Bonjour voici une question à laquelle je dois répondre en philo je dois faire une problématique intro développement et conclusion merci de m’aider ❤️
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lola121212
L’homme civilisé semble s’opposer, d’emblée, à l’homme naturel, c’est-à-dire à l’homme vivant essentiellement dans la nature. Les peuples vivant à toujours à l’« état de nature » se sont longtemps appelés « peuples primitifs », puis on a considéré, très récemment, que l’expression était péjorative ; on parle désormais de peuples « premiers » : nous aurions compris, après l’abolition de l’esclavage et la fin de l’ère coloniale, que si certains hommes vivent encore comme l’homme vivait aux origines de l’humanité, ils n’en sont pas pour autant « inférieurs ». C’est admettre que la civilisation ne rend pas l’homme meilleur, ou plus « évolué », ce que nous avait pourtant enseigné le siècle des Lumières. La civilisation aurait la vertu, en apportant aux hommes la culture, l’industrie, la technologie ou la médecine, d’adoucir les mœurs, en permettant l’accès à de plus en plus de bien-être. Mais on peut croire le contraire : la civilisation du progrès, en arrachant de plus en plus l’homme à la nature, l’aurait en même temps arraché à sa nature, et en ce sens, elle l’aurait perverti.
1. En quoi l'être civilisé est-il dénaturé ? Admettre que l’homme puisse être dénaturé, c’est admettre qu’il existe une nature humaine. En se civilisant, l’homme aurait perdu cette nature. Mais qu’est-ce que la civilisation ? Le terme de civilisation a longtemps été synonyme de « progrès » ou d’avancement des connaissances et du savoir, d’où l’existence de l’adjectif « civilisé ». L’homme civilisé s’opposait au barbare ou au sauvage. Aujourd’hui, nous parlons de « civilisation » de manière plus générale, et on peut assimiler ce terme à celui de « culture », dans la mesure où ils renvoient tous deux à un ensemble de savoirs et de croyances, à des modes de vie. En ce sens, les civilisations et les cultures ne sauraient être évaluées de manière hiérarchique : manger un pot-au-feu plutôt que du couscous, revêtir un costume et une cravate plutôt qu’un sarouel, se rendre à l’église ou à la mosquée ne préjuge pas de la supériorité d’une culture sur une autre.
La civilisation européenne et occidentale s’est longtemps considérée comme supérieure, en raison principalement d’une supériorité technique, mais également de ce qu'elle pensait être une supériorité intellectuelle : civiliser les populations des colonies, c’était, par exemple, les alphabétiser et les christianiser, c’est-à-dire les éduquer. Nous raisonnons différemment aujourd’hui. Le siècle dernier nous a peut-être servi de leçon : dans La connaissance inutile, Jean-François Revel (1924-2006) montre que le 20e siècle, qui aurait dû être celui du triomphe de la connaissance, dans la mesure où celle-ci s’est trouvée amplifiée par les possibilités de plus en plus grandes de la diffusion des informations, a surtout été celui de la tyrannie et de la barbarie. Les démocraties, au sein desquelles les inégalités entre dirigeants et dirigés se sont réduites (du point de vue de l’accès à l’information), qui ont permis à de plus en plus de gens d’avoir accès aux connaissances, n’ont pas empêché l’émergence des totalitarismes de droite et de gauche.
L’essor de la technologie et de la technique contribue très certainement à déshumaniser le monde dans lequel vivent les hommes des sociétés occidentales. On parle désormais de « technoscience », pour signifier que la technique s’est emparée de la science. L’une des premières critiques du règne de la technique a été formulée par Heidegger (1889-1976), dans une conférence intitulée : La question de la technique (1953). Aujourd’hui, ces critiques sont nombreuses et revêtent différents aspects. Les hommes prennent conscience qu’ils font toujours partie de la nature, dans la mesure où leur existence s’inscrit dans un milieu, dans un environnement. En préservant la nature, l’homme se préserve lui-même. Dans Le principe responsabilité (1979), le philosophe allemand Hans Jonas en appelle à une éthique radicalement nouvelle, dans la mesure où la progression technoscientifique semble irréversible. Nous sommes désormais responsables non pas du monde présent, mais du monde de demain. Certains scientifiques présentent aujourd’hui l’homme bionique de demain, avec les nouvelles possibilités d’implanter des éléments électriques sur les tissus humains. L’ère des « prothèses » est annoncée : nous deviendrons des machines vivantes, ou des êtres vivants mécaniques, si certains impératifs médicaux l’exigent ; mais il peut s’agir simplement de devenir plus performants, sur le plan physique et intellectuel. Les philosophes contemporains parlent de « post-humanité ». H. Jonas préconise une « heuristique de la peur » : seule la crainte d’un monde futur déshumanisé fera que nous pourrons empêcher qu’il devienne tel.
