Pas de panique, dans vingt-six ans, il possédera son alphabet.
Ainsi ironisait mon père pour distraire ses propres craintes. Bien des années plus
tard, comme je redoublais ma terminale à la poursuite d'un baccalauréat qui m'échappait
obstinément, il aura cette formule:
Ne t'inquiète pas, même pour le bac, on finit par acquérir des automatismes...
Ou en septembre 1968, ma licence de lettres enfin en poche:
Il t'aura fallu une révolution pour la licence, doit-on craindre une guerre mondiale
pour l'agrégation?
Cela dit sans méchanceté particulière. C'était notre forme de connivence. Nous
avons assez vite choisi de sourire, mon père et moi.
Mais revenons à mes débuts.
J'étais un objet de stupeur, et de stupeur constante car les années passaient sans
apporter la moindre amélioration à mon état d'hébétude scolaire. « Les bras m'en
tombent», « Je n'en reviens pas!», me sont des exclamations familières, associées à des
regards d'adulte où je vois bien que mon incapacité à assimiler quoique ce soit creuse un
abîme d'incrédulité.
Apparemment, tout le monde comprenait plus vite que moi.
Tu es complètement bouché!
Un après-midi de l'année du bac ( une des années du bac), mon père me donnait
un cours de trigonométrie dans la pièce qui nous servait de bibliothèque, notre chien se
coucha en douce sur le lit, derrière nous. Repéré, il fut sèchement viré:
Dehors le chien, dans ton fauteuil!
Cinq minutes plus tard, le chien était de nouveau sur le lit. Il avait juste pris le soin
d'aller chercher la vieille couverture qui protégeait son fauteuil et de se coucher sur elle.
Admiration générale, bien sûr, et justifiée: qu'un animal pût associer une interdiction à
l'idée abstraite de propreté et en tirer la conclusion qu'il fallait faire son lit pour jouir de la
compagnie des maîtres, chapeau, évidemment, un authentique raisonnement! Ce fut un
sujet de conversation familial qui traversa les âges.
Personnellement, j'en tirai l'enseignement que même le chien de la maison pigeait
plus vite que moi. Je crois bien lui avoir murmuré à l'oreille:
Demain, c'est toi qui vas au bahut...

1) Relevez des verbes dans le texte qui correspondent à un moment de la vie du narrateur . identifiez les temps des verbe puis expliquez le moment.

Merci D'avance​​​
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