Aurora33PLINE LE JEUNE, Lettres, IX, 6 Les courses du cirque. C. PLINIUS CALVISIO SUO S. (1) Omne hoc tempus inter pugillares ac libellos iucundissima quiete transmisi. 'Quemadmodum' inquis 'in urbe potuisti?' Circenses erant, quo genere spectaculi ne levissime quidem teneor. Nihil novum nihil varium, nihil quod non semel spectasse sufficiat. (2) Quo magis miror tot milia virorum tam pueriliter identidem cupere currentes equos, insistentes curribus homines videre. Si tamen aut velocitate equorum aut hominum arte traherentur, esset ratio non nulla; nunc favent panno, pannum amant, et si in ipso cursu medioque certamine hic color illuc ille huc transferatur, studium favorque transibit, et repente agitatores illos equos illos, quos procul noscitant, quorum clamitant nomina relinquent. (3) Tanta gratia tanta auctoritas in una vilissima tunica, mitto apud vulgus, quod vilius tunica, sed apud quosdam graves homines; quos ego cum recordor, in re inani frigida assidua, tam insatiabiliter desidere, capio aliquam voluptatem, quod hac voluptate non capior. (4) Ac per hos dies libentissime otium meum in litteris colloco, quos alii otiosissimis occupationibus perdunt. Vale. Pline salue son cher Calvisius J’ai passé tous ces temps entre mestablettes et mes livres dans la plus doucetranquillité. « Comment, dites-vous, est-cepossible à Rome? On donnait les jeux ducirque, et ce genre de spectacle nem’intéresse nullement. Je n’y vois rien denouveau, rien de varié, rien qu’il ne suffised’avoir vu une fois. Je trouve d’autant plusétrange ce désir si puéril que tant demilliers d’hommes éprouvent de revoir detemps en temps des chevaux qui courent etdes cochers assis sur des chars. Si encoreon était attiré par la rapidité des chevauxou l’adresse des cochers, il y aurait unsemblant de motif à cette passion: maisc’est la casaque qu’on acclame, la casaquequ’on aime, et, si en pleine course et aumilieu même de la lutte une couleurprenait la place d’une autre etréciproquement, les vœux et lesacclamations changeraient de camp, et toutà coup on délaisserait les conducteursfameux, les fameux chevaux, qu’onreconnaît de loin, dont on ne cesse de crierles noms. Telle est la faveur, telle est laconsidération qu’obtient une vile tunique,je ne dis pas chez la populace, plus vileencore que la tunique, mais chez quelqueshommes sérieux. Quand je songe que c’estun spectacle si futile, si niais, si uniforme,dont la soif insatiable les tient sur leurssièges, je goûte un certain plaisir à ne pasgoûter ce plaisir. Et c’est avec bonheur queje consacre mes loisirs aux lettres pendantces jours, que d’autres perdent dans lesplus frivoles occupations. Adieu.. (Traduction Sicard, Garnier, 1931)
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