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La duchesse de Langeais avait reçu de la nature les qualités nécessaires pour jouer les rôles de coquette, et son éducation les avait encore perfectionnées. Les femmes avaient raison de l'envier, et les hommes de l'aimer. Il ne lui manquait rien de ce qui peut inspirer l'amour, de ce qui le justifie et de ce qui le perpétue. Son genre de beauté, ses manières, son parler, sa pose s'accordaient pour la douer d'une coquetterie naturelle, qui, chez une femme, semble être la conscience de son pouvoir. Elle était bien faite, et décomposait peut-être ses mouvements avec trop de com- plaisance, seule affectation qu'on lui pût reprocher. Tout en elle s'harmoniait, depuis le plus petit geste jusqu'à la tour- nure particulière de ses phrases, jusqu'à la manière hypocrite dont elle jetait son regard. [...] Par moments, elle se montrait tour à tour sans défiance et rusée, tendre à émouvoir, puis dure et sèche à briser le coeur. Honoré de Balzac, La Duchesse de Langeais, 1839.