Dans la définition sociologique qu'en donne Weber, l'Etat est une institution qui a "le monopole de la violence physique légitime". Seul l'Etat, par l'usage de la force publique, a le droit de prendre quelqu'un de corps, de l'enfermer et de lui imposer un nombre savant de contraintes (interrogatoire, garde à vue, prison, perquisition...). Personne d'autre ne saurait se prévaloir d'un droit d'enfermer autrui, d'entrer chez lui sans son accord, de l'interroger pendant des heures sans son consentement. Comment un organe collectif qui dispose du droit de contraindre pourrait-il nous libérer ? Ne serions-nous pas plus libres s'il n'y avait pas d'Etat ?
Ce que l'on appelle l'Etat est, de manière plus générale, une forme récente d'organisation politique qui désigne les institutions chargées de maintenir l'ordre et la justice dans une société civile composée d'individus libres. Si les individus sont laissés libres, c'est-à-dire sans contrainte extérieure, alors rien ne garantit que leurs actions soient coordonnées. Si être libre c'est pouvoir laisser libre cours à ses choix individuels alors, en effet, on voit mal comment parvenir à une coordination des individus sans une institution contraignante. Il faudrait alors limiter la liberté d'action pour la sauver, en quelque sorte. Pourtant, cette conception est trop simpliste car elle se rapporte à une vision d'un homme qui agirait sans souci des autres. Or, il est bien évident qu'à regarder les enfants jouer spontanément, leur désir d'appartenir au groupe fait qu'ils se donnent spontanément des règles. L'homme est un animal sociable, c'est constitutif de son épanouissement de vivre avec les autres et de se préoccuper de la coordination de ses actions avec celles des autres. L'homme n'aurait donc pas besoin de l'Etat pour avoir un sens des impératifs de la vie collective. Pourtant, ce désir de vivre avec les autres et d'être reconnu par eux, conduit beaucoup d'individus à vouloir être les premiers et, ce faisant, à des relations rivales favorisant les excès de pouvoir et la domination de l'homme par l'homme aboutissant, in fine, à une privation de liberté. Les hommes se coordonneraient-ils spontanément ? L'Etat ne peut-il pas abuser de son pouvoir de contrainte ? Sans Etat, chargé de maintenir l'ordre public, il est évident que chacun serait toujours menacé par les excès du pouvoir des autres. Mais l'existence d'un pouvoir de contrainte concentré dans une institution extérieure à la société civile ne se présente-t-elle pas aussi comme une menace inutile pour la liberté humaine ?
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Dans la définition sociologique qu'en donne Weber, l'Etat est une institution qui a "le monopole de la violence physique légitime". Seul l'Etat, par l'usage de la force publique, a le droit de prendre quelqu'un de corps, de l'enfermer et de lui imposer un nombre savant de contraintes (interrogatoire, garde à vue, prison, perquisition...). Personne d'autre ne saurait se prévaloir d'un droit d'enfermer autrui, d'entrer chez lui sans son accord, de l'interroger pendant des heures sans son consentement. Comment un organe collectif qui dispose du droit de contraindre pourrait-il nous libérer ? Ne serions-nous pas plus libres s'il n'y avait pas d'Etat ?
Ce que l'on appelle l'Etat est, de manière plus générale, une forme récente d'organisation politique qui désigne les institutions chargées de maintenir l'ordre et la justice dans une société civile composée d'individus libres. Si les individus sont laissés libres, c'est-à-dire sans contrainte extérieure, alors rien ne garantit que leurs actions soient coordonnées. Si être libre c'est pouvoir laisser libre cours à ses choix individuels alors, en effet, on voit mal comment parvenir à une coordination des individus sans une institution contraignante. Il faudrait alors limiter la liberté d'action pour la sauver, en quelque sorte. Pourtant, cette conception est trop simpliste car elle se rapporte à une vision d'un homme qui agirait sans souci des autres. Or, il est bien évident qu'à regarder les enfants jouer spontanément, leur désir d'appartenir au groupe fait qu'ils se donnent spontanément des règles. L'homme est un animal sociable, c'est constitutif de son épanouissement de vivre avec les autres et de se préoccuper de la coordination de ses actions avec celles des autres. L'homme n'aurait donc pas besoin de l'Etat pour avoir un sens des impératifs de la vie collective. Pourtant, ce désir de vivre avec les autres et d'être reconnu par eux, conduit beaucoup d'individus à vouloir être les premiers et, ce faisant, à des relations rivales favorisant les excès de pouvoir et la domination de l'homme par l'homme aboutissant, in fine, à une privation de liberté. Les hommes se coordonneraient-ils spontanément ? L'Etat ne peut-il pas abuser de son pouvoir de contrainte ? Sans Etat, chargé de maintenir l'ordre public, il est évident que chacun serait toujours menacé par les excès du pouvoir des autres. Mais l'existence d'un pouvoir de contrainte concentré dans une institution extérieure à la société civile ne se présente-t-elle pas aussi comme une menace inutile pour la liberté humaine ?