Bonjour

On a besoin d'un certain courage, de nos jours, pour parler de la vertu en général et de la compassion en particulier ; il faut même de l'audace pour soutenir qu'elle peut être vertueuse et source de joie. Et cependant, rien de plus excellent, rien de plus beau qu’une vie vertueuse. Pour la plus part de nos contemporains, la compassion a vieilli, elle a pris des rides, son teint s'est fané. Nous avons essayé de démontrer qu’on peut peut-être la rajeunir et lui rendre sa force d'antan. La compassion n'est pas réductible au mot et à l'idée qui la désignent. Elle ne se révèle, dans son dynamisme, qu'à celui qui la met en pratique avec amour.

Nous pourrions d'abord faire un diagnostic de la mentalité populaire pour voir la "côte de popularité" de la notion de la compassion et nous verrons bien qu’elle n’est pas du tout une valeur appréciée dans notre monde aujourd’hui. Nous pourrions questionner l’histoire pour voir dans l’évolution de la pensée philosophique, notamment avec Nietzsche, les sources de cette mentalité égoïste.

Nous pourrions ensuite tenter de comprendre réellement ce qu’est la vertu chrétienne de la compassion : - en écoutant Jésus dans deux paraboles où il nous enseigne la compassion ; - en voyant avec saint Thomas d’Aquin que la compassion, à la manière de Jésus, est effectivement une grande vertu chrétienne ; - en examinant l’enseignement social du magistère qui aiguise, au fil du temps, l’appétit des fidèles pour la compassion.

Enfin nous verrions qu’il y a une nécessité évidente pour le monde de notre temps à redécouvrir la notion de la compassion pour des meilleurs rapports entre les pays et entre les humains. Nous verrions que l’Eglise est l’apôtre qui doit apporter cette bonne nouvelle à nos contemporains pour la réalisation du dessein de Dieu qui est le salut du genre humain. Pour être un peu plus concret, nous examinerons de plus près le cas du continent africain, qui est le nôtre et dont la situation nous tient à cœur. Nous arriverons à la conclusion selon laquelle c’est l’Eglise, dans sa mission prophétique , qui est la plaque tournante de la redécouverte des valeurs morales et particulièrement de la charité pratique qui s’appelle la compassion.

Notre regard et notre sensibilité puissent-ils être aiguisés pour voir tous ces nécessiteux dans notre monde, et parfois sur notre chemin et, puissions-nous aussi avoir le courage du Samaritain pour aller au secours de l’inconnu qui souffre. Puissions-nous avoir une attitude de proximité fraternelle, de respect et de disponibilité secourable ; c’est cela la vertu de la compassion. Et comme nous l’avons vu avec le continent africain, le pape Jean Paul II nous le redit ici : "En réalité, la vraie compréhension et la compassion naturelle doivent signifier l'amour de la personne, de son bien véritable et de sa liberté authentique".