aidezz moii s"illl vouus plait J'ai vraiment besoin de ton aide
texte : Heureusement pour moi, ces séances de bain étaient assez rares. Ma mère ne voulait point s’embarrasser de l’enfant empoté et maladroit que j’étais. Pendant son absence, j’étais livré à mes timides fantaisies. Je courais pieds nus dans le derb, imitant le pas cadencé des chevaux, je hennissais fièrement, envoyais des ruades. Parfois, je vidais simplement ma Boîte à Merveilles par terre et j’inventoriais mes trésors. Un simple bouton de porcelaine me mettait les sens en extase. Quand je l’avais longtemps regardé, j’en caressais des doigts la matière avec respect. Mais il y avait dans cet objet un élément qui ne pouvait être saisi ni par les yeux, ni par les doigts, une mystérieuse beauté intraduisible. Elle me fascinait. Je sentais toute mon impuissance à en jouir pleinement. Je pleurais presque de sentir autour de moi cette étrange chose invisible, impalpable, que je ne pouvais goûter de la langue, mais qui avait un goût et le pouvoir d’enivrer. Et cela s’incarnait dans un bouton de porcelaine et lui donnait ainsi une âme et une vertu de talisman. Dans la Boîte à Merveilles il y avait une foule d’objets hétéroclites qui, pour moi seul, avaient un sens: des boules de verre, des anneaux de cuivre, un minuscule cadenas sans clef, des clous à tête dorée, des encriers vides, des boutons décorés, des boutons sans décor. Il y en avait en matière transparente, en métal, en nacre. Chacun de ces objets me parlait son langage. C’étaient là mes seuls amis. Bien sûr, j’avais des relations dans le monde de la légende avec des princes très vaillants et des géants au cœur tendre, mais ils habitaient les recoins cachés de mon imagination. Quant à mes boules de verre, mes boutons et mes clous, ils étaient là, à chaque instant, dans leur boîte rectangulaire, prête à me porter secours dans mes heures de chagrin.