La démocratie athénienne est incomplète pour des raisons pratiques, tous les citoyens ne peuvent y participer et les plus riches dominent dans son fonctionnement même.
Tout d'abord, la cité compte environ 35 000 citoyens, or, la colline de la Pnyx sur laquelle se déroule l'Ecclésia ne peut accueillir plus de 10 000 individus. De ce fait, l'ensemble des citoyens ne peut participer à ces assemblées au cours desquelles il est même difficile d'imaginer un investissement et une écoute constante d'une foule de 10 000 personnes. De plus, la création du misthos révèle une difficulté que rencontre la mobilisation des citoyens. L'Ecclésia se déroule environ une fois tous les dix jours et il semble par exemple délicat pour un paysan d'abandonner son champ pour exercer aussi régulièrement ses droits ; il risque ainsi de mal entretenir son exploitation, perdre des revenus. La conséquence de cette indemnité est que ce sont avant tout des personnes davantage intéressées par l'argent que par la politique qui se portent désormais volontaires pour l'exercice des charges.
Cette centralité de l'argent dans le fonctionnement de la démocratie est manifeste à travers d'autres aspects révélateurs d'une inégalité persistante au sein de la démocratie athénienne. Nous savons combien la liberté de parole est au cœur de l'Ecclésia et que tous les citoyens ont la possibilité de la prendre. Or, qui est plus à même de prononcer un discours argumenté, convaincant face à une foule de plusieurs milliers de personnes ? On peut penser que ce sont les plus éduqués, les mieux formés à l'éloquence. Ce sont bien souvent les plus riches qui ont pu bénéficier d'une éducation de qualité et qui sont ainsi les premiers orateurs. Experts dans l'art d'argumenter face à des individus inégalement éduqués, ils sont susceptibles de convaincre par des arguments parfois éloignés des intérêts civiques mais satisfaisant plutôt des intérêts individuels. La démagogie, l'art d'utiliser la flatterie pour convaincre, n'est pas absente de la démocratie athénienne. Elle existe notamment dans l'élection des stratèges, ces dirigeants chargés des affaires exécutives au sein de la cité et notamment du domaine militaire. Ces stratèges sont élus et bien souvent, cette procédure facilite l'accès au pouvoir de personnalités bénéficiant d'une éducation de qualité et de richesses personnelles susceptibles de les aider à conquérir des votes.
En dépit des mesures prises par la communauté des citoyens athéniens pour structurer un régime démocratique réel, de nombreuses imperfections subsistent, permettant de douter de l'existence possible d'une démocratie parfaite. Fondée par le droit du sang qui exclut de fait, elle est également limitée par des aspects liés au nombre, aux inégalités de richesse.
Ce constat ne permet pas cependant de rejeter la démocratie dont l'exemple athénien révèle les richesses, la promotion de l'individu qu'elle introduit. A ce titre, on peut rejoindre le propos de Winston Churchill concernant ce système : "La démocratie est le pire des régimes à l'exception de tous les autres".
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Bonjour
La démocratie athénienne est incomplète pour des raisons pratiques, tous les citoyens ne peuvent y participer et les plus riches dominent dans son fonctionnement même.
Tout d'abord, la cité compte environ 35 000 citoyens, or, la colline de la Pnyx sur laquelle se déroule l'Ecclésia ne peut accueillir plus de 10 000 individus. De ce fait, l'ensemble des citoyens ne peut participer à ces assemblées au cours desquelles il est même difficile d'imaginer un investissement et une écoute constante d'une foule de 10 000 personnes. De plus, la création du misthos révèle une difficulté que rencontre la mobilisation des citoyens. L'Ecclésia se déroule environ une fois tous les dix jours et il semble par exemple délicat pour un paysan d'abandonner son champ pour exercer aussi régulièrement ses droits ; il risque ainsi de mal entretenir son exploitation, perdre des revenus. La conséquence de cette indemnité est que ce sont avant tout des personnes davantage intéressées par l'argent que par la politique qui se portent désormais volontaires pour l'exercice des charges.
Cette centralité de l'argent dans le fonctionnement de la démocratie est manifeste à travers d'autres aspects révélateurs d'une inégalité persistante au sein de la démocratie athénienne. Nous savons combien la liberté de parole est au cœur de l'Ecclésia et que tous les citoyens ont la possibilité de la prendre. Or, qui est plus à même de prononcer un discours argumenté, convaincant face à une foule de plusieurs milliers de personnes ? On peut penser que ce sont les plus éduqués, les mieux formés à l'éloquence. Ce sont bien souvent les plus riches qui ont pu bénéficier d'une éducation de qualité et qui sont ainsi les premiers orateurs. Experts dans l'art d'argumenter face à des individus inégalement éduqués, ils sont susceptibles de convaincre par des arguments parfois éloignés des intérêts civiques mais satisfaisant plutôt des intérêts individuels. La démagogie, l'art d'utiliser la flatterie pour convaincre, n'est pas absente de la démocratie athénienne. Elle existe notamment dans l'élection des stratèges, ces dirigeants chargés des affaires exécutives au sein de la cité et notamment du domaine militaire. Ces stratèges sont élus et bien souvent, cette procédure facilite l'accès au pouvoir de personnalités bénéficiant d'une éducation de qualité et de richesses personnelles susceptibles de les aider à conquérir des votes.
En dépit des mesures prises par la communauté des citoyens athéniens pour structurer un régime démocratique réel, de nombreuses imperfections subsistent, permettant de douter de l'existence possible d'une démocratie parfaite. Fondée par le droit du sang qui exclut de fait, elle est également limitée par des aspects liés au nombre, aux inégalités de richesse.
Ce constat ne permet pas cependant de rejeter la démocratie dont l'exemple athénien révèle les richesses, la promotion de l'individu qu'elle introduit. A ce titre, on peut rejoindre le propos de Winston Churchill concernant ce système : "La démocratie est le pire des régimes à l'exception de tous les autres".