Bonjour ce serais possible de repéré les figures de style et de faire un commentaire .
Au milieu de cette existence enragée par la misère, Gervaise souffrait encore
des faims qu'elle entendait râler autour d'elle. Ce coin de la maison était le coin
des
pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaient s'être donné le mot pour
ne pas avoir du pain tous les jours. Les portes avaient beau s'ouvrir, elles ne
5 lâchaient guère souvent des odeurs de cuisine. Le long du corridor, il y avait une
6 silence de crevaison, et les murs sonnaient creux, comme des ventres vides. Par
moments, des danses s'elevaient, des larmes de femmes des plaintes de
mioches affamés, des familles qui se mangeaient pour tromper leur estomac. On
était là dans une crampe au gosier générale, baillant par toutes ces bouches
10 tendues ; et les poitrines se creusaient, rien qu'à respirer cet air, ou les mou
cherons eux-mêmes n'auraient pas pu vivre, faute de nourriture. Mais la grande
pitié de Gervaise était surtout le père Bru, dans son trou, sous le petit escalier
Il s'y retirait comme une marmotte, s'y mettait en boule, pour avoir moins froid:
il restait des journées sans bouger, sur un tas de paille. La faim ne le faisait même
g
Le champ l
du creux a
ligne 6 nan
a fait qu'il
de faim.
15 plus sortir, car c'était bien inutile d'aller gagner dehors de l'appétit, lorsque
personne ne l'avait invité en ville. Quand il ne reparaissait pas de trois ou quatre
jours, les voisins poussaient sa porte, regardaient s'il n'était pas fini. Non, il vivait
quand même, pas beaucoup, mais un peu, d'un œil seulement ; jusqu'à la mort
qui l'oubliait! Gervaise, dès qu'elle avait du pain, lui jetait des croûtes. Si elle
20 devenait mauvaise et détestait les hommes, à cause de son mari, elle plaignait
toujours bien sincèrement les animaux; et le père Bru, ce pauvre vieux, qu'on
laissait crever, parce qu'il ne pouvait plus tenir un outil, était comme un chien
pour elle, une bête hors de service, dont les équarrisseurs ne voulaient même ->
pas acheter la peau ni la graisse. Elle en gardait un poids sur le cœur, de le savoir
25 continuellement là, de l'autre côté du corridor, abandonné de Dieu et des
hommes, se nourrissant uniquement de lui-même, retournant à la taille d'un
enfant, ratatiné et desséché à la manière des oranges qui se racornissent sur les
cheminées.]
Émile ZOLA, L'Assommoir, chap. X
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Réponse:
Figures de style repérées :
Personnification :
"Gervaise souffrait encore des faims qu'elle entendait râler autour d'elle." - La faim est personnifiée en tant qu'entité capable de "râler".
Comparaison :
"Les murs sonnaient creux, comme des ventres vides." - Comparaison entre les murs et des ventres vides.
Métaphore :
"On était là dans une crampe au gosier générale." - La description de la situation comme une "crampe au gosier" est une métaphore pour souligner la faim qui étreint tout le monde.
Allitération :
"...crevaison, et les murs sonnaient creux..." - Répétition du son "cr" qui renforce l'atmosphère de disette et de vide.
Commentaire :
Dans cet extrait de L'Assommoir d'Émile Zola, l'auteur utilise des figures de style pour accentuer la misère et la souffrance vécues par les personnages. La personnification de la faim, les comparaisons et les métaphores contribuent à créer une atmosphère poignante. L'image des murs "sonnant creux" comme des ventres vides est particulièrement frappante, renforçant le thème de la pauvreté et de la privation.
L'utilisation de l'allitération, notamment avec le son "cr", crée un effet sonore qui souligne la dureté de la réalité décrite. Le choix des mots contribue à immerger le lecteur dans le quotidien difficile des personnages.
Enfin, le personnage du père Bru, symbolisant la détresse et la négligence, ajoute une dimension émotionnelle à l'extrait. La générosité de Gervaise envers lui, malgré sa propre situation difficile, offre un contraste poignant dans cet environnement de privations.