010, Eduardo Manzano Moreno expliquait que les chroniques de l'époque d'Alphonse III des Asturies furent écrites entre la deuxième partie du ixe et le début du xe siècle, époque où Al-Andalus était secoué par une profonde crise, décrite comme une guerre civile opposant le pouvoir arabes aux convertis, les mozarabes. La profondeur de cette crise fit penser aux chroniqueurs que la fin de la présence musulmane dans la péninsule était proche. Mais « lorsque ces hypothèses échouèrent, on réajusta le programme d'après les nouvelles conditions que les siècles postérieurs apportèrent, même si l'idée de « perte » et de « récupération » de ce qui était perdu resta présent au fil des siècles». Mais les mentions postérieures « atténuèrent considérablement la composante religieuse. Ainsi, en plein xive siècle, don Juan Manuel affirmait qu'« il y a une guerre entre chrétiens et maures, et elle continuera tant jusqu'à ce que les chrétiens aient pris les terres que les maures ont capturées », mais il niait que le conflit ait un fondement religieux parce que « ni par la loi, ni par la secte qu'ils ont [les maures] il n'y aurait de guerre entre ces deux »7.