Comme toujours, Rimbaud plonge la nature et les sensations au cœur de sa description et arrive à créer une atmosphère agréable où l’on se sent à l’aise.
La création de cette ambiance passe par l’éveil de tous les sens : il y a d’abord la vue, quand on voit les "lustres éclatants" (vers 3), "les tilleuls verts" (vers 4) et lorsque l’"on aperçoit un tout petit chiffon / D’azur […]" (vers 10-11) ainsi que "la clarté d’un pâle réverbère" (vers 18), antithèse qui montre que la vue est faussée, certainement par les sentiments. Puis il y a l’odorat, "les tilleuls sentent bon" (vers 5), on sent les "parfums de vigne et [les] parfums de bière" (vers 8) ; et le goût, "La sève est du champagne" (vers 14). Enfin nous avons l’ouïe, "cafés tapageurs" (vers 3), "vent chargé de bruits" (vers 7), et le toucher, "on se sent aux lèvres un baiser […] comme une petite bête" (vers 15-16), ici la comparaison est assez étonnante puisqu’il associe la sensation d’un baiser à celle d’une bête sur la peau.
Par la suite, Rimbaud décrit au lecteur un cadre naturel, simple et reposant. Il est vrai que rien n’est superficiel ou idéalisé, la rencontre se passe "sous les tilleuls verts de la promenade" (vers 4) et Rimbaud met en opposition deux ambiances : d’une part les "cafés" et la "ville" qui sont bruyants et où la lumière est forte et d’autre part la promenade, éclairée par un "pâle réverbère", où "l’air est parfois si doux" (vers 6). Il y a la ville et l’agitation qui s’opposent à la campagne et au calme ; ceci est accentué par l’exclamation "foin !" du vers 2 : le jeune homme quitte les cafés et la ville pour rencontrer l’amour. Le poète insiste sur le fait que cette rencontre se passe un "bon soir de juin" (vers 5) en le répétant de nombreuses fois. Pour lui le soir est donc le meilleur moment pour faire une rencontre.
De plus, Rimbaud n’écrit jamais le pronom "je" car en fait, il généralise son expérience ce qui la rend universelle. Il utilise de nombreuses fois "on", ainsi il ne parle pas uniquement de lui puisqu’il implique le lecteur en le désignant par "vous". Chacun se retrouve donc dans la description et l’histoire devient familière aux lecteurs. Par les points de suspicion en grand nombre, le lecteur garde sa part d'imagination tout en conservant une moindre mesure, il peut comparer sa propre histoire.
Ce poème a une forme de "Roman", forme originale choisie par Rimbaud. Il mêle alors fiction et réalité. Il relate de manière "romanesque" la conquête amoureuse.
Après avoir évoqué les sensations produites par l’environnement, Rimbaud exprime tout ce que l’on peut ressentir lorsqu’on tombe amoureux. L’adolescence est une période de transition : on n’est plus un enfant mais on n’est pas tout à fait adulte non plus et Rimbaud nous le fait comprendre en opposant les "bocks" à la "limonade", une boisson "d’adulte" et une boisson "d’enfant". On retrouve d’ailleurs un champ lexical de la boisson / alcool : "bière" (vers 8), "champagne" (vers 14) ainsi que bocks et limonade. On remarque aussi la présence de phrases nominatives au vers 13 qui montre l’enthousiasme du poète, allant même jusqu’à l’ivresse puisqu’il "se laisse griser", que le champagne lui "monte à la tête" et qu’il "divague". Il est ivre d’amour et est submergé par ses sentiments, ce qui l’amène à déformer la réalité : le ciel est comparé à un "tout petit chiffon" (vers 9) et l’adjectif "petit" (ou petite) est répété six fois dans le poème. Tout est démesurément petit.
Et alors que son "cœur fou Robinsonne", néologisme qui signifie que son cœur vagabonde (effet accentué par la majuscule) et qu’il est perdu dans ses pensées, il revient subitement à la réalité lorsque "Passe une demoiselle" (vers 16). On retrouve alors le champ lexical de l’amour avec "lèvres" (vers 15 et 24), "baiser" (vers 15), "cœur" (vers 17) et "Vous êtes amoureux" répété vers 25 et 26. La jeune fille apparaît sous la "clarté d’un pâle réverbère" qui s’oppose à "l’ombre du faux-col effrayant de son père", métonymie révélant que le père se présente comme un obstacle entre le jeune homme et la demoiselle. Au fur et à mesure, on assiste à l’idéalisation de cette demoiselle, à travers l’allégorie du vers 26, d’une part et du fait qu’elle devienne "l’adorée" (vers 28), d’autre part. L’harmonie imitative du vers 22 donne une impression de mouvement, confirmée par le vers suivant lorsque la fille "se tourne, alerte et d’un mouvement vif", traduisant aussi une certaine coquetterie. L’effet est immédiat, le jeune homme reste sans voix (vers 24) : c’est le coup de foudre ; même si la fille le trouve très "naïf" et qu’il commet quelques maladresses puisque ses "sonnets la font rire".
La suite en pièce jointe tout ne rentre pas...
