October 2023 0 20 Report
Activité 1: Jean Jacques Rousseau, extrait de Les Confessions, 1712-1778.
«J'étudiais un jour seul ma leçon dans la chambre contiguë à la cuisine. La servante avait mis sécher à la
plaque les peignes de mademoiselle Lambercier. Quand elle revint les prendre, il s'en trouva un dont tout un
côté de dents était brisé. A qui s'en prendre de ce dégât ? personne autre que moi n'était entré dans la
hambre. On m'interroge je nie d'avoir touché le peigne. M. et mademoiselle Lambercier se réunissent,
m'exhortent, me pressent, me menacent: je persiste avec opiniâtreté; mais la conviction était trop forte, elle
l'emporta sur toutes mes protestations, quoique ce fût la première fois qu'on m'eût trouvé tant d'audace à
mentir. La chose fut prise au sérieux; elle méritait de l'être. La méchanceté, le mensonge, l'obstination,
parurent également dignes de punition; mais pour le coup ce ne fut pas par mademoiselle Lambercier qu'elle
me fut infligée. On écrivit à mon oncle Bernard: il vint. Mon pauvre cousin était chargé d'un autre délit non
moins grave; nous fûmes enveloppés dans la même exécution. Elle fut terrible. Quand, cherchant le remède
10 dans le mal même, on eut voulu pour jamais amortir mes sens dépravés, on n'aurait pu mieux s'y prendre.
Aussi me laissèrent-ils en repos pour longtemps. On ne put m'arracher l'aveu qu'on exigeait. Repris à
plusieurs fois et mis dans l'état le plus affreux, je fus inébranlable. J'aurais souffert la mort, et j'y étais résolu.
Il fallut que la force même cédât au diabolique entêtement d'un enfant; car on n'appela pas autrement ma
constance. Enfin je sortis de cette cruelle épreuve en pièces, mais triomphant. Il y a maintenant près de
cinquante ans de cette aventure, et je n'ai pas peur d'être puni derechef pour le même fait; hé bien ! je
déclare à la face du ciel que j'en étais innocent, que je n'avais ni cassé ni touché le peigne, que je n'avais pas
approché de la plaque, et que je n'y avais pas même songé. Qu'on ne me demande pas comment le dégât se
fit, je l'ignore et ne le puis comprendre ; ce que je sais très certainement, c'est que j'en étais innocent. >>
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A votre avis, pourquoi Rousseau raconte-t-il cette anecdote de son enfance? Que veut-il provoquer chez son
20 lecteur ? Vous vous appuierez sur les procédés utilisés par l'auteur pour illustrer votre réponse (Champs
lexicaux, figures de styles (métaphore, comparaison, antithèses, énumération), temps verbaux, type de
phrases ect...) Sous forme de tableaux, relevez la ligne du texte.
Dans le premier paragraphe, quel champ lexical est utilisé ?
> L'énumération << m'exhortent, me pressent, me menacent » transmet au lecteur quel sentiment ?
➤ Expliquez comment l'auteur, après avoir raconté le déroulement de la scène dans les premiers
paragraphes, il termine par une réflexion qui s'inscrit au moment de l'écriture.
> Montrez que cinquante ans après, Jean-Jacques Rousseau est toujours marqué par cette injustice qui a eu
lieu dans son enfance.
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