Christian Boltanski est l'invité de la troisième édition de Monumenta au Grand Palais, à Paris. Conçue comme un spectacle, son intervention se décompose en deux parties, dont la seconde est présentée en même temps au Mac/Val, à Vitry-sur-Seine.
«Je suis d’un caractère heureux, tout m’amuse. » Étonnant préambule de la part d’un homme obnubilé par la mort, la disparition et l’effacement. Dans le matin froid d’une banlieue parisienne, Christian Boltanski sourit devant notre étonnement. Non sans malice, il poursuit, raconte son intervention dans le cadre de Monumenta, revient également sur l’exposition concomitante au Mac/Val de Vitry, ponctue le tout de quelques épisodes de son passé. Et toujours cet humour corrosif, cette façon de ne pas se prendre au sérieux. Les trois heures passées dans son atelier seront peuplées d’éclats de rire, de fausses confessions, de vraies provocations et de propos lucides teintés d’ironie. « Il faut percevoir l’exposition au Grand Palais comme une mise à mort, comme les cercles de l’enfer de Dante. Le Mac/Val, c’est l’après : les limbes. Face à l’architecture du Grand Palais, j’ai pensé que le spectateur ne devait pas être devant mais dans l’oeuvre. J’aimais également l’idée de réaliser une chose qui serait détruite ensuite. D’ailleurs, je ne produis presque plus de pièces pour les galeries. Cette intervention, je l’ai imaginée comme un rendez-vous anxiogène : il fera très froid et le bruit sera insupportable. Je le considère comme une sorte d’opéra dont la temporalité n’est pas donnée. Cinq minutes ou plusieurs heures… au spectateur de choisir. Le livret, c’est l’oeuvre, et la musique surgira de l’espace. » Avant d’évoquer les composantes de l’exposition, il revient sur l’importance prise récemment par le spectacle dans son travail, conséquence aussi bien d’anciennes collaborations que d’une interrogation sur le temps et l’espace. Son aversion pour les modes de fonctionnement du monde de l’art n’y est sans doute pas pour rien, lui qui déteste cette fétichisation de l’oeuvre d’art que l’on voit depuis une dizaine d’années, ce pouvoir de l’argent qui a évincé totalement le pouvoir intellectuel, cette mise en avant d’une bourgeoisie “ bling-bling ”. « Dans un spectacle, il n’y a rien à vendre ! C’est pourquoi nombre de mes pièces actuelles sont comparables à des partitions musicales. Elles peuvent voyager, être interprétées et jouées différemment selon le lieu. »
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J’espère que c’est passage vont t’aider :
Christian Boltanski, au-delà de la Shoah
Christian Boltanski est l'invité de la troisième édition de Monumenta au Grand Palais, à Paris. Conçue comme un spectacle, son intervention se décompose en deux parties, dont la seconde est présentée en même temps au Mac/Val, à Vitry-sur-Seine.
«Je suis d’un caractère heureux, tout m’amuse. » Étonnant préambule de la part d’un homme obnubilé par la mort, la disparition et l’effacement. Dans le matin froid d’une banlieue parisienne, Christian Boltanski sourit devant notre étonnement. Non sans malice, il poursuit, raconte son intervention dans le cadre de Monumenta, revient également sur l’exposition concomitante au Mac/Val de Vitry, ponctue le tout de quelques épisodes de son passé. Et toujours cet humour corrosif, cette façon de ne pas se prendre au sérieux. Les trois heures passées dans son atelier seront peuplées d’éclats de rire, de fausses confessions, de vraies provocations et de propos lucides teintés d’ironie. « Il faut percevoir l’exposition au Grand Palais comme une mise à mort, comme les cercles de l’enfer de Dante. Le Mac/Val, c’est l’après : les limbes. Face à l’architecture du Grand Palais, j’ai pensé que le spectateur ne devait pas être devant mais dans l’oeuvre. J’aimais également l’idée de réaliser une chose qui serait détruite ensuite. D’ailleurs, je ne produis presque plus de pièces pour les galeries. Cette intervention, je l’ai imaginée comme un rendez-vous anxiogène : il fera très froid et le bruit sera insupportable. Je le considère comme une sorte d’opéra dont la temporalité n’est pas donnée. Cinq minutes ou plusieurs heures… au spectateur de choisir. Le livret, c’est l’oeuvre, et la musique surgira de l’espace. » Avant d’évoquer les composantes de l’exposition, il revient sur l’importance prise récemment par le spectacle dans son travail, conséquence aussi bien d’anciennes collaborations que d’une interrogation sur le temps et l’espace. Son aversion pour les modes de fonctionnement du monde de l’art n’y est sans doute pas pour rien, lui qui déteste cette fétichisation de l’oeuvre d’art que l’on voit depuis une dizaine d’années, ce pouvoir de l’argent qui a évincé totalement le pouvoir intellectuel, cette mise en avant d’une bourgeoisie “ bling-bling ”. « Dans un spectacle, il n’y a rien à vendre ! C’est pourquoi nombre de mes pièces actuelles sont comparables à des partitions musicales. Elles peuvent voyager, être interprétées et jouées différemment selon le lieu. »