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physique3
merci beaucoup vous êtes trop gentil vous avez passé de temps pour moi
maudmarine
Oui mais j'ai vu que tu étais en stress
physique3
oui c'est vrai car je suis pas fort en français et j'ai besoin d'une bonne note pour augmenter ma moyenne
physique3
si ça vous dérange pas de m'aider pour fair un autre commentaire s'il vous plaît
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Bonjour,
Comme toujours, Rimbaud plonge la nature et les sensations au cœur de sa description et arrive à créer une atmosphère agréable où l’on se sent à l’aise.
La création de cette ambiance passe par l’éveil de tous les sens : il y a d’abord la vue, quand on voit les "lustres éclatants" (vers 3), "les tilleuls verts" (vers 4) et lorsque l’"on aperçoit un tout petit chiffon / D’azur […]" (vers 10-11) ainsi que "la clarté d’un pâle réverbère" (vers 18), antithèse qui montre que la vue est faussée, certainement par les sentiments. Puis il y a l’odorat, "les tilleuls sentent bon" (vers 5), on sent les "parfums de vigne et [les] parfums de bière" (vers 8) ; et le goût, "La sève est du champagne" (vers 14). Enfin nous avons l’ouïe, "cafés tapageurs" (vers 3), "vent chargé de bruits" (vers 7), et le toucher, "on se sent aux lèvres un baiser […] comme une petite bête" (vers 15-16), ici la comparaison est assez étonnante puisqu’il associe la sensation d’un baiser à celle d’une bête sur la peau.
Par la suite, Rimbaud décrit au lecteur un cadre naturel, simple et reposant. Il est vrai que rien n’est superficiel ou idéalisé, la rencontre se passe "sous les tilleuls verts de la promenade" (vers 4) et Rimbaud met en opposition deux ambiances : d’une part les "cafés" et la "ville" qui sont bruyants et où la lumière est forte et d’autre part la promenade, éclairée par un "pâle réverbère", où "l’air est parfois si doux" (vers 6). Il y a la ville et l’agitation qui s’opposent à la campagne et au calme ; ceci est accentué par l’exclamation "foin !" du vers 2 : le jeune homme quitte les cafés et la ville pour rencontrer l’amour. Le poète insiste sur le fait que cette rencontre se passe un "bon soir de juin" (vers 5) en le répétant de nombreuses fois. Pour lui le soir est donc le meilleur moment pour faire une rencontre.
De plus, Rimbaud n’écrit jamais le pronom "je" car en fait, il généralise son expérience ce qui la rend universelle. Il utilise de nombreuses fois "on", ainsi il ne parle pas uniquement de lui puisqu’il implique le lecteur en le désignant par "vous". Chacun se retrouve donc dans la description et l’histoire devient familière aux lecteurs. Par les points de suspicion en grand nombre, le lecteur garde sa part d'imagination tout en conservant une moindre mesure, il peut comparer sa propre histoire.
Ce poème a une forme de "Roman", forme originale choisie par Rimbaud. Il mêle alors fiction et réalité. Il relate de manière "romanesque" la conquête amoureuse.
Après avoir évoqué les sensations produites par l’environnement, Rimbaud exprime tout ce que l’on peut ressentir lorsqu’on tombe amoureux. L’adolescence est une période de transition : on n’est plus un enfant mais on n’est pas tout à fait adulte non plus et Rimbaud nous le fait comprendre en opposant les "bocks" à la "limonade", une boisson "d’adulte" et une boisson "d’enfant". On retrouve d’ailleurs un champ lexical de la boisson / alcool : "bière" (vers 8), "champagne" (vers 14) ainsi que bocks et limonade. On remarque aussi la présence de phrases nominatives au vers 13 qui montre l’enthousiasme du poète, allant même jusqu’à l’ivresse puisqu’il "se laisse griser", que le champagne lui "monte à la tête" et qu’il "divague". Il est ivre d’amour et est submergé par ses sentiments, ce qui l’amène à déformer la réalité : le ciel est comparé à un "tout petit chiffon" (vers 9) et l’adjectif "petit" (ou petite) est répété six fois dans le poème. Tout est démesurément petit.
Et alors que son "cœur fou Robinsonne", néologisme qui signifie que son cœur vagabonde (effet accentué par la majuscule) et qu’il est perdu dans ses pensées, il revient subitement à la réalité lorsque "Passe une demoiselle" (vers 16). On retrouve alors le champ lexical de l’amour avec "lèvres" (vers 15 et 24), "baiser" (vers 15), "cœur" (vers 17) et "Vous êtes amoureux" répété vers 25 et 26. La jeune fille apparaît sous la "clarté d’un pâle réverbère" qui s’oppose à "l’ombre du faux-col effrayant de son père", métonymie révélant que le père se présente comme un obstacle entre le jeune homme et la demoiselle. Au fur et à mesure, on assiste à l’idéalisation de cette demoiselle, à travers l’allégorie du vers 26, d’une part et du fait qu’elle devienne "l’adorée" (vers 28), d’autre part. L’harmonie imitative du vers 22 donne une impression de mouvement, confirmée par le vers suivant lorsque la fille "se tourne, alerte et d’un mouvement vif", traduisant aussi une certaine coquetterie. L’effet est immédiat, le jeune homme reste sans voix (vers 24) : c’est le coup de foudre ; même si la fille le trouve très "naïf" et qu’il commet quelques maladresses puisque ses "sonnets la font rire".
La suite en pièce jointe tout ne rentre pas...