Bonjour
Je dois faire un résumée en 165 mots environ sur ce passage: pouvez-vous m’aider s’il vous Plaît
Merci
Pourquoi le monde des images, et tout particulièrement de la télévision, irrite-t-il à ce point le monde intellectuel que sa critique se soit élevée au rang d'un nouveau genre littéraire ?
Pas une saison qui ne se passe sans apporter sa moisson de pamphlets antimédiatiques, ressassant du reste presque toujours les mêmes banalités :
asservies aux contraintes de l'audimat, soumises à l'impérieuse logique du spectacle et du divertissement, la culture et l'information médiatiques seraient en voie de perdition. Pour des raisons techniques et idéologiques, la rapidité primerait sur l'exigence de sérieux, le vécu sur le conçu, le présent sur le temps, l'immédiat sur la distance, le visible sur l'invisible, l'image choc sur l'idée, l'émotion sur l'explication, etc.
J'ai fait le test, j'allais dire l'épreuve : lire les quinze ou vingt ouvrages récemment consacrés aux méfaits de la société médiatique. La liste est impressionnante.
Voici, sans aucun ajout de ma part ni exagération d'aucune sorte, ce que, pêle-mêle, on peut y trouver : la télévision aliène les esprits, elle montre à tous la même chose, véhicule l'idéologie de ceux qui la fabriquent, elle déforme l'imagination des enfants, appauvrit la curiosité des adultes, endort l'intelligence, exerce un insidieux contrôle politique, façonne à notre insu nos cadres de pensée, manipule l'information, impose des modèles culturels dominants (on n'ose plus dire "bourgeois"), elle ne montre de façon systématique qu'une partie du réel en oubliant la réalité urbaine, les classes moyennes, le secteur tertiaire, la vie des campagnes, le monde ouvrier, les langues et les cultures régionales, elle engendre la passivité, détruit les relations interpersonnelles dans les familles, tue le livre et en général toute culture "difficile", elle incite à la violence, à la vulgarité ainsi qu'à la pornographie, empêche les enfants de devenir adultes, concurrence de façon déloyale les spectacles vivants, cirque, théâtre, cabaret ou cinéma, génère l'apathie et l'indifférence des citoyens à force de surinformation inutile, abolit les hiérarchies culturelles, remplace l'information par la communication, la distanciation intellectuelle par la présence des sentiments volatils et superficiels, accorde le primat à la vitesse sur la lenteur nécessaire à toute méditation profonde, concurrence et dévalorise l'école...
Tout n'est pas faux, bien sûr, dans cette liste apocalyptique. Ni vrai non plus, loin de là. [...] Lorsqu'on reproche à l'information de gommer la
profondeur historique des drames qu'elle visualise, de quoi parle-t-on au juste ?
Croit-on sérieusement que les reportages sur la Bosnie ou sur la Somalie auraient décervelé une population républicaine, consciente et informée, qui de toute éternité aurait brillé par ses compétences incomparables quant à l'histoire politique de ces deux pays ? A quel âge d'or mythique fait-on, ici, référence ?
La réalité, de toute évidence, est que l'immense majorité du public ignorait jusqu'à l'existence même de la Bosnie et de la Somalie avant que la télévision ne s'emparât de leur sort.
La vraie difficulté est tout autre qu'on ne le suggère lorsqu'on mesure implicitement l'information télévisée à l'aune d'un cours (1) en Sorbonne : elle tient au fait qu'on ne peut, chaque soir, revenir sur l'histoire de l'Europe orientale ou de l'Afrique. Non seulement le public n'est pas le même qu'à l'amphithéâtre Descartes, mais il a la fâcheuse habitude d'être plus changeant encore.
Le but essentiel d'une information ne peut être, dès lors, que de sensibiliser, d'abord, puis de donner l'envie ou le courage d'aller y voir de plus près, dans la presse écrite, puis dans les livres. Il est un lien invisible qui va de l'image à l'écrit par de nombreux intermédiaires et c'est en son sein, pour ainsi dire de l'intérieur, qu'il faut juger la télévision, non en la comparant à ce qu'elle ne sera jamais ni ne devra jamais devenir.
Méfions-nous de la confusion des genres : la télévision doit rester, qu'on le veuille ou non, un spectacle, elle doit, même dans ses missions culturelles, davantage donner à penser que mettre en scène la connaissance en tant que telle. L'image ne peut ni ne doit remplacer l'écrit.