L'Effacement du Personnage.
Bien qu'elle n'est jamais revendiqué une appartenance à ce mouvement littéraire, on a souvent dit que Margerite Duras était proche du Nouveau Roman, car ses récits déconstruisent la vision du personnage héritée du roman réaliste du 19e siecle.
Elle est aussi cinéaste , et on retrouve dans ses oeuvres l'importance de l'image et de la mise en scene. Voici l'incipit de l'Amour.
Un homme.
Il est debout, il regarde : la plage, la mer.
La mer est basse, calme, la saison est indéfinie, le temps, lent.
L'homme se trouve sur un chemin de planches posé sur le sable.
Il est habillé de vetements sombres. Son visage est distinct.
Ses yeux sont clairs.
Il ne bouge pas, il regarde.
La mer, la plage, il y a des flaques, des surfaces d'eau calme isolées.
Entre l'homme qui regarde et la mer, tout au bord de la mer, loin, quelqu'un marche. Un autre homme. Il est habillé de vetements sombres. A cette distance son visage est indistinct. Il marche, il va, il vient, il va, il revient, son parcours est assez lent, toujours égal.
Quelque part sur la plage, à droite de celui qui regarde, un mouvement lumineux : une flaque se vide, une source, un fleuve, des fleuves, sans répit,alimentent le gouffre de sel.
A gauche, une femme aux yeux fermés. Assise.
L'homme qui marche ne regarde pas, rien, rien d'autre que le sable devant lui. Sa marche est incessante, régulière, lointaine.
Le triangle se ferme avec la femme aux yeux fermés. Elle est assise contre un mur qui délimite la plage vers sa fin, la ville.
L'homme qui regarde se trouve entre cette femme et l'homme qui marche au bord de la mer.
Du fait de l'homme qui marche, constamment, avec une lenteur égale, le triangle se déforme, se reforme, sans se briser jamais.
Cet homme a le pas régulier d'un prisonnier.
Le jour baisse.
La mer, le ciel, occupent l'espace. Au loin la mer est déjà oxydée par la lumière obscure, de même que le ciel.
Trois, ils sont trois dans la lumière obscure, le réseau de lenteur.
L'homme marche toujours, il va, il vient, devant la mer, le ciel, mais l'homme qui regardait a bougé.
Le glissement régulier du triangle sur lui-même prend fin :
Il bouge.
Il se met à marcher.
1- Qui sont les personnages ?
2- Qu'apprend-on des personnages ? du cadre spatio-temporel ? En quoi cet incipit est-il destabilisant ?
3- Par quel type de phrases s'ouvre le texte ? Quel est l'effet produit ?
4- Analysez la longueur et la construction des phrases. Pourquoi l'auteur a-t-il fait ces choix ?
5- "il va, il vient, il va, il revient" : quelles figures identifiez vous ? Que peuvent nous apprendre ces verbes sur les motivations du personnage ?
6- Que sous-entend le terme "triangle" ?
Aidez vous du titre du roman pour répondre.
7- Montrez que le narrateur crée une confusion entre les deux personnages masculins.
8- Ces trois personnages ressemblent ils à des personnages de roman ? Pourquoi ?
9- A quel autre art ce texte peut-il faire penser ?
Aides vous du paratexte et justifiez votre réponse à l'aide d'une analyse précise du texte.
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