Bonjour jai vrmt besoin d'aide s'il vous plaît cest pour mardi, j'ai une explication de texte à faire sur l'auteur Simon Blackburn :
Le mot même de philosophie est porteur de connotations malheureuses. La philosophie serait dénuée de sens pratique, détachée de ce monde, bizarre. Je soupçonne que tous les philosophes et étudiants en philosophie connaissent cet instant de silence embarrassé quand quelqu’un nous demande naïvement ce que nous faisons. En effet, sur quoi réfléchissons-nous ? Voici quelques questions qu’on aborde par exemple en philosophie : Que suis-je ? Qu’est-ce que la conscience ? Pourrais-je survivre à ma mort physique ? Comment puis-je être sûr que les expériences et les sensations des autres sont pareilles aux miennes ? Se pourrait-il que je sois un pantin, programmé pour faire les choses que je crois faire de mon plein gré ?, etc… Toutes ces questions sont déroutantes à première vue, et force est de constater qu’elles n’admettent pas non plus de réponses toutes simples. Mais pourquoi se pose-t-on des questions aussi déconcertantes ? En deux mots, de la réflexion sur soi. Nous pouvons en effet faire quelque chose par habitude, mais nous pouvons aussi nous mettre à réfléchir sur l’habitude en question. Nous pouvons penser des choses par habitude, mais nous pouvons réfléchir aussi à ce que nous pensons. Nous pouvons nous demander même si nous savons bien de quoi nous parlons. Répondre à ces questions nous oblige alors à réfléchir à nos propres positions, à l’intelligence de ce que nous disons, à nos sources d’autorité. Mais pourquoi se tracasser ? A quoi ça rime ? La réflexion ne fait pas tourner le monde ! Elle ne fait pas cuire le pain ni voler les avions ! Pourquoi ne pas laisser de côté les questions de réflexion et s’occuper d’autres choses ? Tout simplement parce que nous désirons bien agir. La réflexion importe parce qu’elle est en continuité avec la pratique. Ce que l’on pense de ce que l’on fait affecte la manière de le faire – et même la décision de le faire ou de ne pas le faire. Notre pratique peut empirer ou s’améliorer suivant la valeur de nos réflexions. Il y aura bien sûr toujours des gens pour nous dire ce que nous voulons, comment ils vont nous l’apporter, ce que nous devrions croire. Les convictions sont contagieuses, et des gens peuvent en convaincre d’autres de tout et de n’importe quoi. C’est pour des idées que les gens s’entretuent. C’est à cause de croyances sur ce que nous sommes, sur ce que sont nos intérêts ou nos droits, que nous partons en guerre, que nous opprimons d’autres personnes en toute bonne conscience, voire que nous acquiesçons à notre propre oppression. Quand ces croyances impliquent le sommeil de la raison, l’antidote est alors l’éveil critique.
Simon Blackburn, Penser : une irrésistible introduction à la philosophie, 1999