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lola121212
Je te laisse me contacter par message si tu veux la suite
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C’est admettre que la civilisation ne rend pas l’homme meilleur, ou plus « évolué », ce que nous avait pourtant enseigné le siècle des Lumières. La civilisation aurait la vertu, en apportant aux hommes la culture, l’industrie, la technologie ou la médecine, d’adoucir les mœurs, en permettant l’accès à de plus en plus de bien-être.
Mais on peut croire le contraire : la civilisation du progrès, en arrachant de plus en plus l’homme à la nature, l’aurait en même temps arraché à sa nature, et en ce sens, elle l’aurait perverti.
1. En quoi l'être civilisé est-il dénaturé ?
Admettre que l’homme puisse être dénaturé, c’est admettre qu’il existe une nature humaine. En se civilisant, l’homme aurait perdu cette nature. Mais qu’est-ce que la civilisation ? Le terme de civilisation a longtemps été synonyme de « progrès » ou d’avancement des connaissances et du savoir, d’où l’existence de l’adjectif « civilisé ». L’homme civilisé s’opposait au barbare ou au sauvage.
Aujourd’hui, nous parlons de « civilisation » de manière plus générale, et on peut assimiler ce terme à celui de « culture », dans la mesure où ils renvoient tous deux à un ensemble de savoirs et de croyances, à des modes de vie. En ce sens, les civilisations et les cultures ne sauraient être évaluées de manière hiérarchique : manger un pot-au-feu plutôt que du couscous, revêtir un costume et une cravate plutôt qu’un sarouel, se rendre à l’église ou à la mosquée ne préjuge pas de la supériorité d’une culture sur une autre.
La civilisation européenne et occidentale s’est longtemps considérée comme supérieure, en raison principalement d’une supériorité technique, mais également de ce qu'elle pensait être une supériorité intellectuelle : civiliser les populations des colonies, c’était, par exemple, les alphabétiser et les christianiser, c’est-à-dire les éduquer.
Nous raisonnons différemment aujourd’hui. Le siècle dernier nous a peut-être servi de leçon : dans La connaissance inutile, Jean-François Revel (1924-2006) montre que le 20e siècle, qui aurait dû être celui du triomphe de la connaissance, dans la mesure où celle-ci s’est trouvée amplifiée par les possibilités de plus en plus grandes de la diffusion des informations, a surtout été celui de la tyrannie et de la barbarie. Les démocraties, au sein desquelles les inégalités entre dirigeants et dirigés se sont réduites (du point de vue de l’accès à l’information), qui ont permis à de plus en plus de gens d’avoir accès aux connaissances, n’ont pas empêché l’émergence des totalitarismes de droite et de gauche.
L’essor de la technologie et de la technique contribue très certainement à déshumaniser le monde dans lequel vivent les hommes des sociétés occidentales. On parle désormais de « technoscience », pour signifier que la technique s’est emparée de la science.
L’une des premières critiques du règne de la technique a été formulée par Heidegger (1889-1976), dans une conférence intitulée : La question de la technique (1953). Aujourd’hui, ces critiques sont nombreuses et revêtent différents aspects. Les hommes prennent conscience qu’ils font toujours partie de la nature, dans la mesure où leur existence s’inscrit dans un milieu, dans un environnement.
En préservant la nature, l’homme se préserve lui-même. Dans Le principe responsabilité (1979), le philosophe allemand Hans Jonas en appelle à une éthique radicalement nouvelle, dans la mesure où la progression technoscientifique semble irréversible. Nous sommes désormais responsables non pas du monde présent, mais du monde de demain. Certains scientifiques présentent aujourd’hui l’homme bionique de demain, avec les nouvelles possibilités d’implanter des éléments électriques sur les tissus humains. L’ère des « prothèses » est annoncée : nous deviendrons des machines vivantes, ou des êtres vivants mécaniques, si certains impératifs médicaux l’exigent ; mais il peut s’agir simplement de devenir plus performants, sur le plan physique et intellectuel.
Les philosophes contemporains parlent de « post-humanité ». H. Jonas préconise une « heuristique de la peur » : seule la crainte d’un monde futur déshumanisé fera que nous pourrons empêcher qu’il devienne tel.