Dans tous les pays, le virus place le chef de l’exécutif en première ligne. En France, le président Emmanuel Macron, qui s’exprimait justement jeudi soir, passe actuellement cette épreuve décisive pour la fin de son mandat.
par Alain Duhamel
publié le 12 mars 2020 à 20h36
Chaque mandat présidentiel traverse une épreuve majeure : l’Algérie et Mai 68 pour le général de Gaulle, la maladie pour Georges Pompidou, les deux crises pétrolières pour Valéry Giscard d’Estaing, la guerre avec l’Irak pour François Mitterrand, la deuxième guerre d’Irak pour Jacques Chirac, la violente crise financière de 2008 pour Nicolas Sarkozy, les attentats de 2015 pour François Hollande. Emmanuel Macron, lui, doit affronter l’épidémie, peut-être demain la pandémie du coronavirus. Les effets de l’épidémie sont naturellement avant tout humains, puisqu’il s’agit de la santé de toute la population, du traitement de la maladie mais aussi des conséquences enchaînées qu’elle entraîne pour le mode de vie. Ses effets sont aussi économiques et sociaux, comme on le constate déjà. Affolement de la Bourse, pans entiers de l’économie sinistrés, chômage partiel, désorganisation des échanges internationaux, services publics fragilisés, croissances et emplois remis en cause, c’est tout le système qui vacille. Le coronavirus a enfin un impact politique fort.
On peut déjà le constater à propos des élections municipales. La campagne est à demi-paralysée. La plupart des réunions publiques sont annulées et surtout, cela se comprend, les Français ont l’esprit ailleurs. Dans les conversations, le coronavirus et ses conséquences ont complètement éclipsé, presque effacé, les enjeux électoraux. Dimanche prochain, on s’attend à un taux d’abstention record. En 2014, il était déjà plus élevé que d’habitude. Cette fois-ci, il est très probable qu’il dépassera la barre des 40 %, il n’est même pas exclu qu’il atteigne celle des 50 %. Les enjeux sont pourtant significatifs et le rapport des forces national en sortira transformé. Mais les Français, c’est humain, pensent plus au risque de confinement qu’à l’isoloir des bureaux de vote. A priori, cela devrait plutôt conforter les maires sortants (une campagne atrophiée handicape les nouveaux venus) et desservir la droite et LREM, les personnes âgées, si nombreuses dans leurs électorats, risquant d’être moins civiques que d’habitude.
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Chronique «Politiques»
L’impact politique du coronavirus
Dans tous les pays, le virus place le chef de l’exécutif en première ligne. En France, le président Emmanuel Macron, qui s’exprimait justement jeudi soir, passe actuellement cette épreuve décisive pour la fin de son mandat.
par Alain Duhamel
publié le 12 mars 2020 à 20h36
Chaque mandat présidentiel traverse une épreuve majeure : l’Algérie et Mai 68 pour le général de Gaulle, la maladie pour Georges Pompidou, les deux crises pétrolières pour Valéry Giscard d’Estaing, la guerre avec l’Irak pour François Mitterrand, la deuxième guerre d’Irak pour Jacques Chirac, la violente crise financière de 2008 pour Nicolas Sarkozy, les attentats de 2015 pour François Hollande. Emmanuel Macron, lui, doit affronter l’épidémie, peut-être demain la pandémie du coronavirus. Les effets de l’épidémie sont naturellement avant tout humains, puisqu’il s’agit de la santé de toute la population, du traitement de la maladie mais aussi des conséquences enchaînées qu’elle entraîne pour le mode de vie. Ses effets sont aussi économiques et sociaux, comme on le constate déjà. Affolement de la Bourse, pans entiers de l’économie sinistrés, chômage partiel, désorganisation des échanges internationaux, services publics fragilisés, croissances et emplois remis en cause, c’est tout le système qui vacille. Le coronavirus a enfin un impact politique fort.
On peut déjà le constater à propos des élections municipales. La campagne est à demi-paralysée. La plupart des réunions publiques sont annulées et surtout, cela se comprend, les Français ont l’esprit ailleurs. Dans les conversations, le coronavirus et ses conséquences ont complètement éclipsé, presque effacé, les enjeux électoraux. Dimanche prochain, on s’attend à un taux d’abstention record. En 2014, il était déjà plus élevé que d’habitude. Cette fois-ci, il est très probable qu’il dépassera la barre des 40 %, il n’est même pas exclu qu’il atteigne celle des 50 %. Les enjeux sont pourtant significatifs et le rapport des forces national en sortira transformé. Mais les Français, c’est humain, pensent plus au risque de confinement qu’à l’isoloir des bureaux de vote. A priori, cela devrait plutôt conforter les maires sortants (une campagne atrophiée handicape les nouveaux venus) et desservir la droite et LREM, les personnes âgées, si nombreuses dans leurs électorats, risquant d’être moins civiques que d’habitude.