Quand le soir était venu, reprenant le chemin de ma retraite, je m'arrêtais sur les ponts, pour voir se coucher le soleil. L'astre, enflammant les vapeurs (métaphore) de la cité, semblait osciller lentement dans un fluide d'or (métaphore) , comme le pendule de l'horloge des siècles (comparaison) . Je me retirais ensuite avec la nuit, à travers un labyrinthe de rues solitaires(métaphore) . En regardant les lumières qui brillaient dans les demeures des hommes, je me transportais par la pensée au milieu des scènes de douleur et de joie (antithèse) qu'elles éclairaient; et je songeais que sous tant de toits (métonymie)habités, je n'avais pas un ami. Au milieu de mes réflexions, l'heure venait frapper à coups mesurés dans la tour de la cathédrale gothique; elle allait se répétant sur tous les tons et à toutes les distances d'église en église (personnification) . Hélas ! chaque heure dans la société ouvre un tombeau (métaphore) , et fait couler des larmes.
Cette vie, qui m'avait d'abord enchanté, ne tarda pas à me devenir insupportable. Je me fatiguai de la répétition des mêmes scènes et des mêmes idées. Je me mis à sonder mon coeur, à me demander ce que je désirais. Je ne le savais pas; mais je crus tout à coup que les bois me seraient délicieux. Me voilà soudain résolu d'achever, dans un exil champêtre, une carrière à peine commencée, et dans laquelle j'avais déjà dévoré des siècles.
J'embrassai ce projet (métaphore) avec l'ardeur que je mets à tous mes desseins ; je partis précipitamment pour m'ensevelir(métaphore) dans une chaumière, comme j'étais parti autrefois pour faire le tour du monde.
On m'accuse d'avoir des goûts inconstants, de ne pouvoir jouir longtemps de la même chimère, d'être la proie d'une imagination qui se hâte d'arriver au fond de mes plaisirs, comme si elle était accablée de leur durée ; on m'accuse (répétition ou anaphore)de passer toujours le but que je puis atteindre : hélas! je cherche seulement un bien inconnu, dont l'instinct me poursuit. Est-ce ma faute, si je trouve partout des bornes, si ce qui est fini n'a pour moi aucune valeur? Cependant je sens que j'aime la monotonie des sentiments de la vie, et si j'avais encore la folie de croire au bonheur, je le chercherais dans l'habitude.
La solitude absolue, le spectacle de la nature, me plongèrent bientôt dans un état presque impossible à décrire. Sans parents, sans amis, pour ainsi dire seul sur la terre, n'ayant point encore aimé, j'étais accablé d'une surabondance de vie. Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon coeur comme des ruisseaux d'une lave ardente (comparaison) ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. II me manquait quelque chose pour remplir l'abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m'élevais sur la montagne, (antithèse) appelant de toute la force de mes désirs l'idéal objet d'une flamme future ; je l'embrassais dans les vents; je croyais l'entendre dans les gémissements du fleuve (personnification) ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l'univers.
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Quand le soir était venu, reprenant le chemin de ma retraite, je m'arrêtais sur les ponts, pour voir se coucher le soleil. L'astre, enflammant les vapeurs (métaphore) de la cité, semblait osciller lentement dans un fluide d'or (métaphore) , comme le pendule de l'horloge des siècles (comparaison) . Je me retirais ensuite avec la nuit, à travers un labyrinthe de rues solitaires (métaphore) . En regardant les lumières qui brillaient dans les demeures des hommes, je me transportais par la pensée au milieu des scènes de douleur et de joie (antithèse) qu'elles éclairaient; et je songeais que sous tant de toits (métonymie)habités, je n'avais pas un ami. Au milieu de mes réflexions, l'heure venait frapper à coups mesurés dans la tour de la cathédrale gothique; elle allait se répétant sur tous les tons et à toutes les distances d'église en église (personnification) . Hélas ! chaque heure dans la société ouvre un tombeau (métaphore) , et fait couler des larmes.
Cette vie, qui m'avait d'abord enchanté, ne tarda pas à me devenir insupportable. Je me fatiguai de la répétition des mêmes scènes et des mêmes idées. Je me mis à sonder mon coeur, à me demander ce que je désirais. Je ne le savais pas; mais je crus tout à coup que les bois me seraient délicieux. Me voilà soudain résolu d'achever, dans un exil champêtre, une carrière à peine commencée, et dans laquelle j'avais déjà dévoré des siècles.
J'embrassai ce projet (métaphore) avec l'ardeur que je mets à tous mes desseins ; je partis précipitamment pour m'ensevelir(métaphore) dans une chaumière, comme j'étais parti autrefois pour faire le tour du monde.
On m'accuse d'avoir des goûts inconstants, de ne pouvoir jouir longtemps de la même chimère, d'être la proie d'une imagination qui se hâte d'arriver au fond de mes plaisirs, comme si elle était accablée de leur durée ; on m'accuse (répétition ou anaphore)de passer toujours le but que je puis atteindre : hélas! je cherche seulement un bien inconnu, dont l'instinct me poursuit. Est-ce ma faute, si je trouve partout des bornes, si ce qui est fini n'a pour moi aucune valeur? Cependant je sens que j'aime la monotonie des sentiments de la vie, et si j'avais encore la folie de croire au bonheur, je le chercherais dans l'habitude.
La solitude absolue, le spectacle de la nature, me plongèrent bientôt dans un état presque impossible à décrire. Sans parents, sans amis, pour ainsi dire seul sur la terre, n'ayant point encore aimé, j'étais accablé d'une surabondance de vie. Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon coeur comme des ruisseaux d'une lave ardente (comparaison) ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. II me manquait quelque chose pour remplir l'abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m'élevais sur la montagne, (antithèse) appelant de toute la force de mes désirs l'idéal objet d'une flamme future ; je l'embrassais dans les vents; je croyais l'entendre dans les gémissements du fleuve (personnification) ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les cieux, et le principe même de vie dans l'univers.