Bonjour, pouvez vous m'aider ?
Imaginer en une quinzaine de ligne qu'un incident retarde le projet de Claude Gueux
voir ce texte :
Neuf heures sonnèrent. La porte s’ouvrit. Le directeur entra.
En ce moment-là, il se fit dans l’atelier un silence de statues.
Le directeur était seul comme d’habitude.
Il entra avec sa figure joviale, satisfaite et inexorable, ne vit pas Claude qui était debout à gauche de la porte, la main droite cachée dans son pantalon, et passa rapidement devant les premiers métiers, hochant la tête, mâchant ses paroles, et jetant çà et là son regard banal, sans s’apercevoir que tous les yeux qui l’entouraient étaient fixés sur une idée terrible.
Tout à coup il se détourna brusquement, surpris d’entendre un pas derrière lui.
C’était Claude, qui le suivait en silence depuis quelques instants.
— Que fais-tu là, toi ? dit le directeur ; pourquoi n’es-tu pas à ta place ?
Car un homme n’est plus un homme là. C’est un chien. On le tutoie.
Claude Gueux répondit respectueusement :
— C’est que j’ai à vous parler, monsieur le directeur.
— De quoi ?
— D’Albin.
— Encore ! dit le directeur.
— Toujours ! dit Claude.
— Ah çà ! reprit le directeur continuant de marcher, tu n’as donc pas eu assez de vingt-quatre heures de cachot ?
Claude répondit en continuant de le suivre :
— Monsieur le directeur, rendez-moi mon camarade.
— Impossible.
— Monsieur le directeur, dit Claude avec une voix qui eût attendri le démon, je vous en supplie, remettez Albin avec moi, vous verrez comme je travaillerai bien. Vous qui êtes libre, cela vous est égal, vous ne savez pas ce que c’est qu’un ami ; mais, moi, je n’ai que les quatre murs de la prison. Vous pouvez aller et venir, vous ; moi je n’ai qu’Albin. Rendez-le-moi. Albin me nourrissait, vous le savez bien. Cela ne vous coûterait que la peine de dire oui. Qu’est-ce que cela vous fait qu’il y ait dans la même salle un homme qui s’appelle Claude Gueux et un autre qui s’appelle Albin ? Car ce n’est pas plus compliqué que cela. Monsieur le directeur, mon bon monsieur D., je vous supplie vraiment, au nom du ciel !
Claude n’en avait peut-être jamais tant dit à la fois à un geôlier. Après cet effort, épuisé, il attendit. Le directeur répliqua avec un geste d’impatience :
— Impossible. C’est dit. Voyons, ne m’en reparle plus. Tu m’ennuies.
Et, comme il était pressé, il doubla le pas. Claude aussi. En parlant ainsi ils étaient arrivés tous deux près de la porte de sortie. Les quatrevingts voleurs regardaient et écoutaient, haletants.
Claude prit doucement le pan de l’habit du directeur.
— Mais au moins que je sache pourquoi je suis condamné à mort ! Dites-moi pourquoi vous l’avez séparé de moi.
— Je te l’ai déjà dit, répondit le directeur. Parce que.
Et, tournant le dos à Claude, il avança la main vers le loquet de la porte de sortie.
À la réponse du directeur, Claude avait reculé d’un pas. Les quatrevingts statues qui étaient là virent sortir de son pantalon sa main droite avec la hache. Cette main se leva, et avant que le directeur eût pu pousser un cri, trois coups de hache, chose affreuse à dire, assénés dans la même entaille, lui avaient ouvert le crâne. Au moment où il tombait à la renverse, un quatrième coup lui balafra le visage. Puis, comme une fureur lancée ne s’arrête pas court, Claude Gueux lui fendit la cuisse droite d’un cinquième coup inutile. Le directeur était mort.
Alors Claude jeta la hache et cria : À l’autre maintenant ! L’autre, c’était lui. On le vit tirer de sa veste les petits ciseaux de « sa femme », et, sans que personne songeât à l’en empêcher, il se les enfonça dans la poitrine. La lame était courte, la poitrine était profonde. Il y fouilla longtemps et à plus de vingt reprises en criant : — Cœur de damné, je ne te trouverai donc pas ! — Et enfin il tomba baigné dans son sang, évanoui sur le mort.
Lequel des deux était la victime de l’autre ?
Merci beaucoup :)