Réalisé dans le style documentaire cher au réalisateur, "Bloody Sunday" présente une reconstitution minutieuse du déroulement des événements de la journée du 30 janvier 1972 au cours de laquelle 14 manifestants irlandais (en majorité des adolescents) trouvèrent la mort et des raisons qui ont menées à se massacre. Sont notamment pointés du doigt les tensions au sein des deux camps, celui des irlandais et celui des militaires britanniques, et la mauvaise organisation de ces-derniers. Chacun a sa part de responsabilité. L'armée provoque les manifestants en déployant des militaires armés sur tout le parcours et en leur refusant l'accès à l'Hôtel de Ville tandis que certains manifestants étaient résolus à provoquer une révolte et ce même s'il s'agissait d'une manifestation pacifique. Malgré tout, "Bloody Sunday" se révèle à raison bien plus accablant pour l'armée britannique. Le montage place en porte-à-faux la parole des soldats et la réalité des faits. Un soldat déclare qu'il ne regrette rien en arguant qu'il n'a fait que respecter les règles pendant que nous voyons un manifestant se vider de son sang. Les militaires déclarent que le calme est revenu dans la ville tandis que des jeunes rejoignent l'IRA et reçoivent des armes. L'hypocrisie et la responsabilité de l'armée est encore plus mise en cause lorsque nous assistons à la fabrication de preuves et à de faux témoignages. Le style documentaire de Paul Greengrass a rarement aussi bien fonctionné que lors de la séquence centrale du film, la confrontation entre l'armée britannique et les manifestants, où la tension et la panique sont palpables. Même nous, spectateurs confortablement assis dans nos fauteuils, nous le ressentons dans nos tripes comme si nous y étions. La fin en est d'autant plus bouleversante. "Bloody Sunday" fini comme il avait commencé. Le film s'ouvre sur deux conférences de presse entremêlées, l'une donnée par les organisateurs de la manifestation qui annoncent qu'il s'agit d'une marche pacifique, l'autre par l'armée britannique qui réaffirme l'interdiction de manifester. La fin utilise le même procédé et mêle l'annonce faite par les organisateurs des victimes, dont les noms et âges sont égrenés dans une litanie bouleversante, le tout entrecoupé de cartons annonçant le blanchiment de l'armée par la commission d'enquête qui annonce que les soldats ne faisaient que répondre aux tirs de membres de l'IRA. Ce montage en parallèle renforce encore le sentiment d'injustice ressentit devant cet événement dramatique. La phrase qui termine le film, « nous n'aurons de cesse que justice soit rendue », montre que cette répression a eu l'effet inverse de celui souhaité puisqu'elle n'a fait qu'attiser la haine et la volonté de vengeance des irlandais, dans un conflit qui semble à ce moment-là bien parti pour durer éternellement. Tandis que le générique commence, se fait alors entendre la chanson de U2 "Sunday Bloody Sunday" dans une version live, dont les paroles d'apaisement appelant à la fin du conflit sont reprises en chœur par le public, comme pour dire que tout ça a assez duré.
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Il a été globalement très bie reussi
Réalisé dans le style documentaire cher au réalisateur, "Bloody Sunday" présente une reconstitution minutieuse du déroulement des événements de la journée du 30 janvier 1972 au cours de laquelle 14 manifestants irlandais (en majorité des adolescents) trouvèrent la mort et des raisons qui ont menées à se massacre. Sont notamment pointés du doigt les tensions au sein des deux camps, celui des irlandais et celui des militaires britanniques, et la mauvaise organisation de ces-derniers. Chacun a sa part de responsabilité. L'armée provoque les manifestants en déployant des militaires armés sur tout le parcours et en leur refusant l'accès à l'Hôtel de Ville tandis que certains manifestants étaient résolus à provoquer une révolte et ce même s'il s'agissait d'une manifestation pacifique. Malgré tout, "Bloody Sunday" se révèle à raison bien plus accablant pour l'armée britannique. Le montage place en porte-à-faux la parole des soldats et la réalité des faits. Un soldat déclare qu'il ne regrette rien en arguant qu'il n'a fait que respecter les règles pendant que nous voyons un manifestant se vider de son sang. Les militaires déclarent que le calme est revenu dans la ville tandis que des jeunes rejoignent l'IRA et reçoivent des armes. L'hypocrisie et la responsabilité de l'armée est encore plus mise en cause lorsque nous assistons à la fabrication de preuves et à de faux témoignages. Le style documentaire de Paul Greengrass a rarement aussi bien fonctionné que lors de la séquence centrale du film, la confrontation entre l'armée britannique et les manifestants, où la tension et la panique sont palpables. Même nous, spectateurs confortablement assis dans nos fauteuils, nous le ressentons dans nos tripes comme si nous y étions. La fin en est d'autant plus bouleversante. "Bloody Sunday" fini comme il avait commencé. Le film s'ouvre sur deux conférences de presse entremêlées, l'une donnée par les organisateurs de la manifestation qui annoncent qu'il s'agit d'une marche pacifique, l'autre par l'armée britannique qui réaffirme l'interdiction de manifester. La fin utilise le même procédé et mêle l'annonce faite par les organisateurs des victimes, dont les noms et âges sont égrenés dans une litanie bouleversante, le tout entrecoupé de cartons annonçant le blanchiment de l'armée par la commission d'enquête qui annonce que les soldats ne faisaient que répondre aux tirs de membres de l'IRA. Ce montage en parallèle renforce encore le sentiment d'injustice ressentit devant cet événement dramatique. La phrase qui termine le film, « nous n'aurons de cesse que justice soit rendue », montre que cette répression a eu l'effet inverse de celui souhaité puisqu'elle n'a fait qu'attiser la haine et la volonté de vengeance des irlandais, dans un conflit qui semble à ce moment-là bien parti pour durer éternellement. Tandis que le générique commence, se fait alors entendre la chanson de U2 "Sunday Bloody Sunday" dans une version live, dont les paroles d'apaisement appelant à la fin du conflit sont reprises en chœur par le public, comme pour dire que tout ça a assez duré.